Demain, les voitures rouleront-elles à l'algodiesel ?

La société girondine Fermentalg dévoilera vendredi prochain un véhicule de série roulant grâce à un biocarburant à base de microalgues, sans adaptation spécifique. A terme, ce biocarburant pourrait être utilisé pour les avions.
Les premiers essais de son biodiesel incorporant 7 % de biocarburant d'algues ont été réalisés fin novembre avec un véhicule utilitaire de série de marque française. Avec succès. © DR

Fermentalg, entreprise fondée en 2009 à Libourne, près de Bordeaux, vient de produire avec succès ses premiers litres de biodiesel avec l'aide du groupe Picoty (stations Avia). Une première en Europe. Les premiers essais de son biodiesel incorporant 7 % de biocarburant d'algues ont été réalisés fin novembre avec un véhicule utilitaire de série de marque française. Ce biocarburant à base de microalgues est une 3ème génération très prometteuse qui offre de hauts rendements en lipides, un impact environnemental mesuré et réduit la pression sur la production des denrées alimentaires (blé, betteraves, etc.). En effet, les microalgues cultivées avec la technologie de Fermentalg ont comme propriété de se nourrir de sous-produits de l'industrie agroalimentaire ou chimique. Par rapport aux agrocarburants (huile de palme, colza, etc.) elles sont aussi jusqu'à 30 fois plus productives. « Produire ces biocarburants permettra donc de réduire la facture pétrolière tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre », assure Pierre Calleja, fondateur et PDG de Fermentalg.

Pionnier en Europe dans la production d'algocarburants

Ce biocarburant produit par Fermentalg est conforme à la norme européenne - ce qui permet sa commercialisation en France - et compatible avec l'ensemble du parc automobile en circulation. Il a été validé par un laboratoire d'analyses des produits pétroliers accrédité Cofrac (Comité français d'accréditation). Il reste cependant une étape importante à franchir : industrialiser le process pour diminuer les coûts de production. Ce qui semble être tout à fait à portée.
« Aux Etats-Unis, dans la baie de San Francisco, la société Solazyme vient d'ouvrir trois stations service proposant un biodiesel aux microalgues », précise Pierre Calleja. Le coût pour le client est le même que le diesel classique. « Mais, les Américains sont fortement accompagnés par l'Etat. En France, nous ne sommes pas assez aidés, alors que nous avons fait la démonstration de notre capacité à produire du biocarburant », regrette le chef d'entreprise. En 2011, deux milliards de dollars ont été investis dans les recherches sur les algues dans le monde, dont 95% Outre-Atlantique.
« Aujourd'hui, on ne travaille qu'avec des Français pour montrer ce que l'on peut faire dans notre pays. C'est peut-être notre tort », confie Pierre Calleja qui affirme avoir reçu de nombreuses sollicitations en provenance d'Asie. Près de Montpellier, un autre projet, Salinalgue, porté par GDF Suez, Air Liquide, trois PME et l'Etat, vise à produire à grande échelle un biocarburant automobile avec une microalgue, la Dunaliella salina. 7,5 millions d'euros y seront investis en quatre ans, dont 3,9 millions d'euros de subventions publiques.
Fermentalg voit déjà plus loin. Avec Turbomeca, le numéro un mondial des turbines d'hélicoptères, elle a un projet, « Jet'alg », visant à produire des biocarburants pour l'aéronautique, toujours à partir des microalgues. Trois ans après sa création, cette société de 35 salariés est donc en plein développement. En 2013, elle va recruter une dizaine d'ingénieurs, de chercheurs. Cette année, elle a signé une première joint-venture industrielle et commerciale avec Sofiprotéol, propriétaire entre autres de Lesieur, pour fabriquer des huiles alimentaires riches en oméga 3, d'ici 2014. Le CEA (Commissariat à l'énergie atomique) a également choisi la PME comme partenaire R&D pour développer les applications de ces micro-organismes. Le marché international des microalgues, qui va de l'alimentation animale à la cosmétique, en passant par la nutrition, la chimie verte ou les biocarburants, est évalué à 5 milliards d'euros.
 

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Commentaires 7
à écrit le 05/12/2012 à 15:40
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C'est une des solutions pour remplacer le pétrole. En Suède plusieurs villes ont fait passer leurs bus au gaz, issu des boues d'épuration et des déchets organiques recyclés. Un bon début pour diminuer notre dépendance vis à vis du pétrole.

le 05/12/2012 à 17:31
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Pourquoi aller chercher la Suède qui n'est une référence en rien ? Ce procédé existe depuis longtemps chez nous, ce sont nos entreprises qui l'on installé dans ce pays !

à écrit le 05/12/2012 à 14:56
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Non. Il s'agit ici d'une promotion bien trouvée pour l'énergie des algues dont j'abordai la problématique il y a peu pour affirmer que nous n'avions pas besoin de gaz des profondeurs en France. L'énergie des algues a comme première utilisation l'éner...

à écrit le 05/12/2012 à 13:28
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Le CEA signifie Commissariat à l'Energie Atomique, et non pas Centre d'énergie atomique. Merci de corriger.

à écrit le 05/12/2012 à 13:20
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Ne peuvent ils pas nous en débarrasser??

à écrit le 05/12/2012 à 13:15
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Enfin une première application! Depuis 2008, le projet SHAMASH, porté par l'INRIA, explore la production de bio carburatn à partir d'algues. Mais cela est resté relativement confidentiel, peu de diffusion grand public. Le lobby pétrolier y serait'il ...

à écrit le 05/12/2012 à 13:08
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Ne pas confier la maîtrise de ce beau projet à EDF, car si l'investissement est triplé, il vaudra mieux rouler à la vapeur, chaudière chauffée à la gnole !!!!

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