Régionales Île-de-France : Bartolone dévoile un programme alternatif au Grand Paris

Déçu par les limites actuelles (financières et politiques) du Grand Paris, Claude Bartolone estime que c'est la région Île-de-France qui devra assurer, à sa manière, la péréquation financière entre les villes.
Mathias Thépot
Claude Bartolone compte instaurer une écotaxe pour les poids lourds en transit en Île-de-France.

Jeudi, Claude Bartolone (PS) a enfin dévoilé son programme pour les élections régionales qui se tiendront cette année lors des deux premières semaines de décembre. Et, le moins que l'on puisse dire, c'est que celui-ci est copieux : 12 engagement et 160 propositions sur le thème d'une Île-de-France « plus humaine ». Presque la taille d'un programme présidentiel. « C'est du lourd », s'est d'ailleurs ému Claude Bartolone au moment de la présentation de son projet  à son QG de campagne, place de la Catalogne dans le XIVe arrondissement de Paris.

Tous les grands thèmes développés par le candidat PS concernent les compétences de la région : en premier lieu les transports, pour lesquels l'Île-de-France consacre déjà 37 % de son budget, soit 1,8 milliard d'euros, l'apprentissage, la formation et l'emploi, les lycées, le développement économique, le logement, l'environnement et l'enseignement supérieur.

Miser sur le poids de l'Île-de-France pour convaincre

Clairement, la question de la faisabilité d'un tel programme se pose au regard du nombre très important de propositions qui, souvent, peuvent d'ailleurs aussi relever des compétences de l'Etat ou des communes. Mais pour convaincre l'échelon national et l'échelon local de l'accompagner, Claude Bartolone mise sur le poids de la région Île-de-France, du haut de ses 12 millions d'habitants et de ses 600 milliards d'euros de PIB, soit 30 % du PIB français.

Sur les transports notamment, le sujet majeur de la campagne, le candidat PS explique par exemple que, s'il est élu, il instaurera la très polémique « écotaxe régionale sur les poids lourds en transit ». Un sujet qui ne laissera pas l'exécutif indifférent. De même, « la région réclamera à l'État les 800 millions d'euros par an pendant 10 ans nécessaires à la remise à niveau du réseau ferré francilien», assure Claude Bartolone. Aussi en matière de logement, il compte mettre en œuvre l'encadrement des loyers à l'échelle de toute la région -cette mesure très décriée ne s'applique pour l'instant qu'à Paris intramuros. Mais il faudra pour ce faire convaincre l'Etat et les maires. Pas une mince affaire...

Le Grand Paris, une "grande désillusion"

Ce n'est en tout cas pas sur la métropole du Grand Paris que Claude Bartolone va s'appuyer. Celle-ci est « une grande désillusion » selon le président de l'Assemblée nationale. Il déplore que l'ambition initiale de mettre en œuvre une vraie péréquation financière entre les communes riches et les communes pauvres soit désormais proche du néant. S'il élu, il promet d'ailleurs que cette mission fondamentale sera assurée, à sa manière, par la région qui conditionnera ses soutiens financiers à des projets à finalités sociale et environnementale. De quoi rétablir un certain équilibre entre les territoires défavorisés, et d'autres plus aisés en Île-de-France.

Hausse du budget de 1,32 milliard d'euros

Globalement, Claude Bartolone prévoit d'augmenter le budget de la région Île-de-France de 1,32 milliard d'euros sur la durée de la mandature, soit 220 millions d'euros par an. Une promesse qui va à rebours des propositions de sa rivale LR Valérie Pécresse, qui compte réaliser 400 millions d'euros d'économies. Du reste, Claude Bartolone a assuré que les nouvelles dépenses seront financées « sans augmentation d'impôts régionaux pour les ménages franciliens et les entreprises ».

Il compte en revanche sur le produit des impôts "nationaux", d'une part sur l'octroi à partir de 2017 aux régions de 50 % des recettes de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE), contre 25 % actuellement. Ce qui permettra « de récupérer 400 millions d'euros sur la durée du mandat », estime-t-il. Et d'autre part, sur la redevance pour la création de bureaux (RCB), qui, grâce au dynamisme économique de la région, « rapportera 300 millions d'euros supplémentaires », ajoute Claude Bartolone. L'écotaxe sur les poids lourds de passage dans la région pourrait aussi rapporter au moins 80 millions d'euros par an à la région, pense le candidat PS.

Priorité donnée aux transports

Et si les arbitrages concernant les nouvelles dépenses ne sont pas encore précisément actés, Claude Bartolone assure que « tout commence par les transports ». Sa proposition phare en la matière : un plan bus pour la grande couronne qui comprend notamment l'affectation de 1.000 chauffeurs qui « permettront de renforcer l'offre pour garantir un bus au moins toutes les 15 minutes de 6h à minuit, 7 jours sur 7 ». Pour assurer la sécurité, il propose aussi de renforcer la police des transports, et pour le confort des voyageurs, de rendre accessible la 3G et la 4G « non seulement en stations et gares mais aussi dans les tunnels du réseau francilien ».

En matière de logement, un sujet éminemment concernant pour les franciliens, et très clivant selon les sensibilités politiques, Claude Bartolone ne soutiendra pas, s'il est élu, les projets de construction dans les communes qui se désintéressent du quota réglementaire de 25 % de logements sociaux. Cette proposition est l'exact opposée de celle de Valérie Pécresse qui refusera pour sa part de cofinancer la construction de logements très sociaux dans les communes qui en compte déjà plus de 30 %.

Enfin, concernant le logement des jeunes, Claude Bartolone promet de construire 5.000 logements par an, 4.000 pour les étudiants, et 1.000 pour les apprentis et les jeunes en insertion. Et il milite pour que soit étendue à tous les jeunes franciliens la garantie locative étudiante.

Mathias Thépot

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Commentaires 6
à écrit le 23/10/2015 à 14:54
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Ce Monsieur, n'est ce pas lui qui présente un budget communal en déficit alors que c'est interdit Ce Monsieur oublie qu'en échange de l'abandon de l'écotaxe 2 centimes sont prélevés sur chaque litre de carburant distribué, et il veut la réintroduire....

à écrit le 22/10/2015 à 19:45
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"12 engagement" s ?

le 22/10/2015 à 23:44
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non car a l'ENA il est enseigné que les noms "promesse" et engagement" sont invariables car ils ne sont jamais tenus.

le 23/10/2015 à 6:19
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Bonjour, je suis jaloux des gens qui ont fait l'ENA, car je n'ai pas fait d'études comme eux, j'étais trop mauvais à l'école, alors à chaque article qui parait, je critique l'ENA.

à écrit le 22/10/2015 à 18:11
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Hilarant ce Bartolone! Des promesses, une augmentation du budget sans augmentation d'impôts (??? La même promesse que Hidalgo, et on a vu â quoi s'en tenir !) quelques taxes en plus, et réclamations à l'état d'argent alors que l'état baisse les dota...

à écrit le 22/10/2015 à 18:10
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Mais enfin!!!!!! n'est pas ce même politicien qui a saboté " le grand Paris " suite à l 'échec des municipale, s'est imposé tète de liste aux régionale pour maintenant y transférer les compétences et financement idoine? J' ai bon?

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