Le CHU de Rennes trouve sept mécènes pour créer sa biobanque

En juillet dernier, le CHU de Rennes a créé le Fonds Nominoë destiné à collecter des fonds auprès des entreprises afin de financer des projets innovants de santé. Sept mécènes se sont déjà engagés sur la création d’une biobanque, premier pas vers une médecine personnalisée.
D'ici à cinq ans, l'objectif de cette « start-up du CHU » est de lever 5 à 10 millions d'euros et ainsi mieux servir les 500 000 patients qui transitent chaque année par l'établissement.

La démarche est encore inédite pour un CHU en France, mais l'hôpital de Rennes s'est lancé dans un nouveau type d'opération : le mécénat en santé.

En donnant la priorité à des innovations au profit du soin et du confort des patients, le CHU a déjà convaincu sept entrepreneurs bretons de co-financer un projet de biobanque ultramoderne installée sur le site de Pontchaillou. Cette base de données qui verra le jour d'ici à 2016 aura vocation à être utilisée par des chercheurs. Elle permettra de collecter et de conserver dans un même endroit, des échantillons de tissus vivants ou de sang prélevés sur des personnes atteintes de cancers ou d'autres pathologies, et ayant donné leur accord.

Les dons et promesses des dons de Jean-Paul Legendre (Groupe Legendre, construction-BTP), Pierre Jean-Marc Trihan (groupe Lamotte, immobilier), Christian Guillemot (AMA Studios, jeu vidéo) ou encore du Crédit Agricole d'Ille-et-Vilaine, pour ne citer qu'eux, permettent de financer, sur trois ans, ce projet estimé à 1,4 millions d'euros, soit  470.000 euros par an.

« La biobanque sera une infrastructure au service d'une médecine personnalisée, explique André Fritz, directeur général du CHU de Rennes. L'objectif est de développer des thérapeutiques encore plus efficaces car ciblées et adaptées aux caractéristiques génétiques du malade et de sa maladieOn soignera un patient avant de soigner une maladie comme le cancer ou un organe. »

500.000 patients par an

La biobanque est le premier projet mis en œuvre par le fonds de dotation Nominoë constitué en juillet dernier par le CHU de Rennes. Les établissements médicaux à l'étranger, notamment aux États-Unis et au Canada, font déjà appel au mécénat financier. En France, cela reste rare.

L'objectif du Fonds Nominoë est de collecter des financements auprès des acteurs économiques privés bretons, afin d'acquérir de nouveaux équipements de pointe et développer des projets innovants non financés par l'Assurance Maladie.

D'ici à cinq ans, l'objectif de cette « start-up du CHU » est de lever 5 à 10 millions d'euros et ainsi mieux servir les 500.000 patients qui transitent chaque année par l'établissement.

Les sommes envisagées sont mineures en comparaison au budget de 650 millions d'euros du CHU, déjà connu dans certains domaines d'excellence comme les greffes, la chirurgie cardiaque ou la neurochirurgie. En misant sur l'innovation au service du territoire, l'hôpital, premier employeur breton (7.500 salariés) avec la fin de l'âge d'or rennais de PSA, veut aussi accroître sa capacité à attirer les meilleurs spécialistes tout en affirmant sa place d'acteur prépondérant de l'économie régionale.

« Le CHU de Rennes est financièrement à l'équilibre avec une véritable capacité d'autofinancement, assure André Fritz, par ailleurs président du Fonds Nominoë. Pour des contraintes d'arbitrages, il y a toutefois certains projets qu'on ne pouvait pas prioriser en termes d'investissements. »

Projet d'équipement hybride

Outre un large cercle d'ambassadeurs qui associe aussi des partenaires institutionnels comme la CCI de Rennes ou l'agence Bretagne Développement Innovation, cette nouvelle relation très étroite entre l'hôpital et le monde économique trouve une première illustration au sein même du conseil d'administration du fonds Nominoë. Composé de sept personnalités rennaises, il intègre ainsi des entrepreneurs comme Pierre Le Duff, fondateur du groupe Super Sport, et Jacques Delanoë, fondateur d'Euro RSCG 360°, mais aussi des médecins.

Depuis la création du fonds, une dizaine de professeurs de toutes les disciplines, dont Karim Boudjema, chef du service de chirurgie hépatobiliaire et digestive du CHU ou Yannick Malledant, chef du service de réanimation chirurgicale, participent aux rencontres avec les entreprises. Le mécénat en santé nécessite du temps mais aussi de la pédagogie pour faire comprendre la dimension des projets.

Parmi la dizaine d'actions qui est envisagée, en parallèle ou après le projet de biobanque, figure le financement d'équipements high-tech pour renforcer le lien parents-enfant né prématuré. Le CHU cherche aussi à se doter d'une imagerie dernière génération, comme le TEP-IRM qui associe médecine nucléaire et IRM, afin de mieux diagnostiquer les cancers et les maladies dégénératives. L'amélioration de l'accueil des parents d'enfants hospitalisés et le déploiement de la domotique dans les chambres font également partie des priorités.

Les premiers mécènes du fonds Nominoë se sont engagés sur le long terme, cinq ans pour le groupe Legendre, trois ans pour d'autres. L'investissement moyen des entrepreneurs se situe autour de 60.000 euros par an. Via son site fonds-nominoë.fr, le CHU de Rennes recueille aussi les dons de particuliers.

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