Le procédé d'Europlasma est unique et breveté. Il s'agit de gazéifier les déchets industriels banals (tout sauf les produits dangereux) et le bois, puis de « cracker » les goudrons qui en sont issus. Le tout avec une torche à plasma. Chauffés à haute température (3 000 °C) dans une atmosphère sans oxygène, les déchets ne sont pas brûlés et le combustible obtenu permet de produire de l'électricité, revendue à EDF, une fois passé dans les moteurs à gaz.
« Aujourd'hui, seuls 20 % des déchets industriels banals sont revalorisés dans les incinérateurs traditionnels. Ici, nous aurons un rendement de 40 % », met en avant Didier Pineau, son PDG. Autre argument de taille, actuellement, transformer une tonne de déchet avec le plasma coûte 60 euros, contre 70-75 euros dans une décharge classique. Enfin, la ressource nécessaire à la production d'électricité est infiniment renouvelable.
Un marché potentiel de 11,2 milliards d'euros
Pour l'heure, l'usine, qui a démontré sa capacité à atteindre la puissance de base de 6 mégawatts, peine à monter en puissance. Pour deux raisons : à cause de l'instabilité d'un équipement, acheté à un fournisseur extérieur, et du gel, qui a endommagé cet hiver la chaudière de l'installation. Résultat, la production est à l'arrêt depuis mars et devrait reprendre dans quelques jours.
Didier Pineau reste confiant et parle de problèmes « passagers » liés à la mise en place d'une technologie complexe. Si les rendements attendus se concrétisent, c'est un énorme marché qui s'ouvre : « Ne serait-ce qu'en France, il faudrait fabriquer 280 usines pour répondre à la demande. Soit un marché potentiel de 11,2 milliards d'euros », indique Didier Pineau. En 2011, Europlasma a réalisé un chiffre d'affaires de 58 millions d'euros contre 40,8 en 2010.
C'est la première étape d'une « stratégie de conquête énorme », avance Didier Pineau. Si cette usine pilote fait ses preuves, huit autres installations similaires devraient voir le jour prochainement en France et en Angleterre. A l'horizon 2020, il espère installer 75 usines. « Nous ciblons plusieurs marchés en Europe et en Asie (Japon, Taïwan et Chine), grâce à un partenariat avec le Japonais Kobelco », souligne-t-il.
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