Grand Paris  : la métropole sera modifiée après 2017

Les élections présidentielles approchant, il est trop tard pour corriger les imperfections de la nouvelle métropole du Grand Paris. Mais un consensus se dégage pour effectuer des aménagements administratifs après 2017.
Mathias Thépot
Il n'y a pas d'opposition de principe à une modification des lois sur le Grand Paris après 2017.

Créée le 1er janvier 2016, la métropole du Grand Paris telle qu'elle est structurée aujourd'hui ne satisfait personne. Qualifiée d'usine à gaz par certains ou de nouvelle strate administrative inutile par d'autres, elle devrait, de manière inéluctable, voir les textes de loi la concernant revisités à terme. « Une fois les élections présidentielles et législatives de 2017 passées, je pense qu'il faudra penser à modifier la loi », reconnaissait récemment Patrick Ollier, le président de la métropole du Grand Paris, élu le 22 janvier dernier. Car que ce soit au niveau métropolitain ou au niveau régional, à droite comme à gauche, la métropole du Grand Paris (MGP) première version, qui doit monter en puissance en 2016, fait la quasi-unanimité contre elle.

Une aberration administrative ?

Au conseil régional d'Île-de-France par exemple, Valérie Pécresse avait déclaré, dès le 18 décembre dernier lors de son intronisation en tant que présidente de région, qu'il était encore temps « d'abandonner » ce projet de métropole. Chargé du Grand Paris à la région, l'UDI Didier Bariani enfonce le clou : « La métropole est inutile et coûteuse, c'est une aberration administrative », tranche-t-il. Elle fait de l'Île-de-France « le champion du monde de la complexité administrative, avec cinq niveaux de collectivités : les communes, les établissements publics territoriaux (EPT), les départements, la région et donc la métropole », regrette-t-il ; avant d'ajouter que « la MGP nous semble être une usine à gaz dont on ne voit pas par quel miracle elle ne sera pas génératrice de coûts supplémentaires liés notamment à sa gestion quotidienne ».

L'executif n'est pas contre une modification

L'ancien maire du 20e arrondissement parisien demande aussi « une action législative après 2017 » afin de modifier les lois Maptam et NOTRe qui structurent la métropole. Bref, du côté de l'opposition, on s'entend aujourd'hui sur une action législative concrète. Et même au niveau de la majorité en place, la tendance semble être à une modification des articles des lois concernant la métropole capitale. « Manuel Valls n'émet pas d'opposition de principe à une modification des statuts de la métropole pour qu'elle s'imbrique mieux avec la région », note un conseiller régional bien informé. « Il n'est pas opposé à un changement de l'architecture de la métropole », ajoute-t-il. Quoi qu'il en soit, celui-ci n'interviendra qu'après 2017, la MGP ne faisant pas partie des dossiers prioritaires de cette dernière année de mandat.

Une métropole qui se substitue aux maires ?

Concrètement, il est d'abord reproché à la métropole du Grand Paris première version son caractère trop centralisé. « Nous avions pensé depuis plusieurs années une métropole dont les initiatives émaneraient de la base, c'est-à-dire des maires, et remonteraient vers le haut. Finalement, c'est l'inverse qui a été acté. Or la métropole n'est pas faite pour se substituer aux maires ! », juge Patrick Ollier. Par exemple, à partir de 2020, ce sera la métropole qui centralisera progressivement la fiscalité des entreprises. Or « nous avions pour notre part proposé de pérenniser les EPT en tant qu'intercommunalité, et de les alimenter par une fiscalité directe », regrette Patrick Ollier, qui n'a pas été complètement entendu par le gouvernement et les parlementaires au moment du vote des deux lois.

Un problème de périmètre

Un autre aspect de la métropole pose problème : son périmètre. Elle ne comprend que les communes des départements de la petite couronne (92,93,94 et une demi-douzaine du 91 et 95), excluant notamment le pôle technologique de Saclay ou l'aéroport de Roissy. Par ailleurs, plusieurs communes des départements du Val d'Oise, de Seine-et Marne, de l'Essonne et des Yvelines peuvent se sentir délaissées. D'aucuns pensent ainsi que le périmètre est à revoir.

Il y a aussi un problème concernant les compétences en matière de développement économique de la métropole, qui se juxtaposent avec celles de la région. Certes, du côté du bureau métropolitain, on assure que la politique de la métropole s'intégrera sans problème dans la politique économique de la région. Mais les inquiétudes ne sont pas pour autant dissipées au niveau du conseil régional. « On ne va pas s'amuser à couper en deux le développement économique en Île-de-France, alors même que nous avons, à la région, les compétences pour le faire ! », explique Didier Bariani. « Il est important de signifier clairement aux investisseurs potentiels qui est leur référent s'ils souhaitent être soutenus pour s'implanter dans la région», ajoute-t-il.

Supprimer les interférences avec la région

Didier Bariani note aussi une contradiction dans le discours de l'exécutif qui a, pour justifier la fusion des régions, argué la nécessité de les rendre plus compétitives. Elles seront « la seule collectivité compétente pour soutenir les entreprises », avait bien spécifié le chef de l'État lors d'un discours en mars 2014. Des propos qui ne s'appliquent donc visiblement pas à l'Île-de-France, regrette Didier Bariani. Clairement, « si l'on garde la métropole, elle devra tout mettre en oeuvre en harmonie avec la région. Elle ne pourra pas être interférente », demande le conseiller régional UDI. Réponse après 2017.

Mathias Thépot

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Commentaires 3
à écrit le 24/02/2016 à 14:49
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Le Grand Paris craque de partout. Comment accepter que le 92/78/75/ paie pour les autres départements qui sont dans une misère extrême.Prenez la ligne RER Cou D et constaté,la désertification économique de ces banlieues!!! Ou encore cette ville Arge...

le 25/02/2016 à 6:47
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N'omettez pas que la plupart des travailleurs vivent dans ces autres lieux que vous dénigrez.

à écrit le 24/02/2016 à 7:50
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A peine officialise, deja decrie. A raison du reste. La France, le pays ou l'on parle pour le plaisir de jacasser sans rien faire apres. Un exemple mondial, on vous dis.

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