Pourquoi Rennes veut reconquérir la Vilaine ?

La Vilaine et ses berges ont longtemps été considérées comme des éléments perturbateurs du développement urbain. Aujourd’hui Rennes affiche sa volonté de replacer ses cours d’eau au coeur de sa politique de la ville et de son développement durable. Trois projets immobiliers bordant le fleuve, l’Ille et le canal Saint-Martin se veulent emblématiques de cette stratégie.
L'îlot de l'Octroi. Au bout du mail François Mitterrand, face aux jardins de la Confluence, trois immeubles de 135 logements et une place en rive verront le jour en 2020. Certains éléments des façades en hauteur seront illuminés la nuit, pour faire de l'Octroi un nouveau point de repère de Rennes. À terme, les berges accueilleront aussi 1.000 m2 d'activités.

Réconcilier la ville avec ses cours d'eau. Longtemps occultée au regard, au profit du développement urbain en centre-ville, la Vilaine qui a marqué géographiquement et socialement, la séparation Nord / Sud de Rennes, est en voie de revalorisation. Ce fleuve dont le nom n'a rien de péjoratif, et qui fut un des premiers cours d'eau à avoir été canalisé en France, pourrait même reprendre une place centrale. La capitale bretonne affiche en effet son projet de réappropriation et de reconquête des cours d'eau. Trois grandes opérations urbanistiques rendant les berges accessibles sont aujourd'hui en cours. Elles s'appuient aussi sur l'Ille, dont la confluence avec la Vilaine est à l'origine du premier nom gaulois de la ville, Condate, et le canal Saint-Martin au Nord.

« Pendant très longtemps, Rennes a tourné le dos à la Vilaine, à l'Ille et au canal Saint-Martin, expliquait il y a peu Nathalie Appéré, maire de Rennes, lors d'une « croisière urbaine» de présentation des chantiers. Nous voulons désormais reconquérir nos berges, pour créer de nouveaux lieux de loisirs, de détente et de promenade. »

Plages urbaines sur ancien site industriel

Dans le cadre de ces aménagements et de la politique de développement durable et de retour à la nature menée par la Ville, le premier projet prévoit la réhabilitation d'un site industriel en site habité. Sur les rives de la ZAC Baud-Chardonnet, nouveau quartier qui accueillera 5.000 nouveaux habitants et 2.580 logements d'ici à 2025, s'étendra également un parc de 4,5 hectares dont le coût d'aménagement s'élève à 6 millions d'euros. Imaginé par la paysagiste Jacqueline Osty, ce poumon vert dédié à la détente, aux activités sportives et aux événements culturels, pourra servir de champ d'expansion en cas de crue, peu probable cependant, de la Vilaine. En bordure de fleuve, et à moins de 10 minutes en bus du centre-ville, des plages vertes, couvertes de pelouses, seront aménagées.

« Les Rennais attendent cette nouvelle qualité de ville. Ils nous l'ont dit pendant la concertation Rennes 2030, dans le cadre de la révision du Plan local d'urbanisme », assure Nathalie Appéré. La Zac Baud-Chardonnet constitue la dernière grande réserve foncière de la Ville lui permettant d'engager un projet urbain emblématique, marqué par la présence du fleuve. »

MVRDV de Rotterdam choisie pour l'Octroi

Plus à l'Ouest, à la confluence de l'Ille et de la Vilaine, le deuxième projet d'aménagement concerne l'îlot de l'Octroi. Au bout du mail François Mitterrand, face aux jardins de la Confluence, trois immeubles de 135 logements et une place en rive verront le jour en 2020. Certains éléments des façades en hauteur seront illuminés la nuit, pour faire de l'Octroi un nouveau point de repère de Rennes. À terme, les berges accueilleront aussi 1.000 m2 d'activités. L'ancien bâtiment de l'Octroi servira de lieu de résidence à des artistes, et le vieux hangar abritera le café-théâtre Le Bacchus.

Comme un écho au Cap Mail de Jean Nouvel, un immeuble de grand standing bâti en forme de proue de navire sur les bords de la Vilaine et livré en 2015, cet ensemble d'habitats mixte sera mis en oeuvre par l'agence d'architectes MVRDV de Rotterdam. Celle-ci a été retenue pour son projet de bâtiments incurvés et de hauteurs en quinconce intitulé « Ascension paysagère », suite à une consultation inversée mettant en concurrence cinq équipes d'architectes de renommée internationale. L'agence travaillera avec la rennaise ALL et le promoteur Giboire pour un démarrage des opérations fin 2017.

« Comme d'autres opérations, ce lieu emblématique participe de l'extension du  centre-ville, et nous y avons des ambitions architecturales supérieures  souligne pour sa part Sébastien Sémeril, 1er adjoint à l'urbanisme. Les formes urbaines, la qualité architecturale sont essentielles, car elles permettent aux habitants de mieux accepter la densité de l'habitat. »

Espaces partagés et guinguette

Outre un parti pris architectural différent, la mixité sociale marquera également la singularité du projet établi en bordure du canal Saint-Martin. Le quartier de Plaisance, en face du futur parc urbain des Prairies Saint-Martin, accueillera 200 logements répartis dans de petits collectifs. Couvert de bardage bois et desservi par des venelles, l'ensemble privilégiera la verdure et la durabilité bio-climatique. L'urbaniste Claire Schorter et son cabinet Béal & Blanckaert ont par ailleurs travaillé sur l'idée de « mixité totale ». L'ouverture sur l'eau s'effectuera via les passerelles qui permettront de traverser le canal pour rejoindre le parc urbain, et un cabaret sera construit sur la rive pour une ambiance village de pêcheurs. Le démarrage des travaux est prévu en 2017 pour une livraison deux ans plus tard.

Selon les élus rennais, ces transformations urbaines doivent permettre à la métropole de répondre aux enjeux démographiques qu'elle connaît (500.000 habitants en 2030) en accord avec le projet urbain de Rennes pour 2030. Celui-ci prévoit d'intensifier le centre-ville en s'articulant autour de zones de densité urbaine et d' « espaces apaisés ».

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Commentaires 3
à écrit le 01/12/2016 à 1:27
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Bétonner, bétonner, bétonner, bétonner, cette ville de Rennes est déjà trop minérale, trop grise, avec trop de béton. Avec la pluie et le béton, le tout est d'un triste et sinistre.

à écrit le 10/11/2016 à 10:26
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500.000 habitants en 2030 , on verra bien si leurs longévité seraient de 120 ans , ces sont gaulois ploucs, partout spéculent , alors ou sont ignorants ou ont un stocke important .

à écrit le 10/11/2016 à 8:49
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Bel argumentaire : les bétonneurs ont bien compris comment utiliser les journalistes. Bravo !

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