Les drones civils d'Aquitaine prêts à envahir l' Europe

Le gouvernement a enfin autorisé les drones à voler dans l'espace aérien civil français. C'est un vaste marché qui s'ouvre. Forte de sa compétence dans l'aéronautique, le spatial et la défense, la région veut jouer le premier rôles en Europe
Un drone de Fly-n-Sense.DR

Jusque là, on a beaucoup entendu parler des drones, ces « fameux » avions sans pilotes, mais uniquement dans le domaine militaire. Côté civil, ils ne pouvaient pas voler, faute de législation. Une nouvelle réglementation de la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) vient enfin de les autoriser à prendre leur envol. Un envol très attendu, tant leur champ d'applications est immense, notamment dans l'environnement ou la sécurité. Les drones peuvent surveiller une ligne à haute tension, les rails de la SNCF, un pipeline, survoler des feux de forêt, ratisser l'océan pour repérer les nappes d'hydrocarbures ou des personnes en détresse, suivre de loin des narcotrafiquants, évaluer les dommages d'une tempête, servir de relais de communication lors d'un séisme, annoncer des bouchons sur une autoroute... Et ce, à un coût bien moindre que celui d'un hélicoptère. Le prix de ces appareils varie entre 15 000 et 40 000 euros. Autant dire que la police, la gendarmerie, les exploitants de réseaux énergétiques, les grands comptes, les sociétés de sûreté et de surveillance... vont se ruer sur cette nouvelle technologie. « L'an dernier, les Etats-Unis (qui vont ouvrir leur marché en 2015) ont formé plus de pilotes de drones que de pilotes de chasse », souligne François Baffou, directeur de la technopole Bordeaux Technowest, qui a détaché 15 personnes au développement des drones dans la région.


Mutualiser les compétences des grands groupes


Depuis plusieurs années, l'Aquitaine se prépare à l'ouverture de ce « juteux » marché. Alain Rousset, président PS du Conseil régional d'Aquitaine, entend faire de sa région le leader européen des systèmes de drones d'ici 2020. Il a d'ailleurs lancé avec Thales un cluster « systèmes de drones », baptisé Ateos. L'objectif est de mutualiser les compétences des grands groupes, des PME et des laboratoires de recherche d'Aquitaine pour faire émerger une filière sur son territoire. Quatre des dix acteurs majeurs de l'aéronautique, du spatial et de la défense (Thales, Dassault, Safran, EADS) au niveau européen civil ou militaire et plus de la moitié des PME françaises innovantes dans ce domaine sont déjà installées dans la région. Ce n'est pas un hasard si, en 2010, Bordeaux a accueilli le premier salon européen des drones, qui a réuni un peu plus de 1 000 professionnels du secteur. Le prochain « sommet » aura lieu à la rentrée, les 27 et 28 septembre.

Le seul centre d'essais en vol de drones en France est à Bordeaux


Surtout, en France, à ce jour, il n'existe qu'une seule zone spécifique pour réaliser des essais de drones civils en vol. Elle a été créée en juin 2009 sur le site de Bordeaux Aéroparc. Fruit de cette démarche, Fly'n'Sense, PME créée en 2008 à Mérignac, près de Bordeaux, peut se vanter aujourd'hui d'être « la première société en France à avoir obtenu l'autorisation d'effectuer des opérations aériennes ». « Nous allons pouvoir doper nos ventes et proposer des prestations de services. Avant, chaque demande était examinée au cas par cas », indique son directeur, Christophe Mazel, qui emploie 12 personnes. D'ici 2013, il espère multiplier par trois son chiffre d'affaires (environ 300 000 euros en 2011). Ne serait-ce que le marché hexagonal est estimé à 500 millions d'euros. Un chiffre à prendre avec précaution.


La France, laboratoire des drones civils


Car, cette ouverture du marché est un « ballon d'essai » lancé par la France. « Nous sommes le premier pays au niveau international à nous doter d'une réglementation pour les drones civils. Et cette réglementation est restrictive, afin de « tester » les fabricants », explique-t-il. Si ses drones peuvent voler jusqu'à 2 000 mètres d'altitude, pour l'heure, la législation n'autorise que des vols à 150 mètres au-dessus des obstacles et sur une distance d'un kilomètre... A moins d'avoir une dérogation. La raison de cette prudence est simple. La DGAC veut à tout prix éviter que ces appareils mettent en danger des personnes au sol et violent la vie privée des gens. « Les drones qui sont équipés de capteurs son et vidéo, peuvent être utilisés à des fins de vidéo-surveillance », alerte Clément Rossignol, chercheur au CNRS à Bordeaux, spécialiste des nanotechnologies, et vice-président Verts de la Communauté urbaine de Bordeaux (CUB). Pas de quoi contrarier les plans de vol de Fly'n'Sense. « La France a ouvert la voie, les autres pays vont suivre rapidement », conclut Christophe Mazel, plein de confiance.
 

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Commentaires 3
à écrit le 06/07/2012 à 17:43
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Les dealers du 93 ont du souci a se faire lol.

à écrit le 04/07/2012 à 10:03
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bonjour, il aurait été utile et intéressant de citer la deuxième édition du salon drones qui se déroulera les 26 Et 27 Septembre 2012 organisé par la technopole Bordeaux Technowest, sur le site de la technopole, à savoir une convention d'affaires et ...

à écrit le 20/06/2012 à 17:57
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C'est le complément indispensable au satellite genre SPOT, vivement que l'utilisation en soit simplifié! Mais le risque de collision en vol va devenir important (y compris avec l'aviation légère) dès que l'autorisation de survol va s'élargir, tant da...

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