« Les ETI des Pays de la Loire doivent ouvrir leur capital pour accélérer »

Interview de Sébastien Blot, directeur d’investissement ETI/GE pour Bpifrance, en charge des Pays de la Loire.
Sébastien Blot, directeur d’investissement ETI/GE pour Bpifrance, en charge des Pays de la Loire.

LA TRIBUNE - Quelles sont les dimensions du parc régional d'ETI dans les Pays de la Loire ?

SEBASTIEN BLOT - On identifie 4.600 ETI en France. Si l'on écarte les filiales de grands groupes, on en garde 3.600. Deux cent dix neuf sont implantées dans les Pays de la Loire. C'est la troisième région française après Paris et Rhône-Alpes, et juste devant la Bretagne, qui compte 187 ETI. En Pays de la Loire, la densité du tissu d'ETI est vraiment la clé pour le développement économique du territoire.

LT - Quelles sont leurs particularités ?

SB - Le capitalisme familial est très implanté en Pays de la Loire et le capital humain est de très grande qualité. Ces deux ingrédients ont permis un développement important et une diversification des activités dans l'agroalimentaire, dans l'aéronautique, dans les composites ou la plaisance, et notamment en Vendée, avec les entreprises Bénéteau ou Sodebo. Ce sont des sociétés industrielles qui ont connu un bon développement. Elles ont cru parce qu'elles étaient bien positionnées.

La force du capitalisme familial leur a permis de prendre des positions stratégiques. La région s'appuie sur des drivers de croissance variés. À chaque fois qu'un pan de l'économie fonctionne bien, des ETI sont positionnées dessus. Donc, c'est une région qui peut profiter à plein de la croissance.

LT - Et leurs faiblesses ?

SB - Si le capitalisme familial a donné du temps pour investir et se développer, il impose aujourd'hui d'organiser la suite. Ce qui leur manque, c'est d'ouvrir leur capital. Elles ont su prendre des parts de marché, mais maintenant pour aller chercher davantage de croissance dans l'internationalisation, l'innovation ou la recherche - car c'est là que se situent les marchés de forte croissance -, il leur faut des fonds. Or, ces sociétés ne se sont pas ouvertes. Elles ont préféré faire appel aux banques et à l'autofinancement. Résultat, beaucoup accusent un ralentissement de leur croissance.

À un moment où des capitaines vont devoir passer le relais, l'ouverture du capital et la transmission sont deux problématiques spécifiques aux ETI des Pays de la Loire pour être en mesure de réaccélérer.

LT - Comment Bpifrance intervient-elle dans le capital des ETI ?

SB - Contrairement aux fonds d'investissement classiques contraints de rendre l'investissement aux investisseurs au bout de huit à dix ans, Bpifrance joue le long terme. Elle a mis en œuvre le fonds ETI 2020. Doté de trois milliards, il peut courir sur 99 ans.

C'est unique en France. En Pays de la Loire, nous intervenons au capital de cinq entreprises (Grimault, Levillé, Gruau...) mais aussi comme conseil sur la performance industrielle, la stratégie, les acquisitions...

LT - Faut-il avoir peur de devenir une ETI ?

SB - Outre une problématique d'ouverture du capital, des questions managériales peuvent se poser. On ne pilote pas une PME de cinq millions d'euros comme une ETI de cinquante millions d'euros.

L'entreprise doit se structurer davantage, avoir des reportings financiers plus costauds, aller chercher des marchés à l'international, étoffer ses ressources humaines, etc. Ça veut dire qu'il faut investir pour se structurer.

Plus que de vouloir devenir une ETI, il faut savoir sortir du statut de PME qui bénéficie de nombreuses aides et subventions de la part des collectivités locales et de la Communauté européenne. Mais, on n'a jamais vu un groupe limiter sa croissance pour obtenir des aides.

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