L'agglomération rennaise veut changer d'ère

En soutenant les secteurs émergents et en favorisant le rayonnement de ses centres universitaires et de recherche, la capitale bretonne veut faire rimer économie avec innovation. Objectif : rendre le territoire plus compétitif, créateur d'emplois et plus ouvert sur le monde.
Des porteurs de projets innovants dans le secteur de l’agroalimentaire rejoindront la pépinière d’entreprises, au coeur de la technopole Rennes Atalante Champeaux.

« Aujourd'hui, la bataille des territoires se joue sur un terrain mondial ; l'isolement, c'est la mort. Rennes s'est bien mis en mouvement. » Emmanuel Thaunier, président de la CCI de Rennes, ne se fait pas prier pour saluer la démarche proactive de l'agglomération rennaise en matière d'économie et de rayonnement territorial. Selon lui, la nouvelle stratégie de Rennes Métropole pour le développement économique, l'enseignement supérieur et la recherche est désormais sur les rails et sur une bonne voie. Adoptée au printemps 2013 et inscrite dans le cadre du projet de territoire de l'agglomération, elle accélère même la cadence des années précédentes en mettant l'accent sur la diversification de son tissu économique et l'internationalisation. Cette stratégie, qui avait trouvé un écho plutôt consensuel parmi les candidats aux récentes municipales, s'appuie sur une réalité : les piliers tels l'agroalimentaire et l'industrie automobile, sur lesquels Rennes Métropole a fondé son développement, ont été mis à mal par le contexte économique.

Entre 2008 et 2009, le territoire a ainsi perdu 6.000 emplois industriels. Puis, la situation s'est de nouveau dégradée depuis 2011. Pourtant, selon l'Insee, le bassin rennais, qui compte 43 communes, reste le troisième territoire en matière de croissance de l'emploi en France. En dix ans, le nombre d'emplois a progressé de plus de 13%, pour atteindre 231.000. Si l'agglomération rennaise, forte de 416.000 habitants et d'un solde de 1.000 entreprises créées par an, continue d'attirer et de se développer, elle doit toutefois tirer son activité économique vers le haut.

Naissance d'un pôle dédié aux biotechnologies

Au-delà des grands chantiers publics (quartier de la gare EuroRennes, ligne à grande vitesse, seconde ligne de métro, centre de congrès), Rennes s'est mis en ordre de marche pour saisir tous les leviers de croissance dans son domaine de prédilection que sont l'informatique et les TIC, mais aussi dans de nouveaux secteurs susceptibles d'accompagner les restructurations des activités industrielles en croisant les filières.

Les écoactivités sont ainsi considérées comme un filon prometteur et de nature à faire évoluer la filière de l'automobile vers la mobilité décarbonée, et celle du bâtiment vers l'écoconstruction.

« Tout en renforçant nos piliers, il faut soutenir les innovations, notamment dans les domaines des biotechnologies, du numérique, de l'e-santé, de la mobilité ou encore de la silver économie, qui marie domotique et bâtiment. Accompagner les entreprises dans leurs mutations, c'est déployer une logique d'usage en partant de la demande pour créer une nouvelle offre. Rennes a l'ambition d'attirer les entreprises au-delà de son territoire », ajoute Emmanuel Thaunier.

Le dirigeant a d'ailleurs activement participé à l'élaboration de cette politique d'investissement dans l'emploi de demain aux côtés d'autres acteurs du territoire tels que les entreprises, la technopole Rennes Atalante, ou encore les établissements d'enseignement supérieur. Métropole éminemment universitaire dotée de plusieurs laboratoires de recherche fondamentale et forte de 63.000 étudiants, Rennes veut aujourd'hui aller un peu plus loin dans sa démarche business.

Pour soutenir les biotechnologies, Rennes Métropole, avec l'aide de la région, du département et de l'État, achève la construction du Biopôle (9 millions d'euros de budget), une pépinière qui accueille, à partir d'avril, une dizaine de jeunes entreprises spécialisées dans la santé, l'agroalimentaire, les matériaux de demain. Situé dans un quartier voué à la recherche dans l'agrisanté et l'environnement, le Biopôle doit créer une synergie entre les start-up et les laboratoires.

« L'objectif est de faire naître de nouveaux secteurs d'activité à l'image de ce que Rennes a effectué dans le domaine des nouvelles technologies avec Rennes Atalante », assurent les élus de la majorité municipale.

Créée il y a trente ans, la technopole représente aujourd'hui 19000 emplois privés. Membre des quatre pôles de compétitivité bretons dont Images & Réseaux et Valorial, c'est un des moteurs économiques de l'agglomération. Elle jouxte le nouvel institut de recherche technologique B-Com - spécialisé dans l'image, les réseaux fixes et mobiles ultra-haut débit et l'e-santé -, ainsi que la future pépinière dédiée aux technologies de l'information et de la communication. Cette dernière accueillera notamment le siège de Thomson Video Networks en 2015.

Pour la croissance des entreprises, mais aussi dans les modes de consommation ou de transport, l'excellence numérique rennaise représente un important levier. S'appuyant sur un tissu d'entreprises dynamiques, la politique rennaise associe aussi les acteurs de l'enseignement supérieur et de la recherche.

57 millions d'euros pour la recherche en 2013

Pour rayonner à l'échelle internationale face à la concurrence, elle veut mettre en avant l'université et ses travaux en renforçant la qualité de la recherche, dans les secteurs émergents identifiés, par exemple, et par la notoriété des formations.

« Un territoire qui veut faire de l'innovation un moteur de développement doit également offrir aux entreprises et aux établissements de recherche les conditions d'expérimentations auxquelles ils aspirent », assure la métropole.

C'est dans cette optique qu'elle construit la Cité internationale (3,9 millions d'euros), qui accueillera en 2015 des chercheurs et doctorants étrangers venus collaborer avec les laboratoires locaux. Située sur l'esplanade Charles-de-Gaulle, elle sera aussi le siège de l'université européenne de Bretagne (UEB) et du centre de mobilité internationale.

La recherche et l'enseignement supérieur font partie des postes prioritaires qui ont bénéficié l'an passé d'un investissement global de 57 millions d'euros. Les dépenses d'équipement de Rennes Métropole ont aussi concerné les transports urbains (réalisation de la ligne B du métro, notamment), la future LGV vers la Bretagne, via une participation au financement de 10,8 millions d'euros, et le développement économique (construction du centre de congrès pour 9,2 millions d'euros). Sur un budget global de 572 millions d'euros (421 millions d'euros pour la Ville de Rennes), l'agglomération a quasiment multiplié par deux ses dépenses d'équipement entre 2008 et 2012 (+ 98%, à 162 millions d'euros en 2012). Tandis que Rennes veut accroître son attractivité en France et à l'international, les entreprises attendent aussi que le territoire crée les conditions leur assurant un développement pérenne et sans fracture (énergie, mobilité, numérique).

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Commentaire 1
à écrit le 06/05/2014 à 19:18
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Avec la baisse de son industrie et le déclin de l'agroalimentaire et des télécoms, Rennes devra attirer des sièges sociaux de grandes entreprises, rayonner plus notamment au niveau touristique, ou il y a un manque

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