Le président de Viha Concept, Laurent Villerouge, ne décolère pas. Faute de financement il a dû se résoudre à vendre son brevet de trottoir électrique, développé avec l'Ecole nationale supérieure d'électrotechnique, d'électronique, d'informatique, d'hydraulique et des télécommunications et des PME toulousaines sous-traitantes, à l'entreprise californienne Harvest Energy. Le trottoir électrique est composé de dalles au sol qui, lorsque les passants marchent dessus, transforment l'énergie mécanique des passants en énergie électrique alimentant des lampadaires à leds. Des tests ont été réalisés sur les allées Roosevelt à Toulouse au mois d'avril.
Personne n'a voulu de son idée en France
Pour développer son projet, Laurent Villerouge avait besoin d'1,3 millions. Il a été refusé partout. « J'ai présenté mon dossier au Conseil Régional, à la Caisse des Dépôts et à Oséo. J'ai compris qu'ici on soutient l'aéronautique et la chimie ou que c'est trop long à mettre en place », regrette-t-il. Laurent Villerouge avait également remis son dossier à Nathalie Kosciusko-Morizet, la ministre de l'Écologie, lorsqu'elle était venue le 21 février dernier pour le forum de l'innovation Futurapolis. « Mon dossier a été perdu et n'a jamais abouti », pointe le président de la start-up. En colère, le chef d'entreprise a également fait parvenir aux différentes rédactions, une lettre de sa banque lui signifiant un découvert de 154 euros sur le compte de l'entreprise. « Cela montre à quel point les banques locales aident les PME et notamment Viha Concept », ironise Laurent Villerouge.
La mairie a « fait le maximum » mais échoué
L'entrepreneur estime que « c'est un problème de mentalité ». Un sentiment partagé par Alexandre Marciel, adjoint au maire en charge de l'éclairage public, qui soutient le projet. « Il y a un problème culturel à l'endroit d'une nouvelle source d'énergie qui recycle l'énergie de l'activité urbaine. Quand on parle d'énergies renouvelables, les financements sont fléchés vers la méthanisation, le solaire... », explique l'élu. Selon lui, la « municipalité a fait le maximum. Nous avons tenté à tous les niveaux. Je pense que ce départ est l'arbre qui cache la forêt. Il y a de nombreux chefs d'entreprise qui quittent la France pour des pays plus accueillants » analyse Alexandre Marciel.
Il ferme sa start up toulousaine et s'installe à New York
Face au système qu'il juge « verrouillé », le président de Viha Concept a choisi de partir aux États-Unis. Il s'est rapproché du MIT de Boston qui l'a mis en contact avec la Stony Brook University de New York et lui a fait rencontrer le chercheur Lei Zuo. « Pour signer un contrat de partenariat avec l'université de New York, il m'a fallu 4 heures », fait remarquer le chef d'entreprise. « Aux États-Unis, on regarde d'abord le projet et de quelle manière vous allez le développer. En France, on regarde de quelle somme vous disposez, quels diplômes vous avez et après on s'attarde sur le projet », peste Laurent Villerouge.
L'entrepreneur a décidé de fermer sa start-up et de remonter une entreprise à New York début 2013. Il travaillera avec Lei Zuo. Les brevets seront mis en commun. La vente du brevet de trottoir électrique, dans lequel est prévu un fixe et des royalties, lui permet de s'implanter et de développer un nouveau projet: il s'agit de récupérer l'énergie de l'essorage d'un lave linge pour faire chauffer l'eau chaude. Laurent Villerouge espère atteindre « 2 à 3 millions de chiffre d'affaires par an » à partir de 2015.
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