La mue architecturale de Rennes (3/4) : le couvent des Jacobins, centre des congrès en cœur de ville

[ Série d'été ] Engagée dans un certain nombre de grands projets structurants (nouvelle gare et LGV, 2e ligne de métro...), Rennes Métropole poursuit, à cette occasion, sa tradition d'une politique d'innovation architecturale, entamée dans les années 1970 - et dans la controverse, avec les tours Les Horizons de George Maillols. La Tribune a sélectionné quatre chantiers emblématiques de ce renouvellement urbain porté par des architectes français et internationaux. Visite du couvent des Jacobins, futur centre des congrès.
"Plutôt que de muséifier le couvent des Jacobins, nous l'ouvrons sur une fonction économique et culturelle. Ses salles et auditorium s'ouvriront à des expositions et des concerts pour le grand public", explique Sébastien Sémeril, premier adjoint en charge de l'urbanisme de Rennes.

Près de la place Sainte-Anne, en plein cœur de ville, c'est un chantier hors normes qui se poursuit derrière les palissades. Le couvent des Jacobins, ancien édifice religieux doté d'une abbatiale et d'un cloître, se métamorphose peu à peu en centre de congrès flambant neuf. Coupé du monde pendant deux siècles, ce lieu qui accueillit les fiançailles d'Anne de Bretagne avec Charles VIII en 1491, s'ouvrira en 2018 à la vie économique et culturelle rennaise.

Livré au printemps 2017 pour une mise en service au 1er janvier suivant, ce projet au budget astronomique de 107 millions d'euros, multiplie les exploits techniques pour faire rimer patrimoine historique avec modernité et technologie.

Ce bâtiment du XIVe siècle, dont les fouilles archéologiques précédant l'ouverture du chantier ont notamment révélé les restes d'un temple antique et des sépultures, sera lié par sa façade à l'architecture moderne définie par l'architecte briochin Jean Guervilly, en charge de la maîtrise d'oeuvre.  Pour autant, près de 80% des 15.000 m2 de surface que proposera le futur centre des congrès seront situés sous terre.

Un couvent en lévitation

Au cours de l'hiver 2015, le couvent a d'ailleurs semblé miraculeusement en lévitation, reposant sur une forêt de micropieux de 14 mètres de hauteur. Le temps pour Sogea Bretagne BTP d'excaver le sous-sol en vue d'y construire le grand auditorium de 1.000 places dans la cour ouest, et la salle de congrès de 500 places sous le cloître. Le bâtiment, qui comportera trois niveaux souterrains, proposera également un auditorium modulable de 300 places dans l'église historique, avec 19 mètres de hauteur sous faîtage, des salles d'exposition et des espaces de réunions modulables.

Connu pour ses travaux au centre hospitalier de Montreuil et à l'Université Paris VII, Jean Guervilly le reconnaît depuis le lancement des travaux, « c'est un chantier difficile. Il faut concilier les nouveaux aménagements, comme la pose de nombreuses baies vitrées, avec les exigences du bâti ».

Mélangeant pierre anciennes, pierres taillées, béton, poutres d'origines et métalliques , la restauration et l'aménagement de ce site très exigu, enchaînent les étapes complexes. En mai, une charpente métallique a été posée. Elle soutiendra notamment un toit-terrasse filant sur les façades sud et ouest du bâtiment.

Valorisation duale du patrimoine

Ce qui rend le projet unique, c'est son positionnement en centre ville. Un choix assumé par Rennes pour associer valorisation du patrimoine et nouvelles fonctionnalités.

« Rennes avait besoin d'un centre de congrès, nous avons choisi de le constituer en cœur de ville pour en faire un élément d'animation de la cité, explique Sébastien Sémeril, premier adjoint en charge de l'urbanisme. Plutôt que de muséifier le couvent des Jacobins, nous l'ouvrons sur une fonction économique et culturelle. Ses salles et auditorium s'ouvriront à des expositions et des concerts pour le grand public. »

Cette mise en valeur militante du patrimoine conduit aussi la ville à démarrer l'aménagement d'une promenade le long des Portes mordelaises, ancienne entrée de la ville au temps des Ducs de Bretagne.

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ENCADRE

150 manifestations par an

Avec son nouveau centre de congrès, Rennes comble une lacune, et rêve d'attirer un tourisme d'affaires national voire international. La ville, qui sera à 90 minutes de Paris en 2017, cible les associations, syndicats professionnels et structures scientifiques d'une part et la clientèle d'entreprise (show-room, salons, conventions) de l'autre. Outre les 300 manifestations, scientifiques notamment, accueillies chaque année dans ses facultés, Rennes veut ajouter 150 congrès au couvent des Jacobins. Trois premiers contrats ont été signés pour 2018, avec la CFDT (4-8 juin), l'Association de parents d'élèves de l'enseignement libre (Apel), ainsi qu'avec la Fédération des entreprises publiques locales. P. P.-L.

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