Strasbourg inaugure le Shadok, sa fabrique numérique

Ce service public, inauguré le 11 avril, permettra aux citoyens de s'approprier les technologies numériques et leurs usages. Il servira aussi d'incubateur pour les jeunes entreprises.
Le bâtiment du Shadok, friche industrielle au centre de Strasbourg, a été réaménagé sur 2000 mètres carrés pour 6,3 millions d'euros.

La presqu'île Malraux poursuit sa mutation au centre de Strasbourg. Après la bibliothèque, les logements de luxe et les restaurants, cet espace emblématique du projet de reconquête urbaine en direction du Rhin abrite désormais le Shadok, un espace public de 2000 mètres carrés dédié à l'expérimentation numérique, à la culture, à la formation et à l'hébergement d'artistes ou de start-ups. Axelle Lemaire, secrétaire d'Etat chargée du numérique, découvrira le 11 avril, lors de l'inauguration, « un lieu d'interface où se croiseront la culture et le numérique », comme promet Roland Ries, maire (PS) de Strasbourg. Des ateliers ludiques et des expositions contribueront à attirer le grand public, également ciblé par le projet. L'architecte et illustrateur belge Luc Schuiten propose pour l'ouverture du Shadok une série de dessins qui projettent Strasbourg vers un 22ème Siècle imaginaire, avec des immeubles végétalisés et une deuxième flèche sur la cathédrale Notre-Dame, végétale elle aussi. « Il faut injecter de l'utopie dans la ville », acquiesce Roland Ries.

Les espaces à l'intérieur du Shadok, friche industrielle en béton et briques rouges réhabilitée sur trois niveaux par l'agence d'architecture Urbane Kultur, seront modulables : des concerts et des batailles ludiques au sabre laser figurent au programme, parfois décalé, imaginé par les six animateurs permanents du lieu. Le Shadok, qui a mobilisé 6,3 millions d'euros d'investissement, est porté en régie municipale. Il sera ouvert six jours sur sept, et restera même accessible après minuit.


Un partenariat avec l'université

Lieu totem de la candidature strasbourgeoise au label Franch Tech, le Shadok propose d'incarner la mission publique d'animation économique de la filière numérique. Le Programme investissements d'avenir a apporté son soutien avec une subvention d'investissement d'1,568 million d'euros, versée dans le cadre de l'action « Ville de demain ». Orange a installé gratuitement une salle de vidéoconférence. La mairie a versé plusieurs dizaines de milliers d'euros à l'association AV-Lab, chargée d'animer avec dix bénévoles un atelier ouvert (« Fab Lab ») équipé de machines à commande numérique et d'imprimantes 3D.

L'université de Strasbourg, qui a fait de la formation au numérique l'un de ses fers de lance, intervient en soutien au projet du Shadok. « Nous aurons des publics partagés », prévoit Alain Beretz, président de l'université de Strasbourg. La Faculté des Arts, qui dispense un master Design, et la Haute école des arts du Rhin vont s'impliquer dans des rencontres et des expositions. Un Master de musiques électroacoustiques, créé en 2014 avec l'université franco-allemande à Karlsruhe, délocalisera ses enseignements dans le studio d'enregistrement aménagé au troisième étage du Shadok, à côté de l'espace collaboratif. « L'intérêt, c'est la proximité avec le monde professionnel. Nos étudiants sont là pour trouver du travail », explique Pierre Michel, professeur et responsable du Groupe de recherches expérimentales sur l'art musical (Gream), labellisé par le programme investissements d'avenir depuis 2012.



Un outil pour fixer les entrepreneurs

Absent au premier tour des territoires labellisées French Tech, en novembre 2014, Robert Herrmann, président (PS) de l'Eurométropole de Strasbourg, entend bien y figurer cette année, au mois de juin. « Strasbourg n'a pas été présente dans le premier volant, car nous avons voulu présenter une candidature régionale avec Mulhouse », rappelle Robert Herrmann, irrité par les railleries dont le projet French Tech, en retard par rapport à d'autres agglomérations plus réactives, a été l'objet depuis six mois en Alsace. L'association Alsace Digitale, qui porte ce projet de labellisation avec la collectivité, assurera le volet économique de l'animation du Shadok.

« Nous proposons trente postes de travail à des créateurs d'entreprises ou à des indépendants », annonce Stéphane Becker, son président, qui dirige également la start-up Method in the Madness spécialisée dans les « serious games ». Dans cet espace de travail collaboratif, baptisé « La Plage », les professionnels du numérique auront accès à un bureau pour un peu plus de 200 euros par mois et à une forme de bail de location très souple, sans engagement. « C'est un outil pour fixer les entrepreneurs sur le territoire et pour en faire venir d'autres », propose Stéphane Becker.

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