Bègles invente les lotissements sociaux, verticaux et écolos

Noël Mamère, le député-maire de Bègles vient de présenter « Les hauts plateaux », premier lotissement vertical en France. Objectif : faire du rêve des écologistes une réalité : construire une ville durable à un coût accessible
DR

« Nous voulons démontrer qu'il existe une alternative au modèle pavillonnaire français » explique Noël Mamère. Depuis longtemps, les Français veulent une maison avec jardin. Dans les années 60 c'était encore possible. Aujourd'hui le rêve est de plus en plus inaccessible avec la flambée des prix du foncier. Pour Noël Mamère, la solution, c'est le lotissement vertical. L'idée est simple : pour économiser de l'espace et lutter contre l'étalement urbain, les maisons sont construites avec des jardins en étages. L'élu EELV a décidé d'en faire l'expérience dans l'éco-quartier de sa ville, Terre Sud, avec 21 logements entre 120 et 220m2. Ce sont des maisons à la carte avec une surface évolutive. Lorsque la famille s'agrandit, les habitants pourront « grignoter » sur leur jardin, qui, c'est la condition pour y habiter, ne devra jamais faire moins que 25m2. « C'est de l'habitat modulable et participatif », explique Noël Mamère. En effet, les futurs propriétaires partageront des espaces communs : laverie... Bien sûr, ces logements seront HQE (Haute qualité environnementale) ou basse consommation. Aucune voiture ne sera acceptée dans le quartier. Tous les véhicules à moteur seront stationnés dans un parking à l'entrée de Terre Sud.

Lafarge et Domofrance s'impliquent ensemble dans le lotissement vertical

Séduit par l'idée, le bailleur social, Domofrance, s'est engagé dans le projet, et y propose de l'accession sociale à la propriété à un prix attractif : 2 700 euros le mètre carré, contre 3 400 euros sur le marché libre. Même une entreprise du Cac 40, Lafarge, a aussi participé à l'aventure. Le leader mondial des matériaux de construction a mobilisé son service recherche et développement, qui a conçu un béton innovant, capable de supporter le poids des jardins. Car, « ce sont de vrais jardins, sur lesquels on peut planter des arbustes », précise Noël Mamère.

Une vieille idée de l'écologie des années 70


L'idée de ce lotissement vertical, l'élu la doit à un jeune architecte Bordelais prometteur, Christophe Hutin, qui a travaillé dans les townships à Soweto en Afrique du Sud. Il s'est inspiré d'un autre architecte, l'Allemand, Frei Otto, qui a porté le concept dans les années 70, aux débuts de l'écologie politique. A l'époque, il a imaginé 18 logements dans les arbres en plein centre centre de Berlin, près du Tiergarten (jardin aux animaux). « Il fournissait la structure en béton et les gens construisaient eux-mêmes leur maison », raconte Jean-Etienne  Surlève-Bazeille, adjoint à l'urbanisme à la mairie de Bègles. Aujourd'hui encore, près de 40 familles y vivent. Pourquoi alors l'idée n'a jamais pris forme en France ? « Dans l'Hexagone, l'architecture est très dépendante des normes », justifie Noël Mamère, qui est allé sur place avec Christophe Hutin. « A l'avenir, nous devons impérativement changer de modèle et fonctionner par objectifs », plaide-t-il. A peine lancée la première phase Noël Mamère songe déjà à la deuxième opération, 15 à 20 logements totalement évolutifs, qui seront construits en 2013. Par ailleurs, « maintenant, que nous avons un Président de gauche, je me battrai pour que ma proposition de loi sur l'habitat coopératif de 2009 soit votée », ajoute-t-il. Le président de la Communauté urbaine de Bordeaux, le socialiste, Vincent Feltesse, également président de la Fédération nationale des agences d'urbanisme, un proche de François Hollande (directeur de sa campagne numérique), suit de très près cette expérimentation. Noël Mamère y croit dur comme fer. Pour lui, c'est une évidence, d'autres villes vont imiter Bègles.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 3
à écrit le 03/06/2012 à 23:57
Signaler
Bonjour, Je me bats depuis vingt ans pour le developpement de projets de maisons économiques au Gabon. Ce type de construction est-il envisageable en Afrique? Philippe CHANDEZON Directeur de BICP

à écrit le 11/05/2012 à 13:38
Signaler
C'est bien de faire des zones écologiques mais 1200 logements en plus avec une seule nouvelle route et l'axe principal, déjà saturé, à proximité reduit avec l'arrivée du tram. Les embouteillages vont être nombreux ...

le 11/05/2012 à 14:49
Signaler
Réaction pertinente en effet, les bouchons bordelais sont un calvaire (je suis dedans matin et soir), mais une construction de ce type gênera moins que la dizaine de résidence qu'on voit pousser dans chaque ville car elle regroupera moins de personne...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.