L’industrie du 94 a besoin du Grand Paris

Le Val-de-Marne se désindustrialise. Plus vite et plus fort que le reste de la petite couronne. La CCI 94 détaille les considérables difficultés d’embauches des PME industrielles comme leurs problèmes fonciers. Et attend énormément des nouvelles lignes de métro comme des grands projets d’aménagement urbain, des Ardoines à la ZAC Campus Grand Parc. Débat le 17 décembre à la CCI de Créteil.
Pour 80% des PME du Val de Marne il est devenu impossible de trouver des ouvriers qualifiés

50% d'emplois industriels en moins en 20 ans, le Val de Marne a vraiment besoin du coup de fouet du Grand Paris. L'étude que la CCI 94 vient de réaliser sur l'industrie dans le département le démontre. Le Grand Paris Express, dont la 1ère ligne en Val-de-Marne sera mise en service en 2020, va entrainer des mutations urbaines lourdes qui peuvent contrecarrer la spirale industrielle négative. Le Val de Marne avec les nouvelles gares des lignes 14 et 15 va, enfin, se retrouver bien connecté à Paris comme à toute la banlieue.

La petite couronne, spécialement dans le Val de Marne, perd en effet deux fois plus d'emplois industriels que le reste de la France, la plupart des entreprises qui avaient commencé leur exode de Paris pour passer de l'autre côté du périphérique, s'échappent maintenant vers la grande couronne ou la province. Les prix du foncier en sont responsables mais aussi et surtout la très mauvaise desserte du Val de Marne. Résultat, malgré le boom de l'auto entreprise, le Val de Marne décroche industriellement plus que les autres départements de la petite couronne. Le 94 est, dans l'industrie, un département de petites entreprises : 34% ont un effectif compris entre 1 et 9 salariés mais 51% n'ont aucun salarié !

Record à la baisse des investissements en 2014

Ces établissements industriels sont localisés davantage sur la moitié nord du Val-de-Marne et plutôt le long des voies de communication. Là où les infrastructures de communication vont être considérablement renforcées et ou, boostés par le Grand Paris, les projets d'aménagement sont nombreux et pourraient pallier les déficiences de l'investissement privé :

« La construction se démarque en 2010 puis 2013 avec un recul très sensible des investissements sous l'effet des petits établissements. Quant à l'industrie, le secteur semble suivre les mêmes tendances que les autres secteurs d'activités depuis 2007. En 2014, l'indicateur relatif aux investissements atteint un record à la baisse sur le Val-de-Marne tous secteurs confondus ».

En clair, les lignes de métro et les grands projets publics (l'aménagement des Ardoines et son concept d'immobilier productif, celui d'Ivry Confluences autour de la silver économie, le Campus Sciences et Santé autour de Villejuif avec Paris Biotech Valley, le cluster ville durable etc...) sont vitaux pour le Val de Marne.

Les entretiens effectués par la CCI 94 en 2014 par questionnaires et en face à face avec des industriels val de marnais ont permis de sérier les problèmes. Les dirigeants de PME de l'industrie sont de manière générale satisfaits de leurs locaux dans le Val-de-Marne : plus de 2 sur 3 déclarent que leur entreprise était implantée dans le Val-de-Marne à sa création, mais 2 sur 5 possèdent des locaux inadaptés. Cela va en amener certaines à déménager, celles précisément qui sont en croissance et qui ont besoin de plus de place. De préférence dans le Val-de-Marne si elles le peuvent mais une majorité de dirigeants pourrait exercer sur n'importe quel autre département de la petite couronne. Le prix et la taille du local sont les deux principaux éléments privilégiés dans leur localisation. Elles occupent majoritairement des locaux ayant une surface comprise entre 150 m² et 1 500 m² et ces derniers sont de très loin les plus difficiles à trouver à bon prix en Ile de France.

Quasi impossibilité d'embaucher des personnels qualifiés

Mais la question de la main d'œuvre est beaucoup plus cruciale : 2 patrons de PME sur 3 rencontrent d'importantes difficultés pour trouver une main d'oeuvre correspondant à leurs besoins. Les problèmes de qualification sont évoqués par 80% d'entre eux, l'absence totale de candidat étant la deuxième raison (70%). Eric Carpentier le patron d'Hugotte, une PME mécanique de précision du sud du Val de Marne est dans ce cas. Il a 18 salariés, mais tellement de travail qu'il cherche toujours à embaucher et ne trouve jamais personne. Résultat : il refuse toute charge de travail supplémentaire.

« Il y a trente ans nous avions un vrai problème d'investissement mais tout le personnel dont on avait besoin. Aujourd'hui c'est l'inverse. Les jeunes qualifiés sont pris immédiatement par Safran ou Le Piston français qui offrent des carrières tranquilles et une bonne mutuelle. Nous, avec des boulots bien plus passionnants, nous ne trouvons plus personne. Hugotte, PME de Villecresnes à coté de Brie Comte Robert, à une heure du centre de Paris, c'est pas franchement glamour! Même les jeunes que l'on a pris en apprentissage que l'on a formé sont partis. J'ai finalement recruté en Pologne. Il est parfait je vais embaucher un deuxième polonais, peut être un troisième. Mais dès que j'arrive à la retraite, je ferme. Je n'ai pu former personne pour me succéder ».

La question de la formation est donc majeure pour les entreprises, d'autant plus dans un territoire où les niveaux de qualification des habitants sont un peu moins élevés que dans d'autres secteurs de la métropole et où la composition des CSP est favorable à l'exercice de nombreux métiers dans l'industrie et de la construction.

« Les salariés qualifiés, écrit la CCI 94 sont un facteur primordial pour les entreprises. Pour preuve, 3 dirigeants sur 5 considèrent comme un frein à un éventuel déménagement le risque que certains salariés ne suivent pas l'entreprise ».

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Commentaires 4
à écrit le 12/12/2014 à 19:55
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Pour embaucher, il faut que les travailleurs puisse se loger...

à écrit le 12/12/2014 à 2:48
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Après cet article, on ne voit pas comment un jeune peut finir chez Hugette ...

à écrit le 12/12/2014 à 1:05
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Normal l'immobilier st trop chère dans le 94 sauf peut-être pour le cadre sup !!

à écrit le 11/12/2014 à 18:22
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S'ils n'arrivent pas à retenir leur apprentis le grand paris ne changera pas grand chose pour eux.

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