Pourquoi l'emploi en Île-de-France tourne au ralenti

Malgré une part prépondérante dans l'économie nationale, l'emploi en Île-de-France croît moins vite qu'en France depuis 25 ans. Pour quelles raisons ? Éléments de réponses.
Mathias Thépot
La nouvelle économie créerait-elle moins d'emplois ?
La nouvelle économie créerait-elle moins d'emplois ? (Crédits : Reuters)

Voilà 25 ans que les principaux secteurs de l'économie en Île-de-France connaissent une dynamique moins forte en terme d'emplois que sur le reste du territoire. Et même si le poids de la région-capitale reste prépondérant dans l'économie française - 31 % du produit intérieur brut national et 23 % de l'emploi - il convient de s'intéresser aux raisons de cette moindre croissance.

Concrètement entre 1989 et 2013, l'emploi dans les cinq principales branches de l'économie française (30 % de l'emploi en Île-de-France) a cru en moyenne de 2,4 % par an, contre 3,2 % sur le territoire national, selon les chiffres agrégés par Guy Marty, directeur de l'Institut de l'épargne Immobilière et Foncière.

Moins d'emplois, plus de croissance

Et si l'on prend les 10 plus importants secteurs de l'économie française (soit 58 % du total de l'emploi en Île-de-France), le constat est le même : une croissance annuelle moyenne de l'emploi de 1,7 % en Île-de-France, contre 2,2 % en France entre 1989 et 2013. Pourtant, si l'on raisonne en terme de croissance du produit intérieur brut, l'Île-de-France est plus dynamique avec une hausse 3,2 % par an en moyenne sur 25 ans contre 2,8 % pour la France entière. En Île-de-France, la dynamique de l'emploi est donc moindre, au contraire de la richesse créée.

La nouvelle économie moins génératrice d'emplois ?

Comment cela est-ce possible ? D'abord à cause de la structure du tissu économique francilien. « Les emplois à haute valeur ajoutée sont beaucoup mieux représentés en Île-de-France que sur le reste du territoire », remarque Guy Marty. Les secteurs du numérique et des nouvelles technologies sont révélateurs de cette tendance ; ils ont, en proportion, besoin de moins de salariés pour dégager de la richesse. Cette tendance qui peut inquiéter car « les emplois moyennement qualifiés sont très violemment percutés, et le seront au moins autant à l'avenir, notamment par l'informatique et la robotique », redoute Pierre Veltz, président de l'établissement public Paris-Saclay.

Comment améliorer la qualité de vie ?

L'autre principale raison à la moindre dynamique de l'emploi en Île-de-France résulte de la baisse de la qualité de vie, notamment à cause de l'envolée des prix des logements. Celle-ci a poussé les populations du cœur de l'agglomération parisienne à s'éloigner. « En 1968, 74 % des ménages franciliens vivaient à Paris et en première couronne. En 2011, ils n'étaient plus que 60 % », relate Guy Marty. De plus en plus de franciliens ont donc investi la seconde couronne, s'éloignant des emplois principalement situés au cœur de l'agglomération. Une troisième couronne s'est même créée : entre 1968 et 2011, le nombre de ménages a doublé dans les départements limitrophes de l'Île-de-France, l'Eure, l'Eure-et-Loir, l'Oise et le Loiret.

Risque de perte d'attractivité

Par l'étalement urbain, « on a allongé les temps de transport, ce qui a eu des répercussions néfastes sur le bien-être au travail et le moral des ménages », explique Guy Marty. Une perte d'attractivité liée à la hausse du coût de la vie qui n'est pas sans conséquences sur la compétitivité de l'économie régionale. Que ce soit à cause de la pression sur les salaires nominaux qui en découle, de l'éloignement des salariés de leur lieu de travail, ou même de l'impossibilité pour les ménages de dégager des marges de manœuvre financières pour consommer ou épargner autre chose que de l'immobilier.

La future émergence de la métropole du Grand Paris peut dans ce cadre jouer un rôle bénéfique par le biais de l'aménagement du territoire, de l'organisation des réseaux de transport et de la mobilisation du foncier. Autant de leviers qui pourraient permettre de réduire la pression sur les prix des loyers et redonner de l'attractivité à la région. Mais cette métropole rêvée est encore loin de voir le jour...

Mathias Thépot

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Commentaires 3
à écrit le 03/10/2015 à 7:36
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De plus en plus de commerces fermés en centre ville , y compris dans le centre de paris , spirale infernale

à écrit le 02/10/2015 à 13:15
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Immo trop cher. Budget familial ne permet pas d'acheter quoi que ce soit après s'être acquitté du loyer/remboursement de prêt Immo. Pas de consommation. Pas de croissance. Pas de relance de l'économie. Chômage. Spirale. La bulle immobilière paral...

à écrit le 02/10/2015 à 9:31
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Il faut laisser faire la sainte loi du marché ! Quand tout s'écroule, on peut reconstruire (en faisant un max de profit). Il faut lutter contre le pessimiste ambiant :) Moi, j'ai parié sur la chute de l'économie, et j'ai gagné de l'argent grâce à la ...

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