Grand Paris : "Ne pas avoir d'attentes démesurées"

Le maire de Sceaux (92), Philippe Laurent, se satisfait de la création de la métropole du Grand Paris en 2016. Même si tout n'est pas parfait, il estime que les conditions sont réunies pour assurer un développement progressif de l'écosystème francilien.
Mathias Thépot
Philippe Laurent, maire de Sceaux dans les Hauts-de-Seine depuis 2001.

LA TRIBUNE - La loi NOTRe a finalement acté un périmètre resserré à 123 communes de la petite couronne, plus Paris intramuros, qui constitueront la métropole du Grand Paris. N'est-il pas trop restreint ?

PHILIPPE LAURENT - La logique aurait certes voulu que le territoire de la métropole soit plus grand que celui de la petite couronne. Nous avions d'ailleurs demandé aux parlementaires d'introduire des modalités d'extension simples de ce périmètre, et n'avons été qu'en partie entendus. Mais je pense qu'il faut cesser de rediscuter indéfiniment la pertinence de ce périmètre. Nous devons nous mettre en ordre de marche... et surtout ne pas s'enfermer dans un carcan qui oppose la métropole du Grand Paris et la région Ile-de-France.

Aujourd'hui, quel objectif de développement économique porte le Grand Paris ?

Il n'y a pas d'objectif de développement économique concret. Ceux-ci seront fixés après les élections régionales et la mise en place de la métropole au premier janvier 2016. Car le développement économique est davantage du ressort de la région. Mais la métropole aura tout de même son rôle à jouer, notamment par le biais de ses compétences en matière d'aménagement.

Que faudra-il attendre de la montée en puissance de la métropole ?

Il ne faut pas avoir d'attentes démesurées. D'abord la vie quotidienne des gens ne sera que très peu touchée à court terme. Ensuite, les pôles d'excellence existants en Ile-de-France ne seront pas remis en cause par le nouveau découpage des intercommunalités et par la création de la métropole. Et on s'appuiera toujours sur les 22 contrats de développement territorial (CDT) signés entre l'Etat et les élus locaux. Les nouvelles institutions reprendront de fait les stratégies déjà engagées. Mais que l'on soit bien clair : la création de la métropole est loin d'être un non-évènement.

Que fera-t-elle changer alors ?

Elle peut réellement contribuer à accroître l'attractivité internationale de l'écosystème francilien et à créer une nouvelle image génératrice de confiance auprès des acteurs économiques locaux et internationaux. Nous ne sommes plus dans un système où l'Etat décide et les échelons inférieurs appliquent. La métropole doit jouer un rôle de catalyseur. Soit concrètement d'une part mettre en avant les éléments qui font sa force : les 600.000 étudiants de la région, sa remarquable capacité de recherche etc... Et d'autre part, parler de ses projets de manière claire et les faire porter par une voix forte, à l'instar ce qui est réalisé pour le Grand Londres.

La métropole peut servir à galvaniser les énergies sur des projets comme les Jeux olympiques de 2024, ou l'exposition universelle de 2025. Elle devra aussi encourager le développement des industries sur son territoire, et réfléchir à la logistique, un sujet majeur à prendre en compte dans les politiques d'aménagement : en effet, comment pourra-t-on à l'avenir amener les marchandises chez les gens et chez les commerçants compte tenu de la complication de l'environnement urbain francilien, et de la réduction du nombre de voies de circulation ?

Que devra assurer la métropole du Grand Paris pour éviter le couac ?

Pour que tout cela fonctionne, la maire de Paris et les présidents de la métropole et de la région devront s'entraider. Ces trois grands élus seront condamnés à s'entendre pour rétablir la confiance des acteurs économiques. De toute évidence, l'objectif du Grand Paris n'est pas d'affirmer un pouvoir politique fort de gestion, mais de coordonner au mieux le travail des maires.

On attend aussi d'un projet métropolitain qu'il joue le rôle de contrepoids contre les phénomènes de ghettoïsation...

Depuis un certain temps déjà, l'aménagement urbain est de bien meilleure qualité. Encore une fois, il ne faut pas attendre de miracle de la part de la métropole en la matière. Mais le Grand Paris peut permettre d'aller plus vite et de faire mieux.

Une péréquation fiscale efficace entre les communes du Grand Paris, censée également lisser en partie les inégalités territoriales, est encore loin de voir le jour ...

Il était impossible de faire autrement à court terme. On ne pouvait pas tout chambouler en aussi peu de temps. Il a fallu garantir le pouvoir d'achat des communes de la métropole. Certes, on ne peut donc pour l'instant pas parler d'accélération des moyens de péréquation. Mais je pense que l'on crée toutefois les conditions pour qu'une meilleure péréquation se fasse à terme, par le biais du développement économique des territoires.

Concrètement dès 2016, le surplus futur des recettes liées à la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) sera mis en commun et remonté au niveau de la métropole. De même pour la dotation globale de fonctionnement intercommunale (DGF). Elles apporteront un premier niveau, certes modestes, de ressources à la métropole pour soutenir des projets de développement.

Mathias Thépot

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