Sécurité des JO 2024 : « L'État ne pourra pas répondre seul à la totalité des besoins »

Alors que Paris s'est vue attribuer l'organisation des Jeux olympiques de 2024, une enquête intitulée "Le regard des Français sur le secteur de la sécurité privée" a été réalisée en septembre par l'Ifop pour le compte de l'Union des entreprises de sécurité privée (USP). Claude Tarlet, président de l'USP, en commente les résultats pour "La Tribune".
Claude Tarlet.

LA TRIBUNE - D'après cette étude Ifop réalisée en septembre, 78% des Français déclarent connaître le secteur de la sécurité privée. Comment accueillez-vous ce résultat ?


CLAUDE TARLET - C'est une satisfaction. Pour une profession comme la nôtre, c'est un enjeu fort de communication positive sur nos métiers et nos secteurs d'intervention. Au lendemain des attentats de 2015 et après l'Euro 2016, la sécurité privée a été vécue comme un avantage opérationnel apporté aux forces de l'État. L'appel à des entreprises en appui de l'action publique a toujours été très fort : il fallait préserver la sécurité de sites sensibles pour trouver un équilibre entre l'action de la police, de la gendarmerie, de l'armée, et le contrôle des fans zones, espaces privés avec le filtrage et la palpation en compagnie de la police municipale et de la sécurité publique. Grâce à cette présence sur le terrain, l'opinion publique perçoit mieux la nature de nos activités.



55% des Français recommanderaient même à leur entourage d'y commencer une carrière et 25% des actifs seraient intéressés par un métier. Que vous inspirent ces chiffres ?


Nous avons besoin de créer de la confiance et rendre l'activité plus attractive. C'est un enjeu social : notre métier est bouleversé par la transformation de la société. Nous devons donc pouvoir offrir des solutions globales et être capables de proposer de l'intelligence ainsi que des ressources. Le fait que la sécurité privée soit mieux connue devrait attirer des femmes et des hommes pour les activités de demain. Nous sommes en pleine mutation économique et sociale.



Concrètement, seuls 43% considèrent que la surveillance des lieux par des agents pourrait être uniquement prise en charge par des professionnels de la sécurité privée. Comment comptez-vous inverser cette tendance ?


C'est la bataille de l'image et de la compétence. Longtemps, nous véhiculions une image négative. Depuis peu, en raison des événements bouleversants que nous avons évoqués toute à l'heure, la sécurité privée est davantage visible et mieux perçue par l'opinion publique. Il nous faut continuer, car le pari n'est pas engagé gagné. Quand nous l'aurons clairement démontré avec de vraies compétences et des perspectives de carrière, nous inverserons la tendance.

Quinze jours après l'obtention des Jeux olympiques, quel rôle entendez-vous jouer dans l'organisation de Paris 2024 ?


Nous devons jouer un rôle important. Nous avons tiré les leçons de la profession dans le cadre de l'Euro 2016. La sécurité privée a été utile dans les fans zones, les manifestations... Les Jeux olympiques de 2024 vont nécessiter des moyens importants matériels et humains. Nous devons participer dès maintenant à la réflexion pour anticiper toutes les difficultés et afin de travailler en coopération avec la police, la gendarmerie et l'armée. Il faut en effet organiser de façon très pragmatique le rôle de chacun. L'État ne pourra pas répondre seul à la totalité des besoins.



Justement, d'après les chiffres de l'Atlas 2012, Panorama économique du marché de la sécurité, le nombre d'agents de la sécurité privée équivaut peu ou prou au nombre de fonctionnaires dans les polices nationale et municipale, et gendarmerie.


C'est en effet une économie marchande ainsi qu'un potentiel de par sa présence sur le terrain. Nous devrions être en capacité de gagner des équipes. C'est un défi majeur pour travailler à côté et en appui de l'État. Nous ne pouvons pas nous y substituer. C'est le rôle qui lui appartient.

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MÉTHODOLOGIE

L'enquête a été menée auprès d'un échantillon de 1004 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l'échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne interrogée) après stratification par région et catégorie d'agglomération. Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 1er au 4 septembre 2017.

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Commentaire 1
à écrit le 02/10/2017 à 18:25
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la sécurité est et doit rester une fonction régalienne sinon c'est le far-west ; au travers de cet article on voit bien que ces JO sont une manne pour une minorité ,payée par le contribuable

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