L'Ile de France va porter la capacité d'investissements dans les PME à 250 millions

La capacité des fonds d'investissement dans les PME franciliennes va tripler d'ici 2015. Le Conseil Régional, moteur de ces fonds, vise les 250 millions. L'industrie, via IDF Capital, est depuis longtemps, la principale bénéficiaire des investissements, mais la rigidité de Bercy en matière de cofinancement public privé risque de nuire éonormément. La Région veut, et peut, faire plus, Bercy bloque
Jean Paul Planchou. Photo IDF

Jean Paul Planchou est un homme calme. Mais le vice président du conseil régional d'Ile de France en charge du développement économique va incessamment aller à Bercy dire son fait à l'administration. Son grief ? La rigidité de Bercy en matière de co financement : elle risque d'amener nombre de PME à connaitre de sérieux problèmes, alors que la Région a pas la possibilité de les soutenir mais qu'elle ne peut le faire. Le Conseil régional est par exemple actionnaire à 47,9% du fonds d'investissement IDF Capital qui prend des participations (de 100 000 euros à 1 million) dans des PME industrielles. En général IDF Capital investit dans des entreprises qui ont des problèmes de transmission : «comme il y a peu de profits à faire sur ce créneau, le privé le délaisse totalement, donc nous y sommes», explique Jean Paul Planchou ; « bien sûr la Commission européenne impose que dans les fonds d'investissement le capital privé et public soit toujours à égalité. Mais la directive européenne laisse quand même du mou, et permet, dans certains cas, au public de faire un effort plus substantiel que le privé. En revanche avec Bercy, tout est bloqué. Les décrets d'application de la directive européenne sont d'une rigidité totale. L'administration s'est voulue plus royaliste que le roi et la conséquence est terrible : avec la crise les banques ont de moins en moins envie de nous suivre dans les investissements. Nous pourrions faire plus, mais nous ne pouvons pas. Si Bercy ne nous lâche pas du lest, il va y avoir des catastrophes dans les deux ou trois ans ! »

Les PME de l'industrie ne peuvent garantir de fortes rentabilités à moyen terme

La capacité des différents fonds d'investissement du Conseil régional devrait tripler d'ici 2015 pour atteindre les 250 millions d'euros. IDF Capital a investi dans plus de 200 entreprises depuis sa création. Et il est présent aujourd'hui dans 39 PME. « Nous ne prenons des participations qu'avec un horizon de sortie à 9 ou 10 ans, explique Thomas Galloro, le président d'IDF Capital. Parfois même nous allons plus loin, comme en 2009 où nous ne sommes sortis d'aucune entreprise à cause de la crise ». Jean Jacques Fillot, le patron de Delta Plasturgy, vient d'obtenir 250 000 euros à des conditions qu'il n'aurait eu nulle part ailleurs : «il me fallait un partenaire de long terme qui ne soit pas d'abord préoccupé par la rentabilité financière. Dans mon secteur une machine vaut 200 000 euros, elle s'amortit sur 5 ans et aucun fonds privé n'aime ça : ils entrent pour sortir sous 5 ans et exigent une rentabilité financière que je ne peux pas leur garantir».


La Région peut désormais couvrir tous les créneaux d'investissement


Albert Ollivier, le président de la Caisse des Dépots PME est d'accord avec lui : «les rendements demandés sont entre 10 et 15%, ce qui est quasiment à réaliser dans l'industrie. Une PME qui promet une telle rentabilité c'est qu'elle n'est pas vraiment besoin de capital ou qu'elle prend trop de risques. IDF capital ne rémunérera peut être pas ses actionnaires comme dans le privé, mais il n'y aura aucun accident financier avec nous ». Résultat : le fonds marche plutôt bien. L'entreprise qui est là depuis le plus longtemps est entrée en 1999, elle faisait 4 à 5 millions de chiffre d'affaires, elle en fait aujourd'hui. De plus, autour d'IDF Capital, il y a plusieurs fonds d'investissements qui permettent au conseil régional de couvrir à peu près tous les créneaux d'investissement dans les PME. A côté d'IDF Capital, on trouve Cap Décisif (pour les entreprises innovantes de hautes technologies), Scientipole Capitale (capital risque), Equisol (le premier fonds de financement de l'économie sociale et solidaire), le Fonds régional de co-investissement (fondé avec les business angels d'Ile de France) et, l'année prochaine la création d'un fonds pour la consolidation des PME qui ont une passe difficile. Tout cela peut bien fonctionner sous initiative de la Région, à condition que Bercy fasse un effort.

 

 

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