Les JO, une opportunité pour les banques

Le budget en infrastructure des JO de Paris 2024 atteindrait 3 milliards d'euros. Acteurs privés et publics s'apprêtent déjà à travailler ensemble sur le financement du village olympique, et principalement sur sa reconversion en quartier de ville durable.
« Le projet du Charles-de-Gaulle Express va s'accélérer. Depuis des années, tout le monde dit qu'il faut le faire. Maintenant, nous n'avons plus le choix », explique Nathalie Szczepanski, Caisse d'Epargne Ile-de-France

D'après le Comité national olympique et sportif français, « le budget en infrastructure des Jeux à Paris en 2024 a été évalué en première approche à 3 milliards d'euros », répartis, selon cette même source, en 1,7 milliard pour le village olympique, 200 millions pour l'accessibilité de certains transports pour personnes à mobilité réduite et 1 milliard pour les maîtrises d'ouvrage publiques et privées.

Les banques, comme la Caisse d'Épargne Île-de-France (CEIDF) qui a débloqué 3 milliards d'euros pour le Grand Paris en 2016, entendent bien se saisir de l'occasion. Pascal Chabot, membre du directoire, le résume ainsi :

« Les déposants particuliers, qui composent la majorité de nos clients, permettent de financer l'économie. Ils sont naturellement d'accord pour que leur argent serve à financer les infrastructures franciliennes. 100% de nos ressources sont en effet réinvesties sur le territoire, de l'étudiant qui s'endette au porteur de projets de transformation et d'aménagement des zones sensibles. »

Dans ce contexte, la Caisse des dépôts (CDC) « accompagne l'État et les territoires - l'Île-Saint-Denis, Saint-Denis, Saint-Ouen... - comme monteur de projets et investisseur d'intérêt général en fonds propres, en partenariat avec d'autres investisseurs en ayant un souci de maîtrise de l'argent public », explique Gabrielle Gauthey, directrice des investissements et du développement local.

«Dès décembre 2016, nous avons décidé de rejoindre le cercle des partenaires officiels afin que nous puissions faire la démonstration de notre expertise en matière de développement public. Nous attirons d'autres fonds, publics et privés, conscients de l'effet levier, dans un objectif d'efficacité d'argent public. Le Groupe Caisse des dépôts est un laboratoire d'excellence de la smart city et une vitrine industrielle de notre savoir-faire dans les montages juridiques et financiers », poursuit-elle.

Des friches à développer

Directrice du secteur public, de l'aménagement et des partenariats public-privé à la CEIDF, Nathalie Szczepanski précise que la banque travaille déjà avec les collectivités locales, et notamment comme actionnaire et administratrice de sociétés d'économie mixte de SeineSaint-Denis :

« La force des JO est de proposer des opportunités de friches qui puissent y être développées. »

À cet égard, la directrice régionale pour l'Île-de-France de la Caisse des dépôts, Marianne Louradour, évoque les alentours de la Cité du cinéma de Luc Besson :

« Sur ces anciens terrains d'EDF, sur lesquels nous avons investi et dont nous sommes aujourd'hui propriétaires, sera accueilli le restaurant des 17.000 athlètes » ainsi que le village olympique.

« Nous l'envisageons d'emblée comme un quartier de ville durable, avec une réflexion sur la réversibilité des bâtiments (300.000 m2 de surface de plancher) après leur première utilisation pour les Jeux olympiques, la sobriété énergétique avec une boucle énergétique locale à l'échelle du quartier, ou encore les enjeux de la mobilité autonome pour les athlètes à l'intérieur du village. »

Avec 29 centres d'affaires sur le territoire francilien, la Caisse d'Épargne Île-deFrance va investir 1 milliard d'euros en vue de Paris 2024 :

« Nous avons déjà une expérience sur les piscines et les équipements sportifs. C'est un coup de booster pour nous ! », se réjouit Pascal Chabot, qui annonce « une enveloppe supplémentaire après les Jeux pour toutes les opérations de transformation en logements et bureaux. Une fois que les sportifs seront partis, nous pourrons soutenir le recyclage des équipements sportifs, notamment sur la question de la gestion des loyers. »

Le « débouclage » du CDG Express

Également tournée vers l'avenir, sa collègue Nathalie Szczepanski ajoute :

« Le Grand Palais, par exemple, va accueillir plusieurs épreuves, dont l'escrime. Il va se moderniser et il faudra bien traiter les déchets et les gravats. »

Avant de mettre l'accent sur une infrastructure très attendue :

« Avec l'obtention des JO, le projet du Charles-de-Gaulle Express va s'accélérer. Depuis des années, tout le monde dit qu'il faut le faire. Maintenant, nous n'avons plus le choix. Nous devons agir ! Aussi avons-nous déjà financé un tunnelier ».

Gabrielle Gauthey de la CDC le confirme :

« C'est une opportunité pour déboucler ce sujet ! Nous jouons un rôle dans le montage juridico-financier avec l'État et les partenaires comme Aéroports de Paris. Nous sommes quand même la dernière capitale à ne pas avoir ce type d'équipement ! »

Pascal Chabot comme Nathalie Szczepanski, bicentenaire de la CEIDF en 2018 en tête, pensent déjà à de nouveaux instruments financiers : un investissement en fonds propres pour les infrastructures, un fonds de capital-investissement pour les PME doté de 100 millions d'euros et une foncière de 500 millions d'euros pour porter des acquisitions en termes de locaux.

Marianne Louradour, chargé de la région francilienne à la CDC se félicite d'avance de ce « laboratoire magnifique du savoir-faire des industriels français : nous réfléchissons aussi avec notre filiale Egis à une plateforme de mise en relation des maîtres d'ouvrage sur le réemploi des matériaux de déconstruction pour minimiser la production de déchets ».

De son côté, la Caisse d'Épargne Île-deFrance va aider, en collaboration avec des fintech, au « développement de technologies de billetterie avec paiements à distance via des porte-monnaie électroniques » ou encore accompagner le transfert des dollars du Comité international olympique en euros pour la section française

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Commentaires 5
à écrit le 02/10/2017 à 18:20
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on peut parfaitement mener des projets sans les JO et le contribuable fera des économies ; les seuls gagnants sont les politiques , les sportifs et les affairistes

à écrit le 02/10/2017 à 13:58
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Il semblerait que M César Armand aie commis une erreur dans son titre : "Les JO, une manne pour les banques".

à écrit le 02/10/2017 à 9:33
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Une opportunité pour les banques mais pas pour le contribuable. La rigueur promise a débuté par la gabegie du déplacement à 1,5 million d'euros pour la délégation alors que le résultat était déjà connu !

à écrit le 02/10/2017 à 9:11
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Arrêtez de nous bassinez avec toutes les "opportunités" des JO! Écologie, business, transports, modernisation, ... Alors qu'au final cela nous coûtera bonbon et il y aura du gâchis! Je ne doute pas qu'il y aura des gagnants, mais pas le péquin moyen...

à écrit le 02/10/2017 à 8:46
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En néolibéralisme qu'est-ce qui n'est pas opportunité pour les banques ? Ce sont les opportunités pour les citoyens que l'on cherche toujours désespérément...

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