Innovation disruptive et leadership : le PDG d’HP France partage sa méthode de management

Invité ce mardi de la Matinale Objectif News, Gérald Karsenti s’est exprimé longuement sur une discipline qui le passionne : le leadership. Lui même chef d’entreprise respecté, aimant aller vite, gérer des problèmes et avoir un coup d’avance, le PDG d’HP France assure qu’une nouvelle génération doit émerger pour accompagner les mutations des entreprises. Gérald Karsenti prône l'innovation "de rupture", illustrée par la fabrication de "The Machine".
Cloud, big data, mobilité et sécurité des données sont au cœur de l'activité d'HP. /Rémi Benoit

Gérald Karsenti, 51 ans, est à la tête d'HP France depuis 3 ans, et déjà il y marque les esprits. Sous la présidence de ce leader affirmé et bosseur acharné, la filiale de l'entreprise américaine est entrée en 2013 dans le top 5 des filiales les plus performantes. Alors qu'il y a quelques années, HP était connu essentiellement sur le marché de l'impression et du PC, elle l'est maintenant aussi sur sa capacité à transformer le business process des entreprises.

Cloud, big data, mobilité et sécurité des données sont au cœur de l'activité d'HP. Ainsi, contrairement à IBM par exemple, le groupe est présent sur plusieurs segments de marché (logiciels, serveur, stockage, réseaux, services, pc, printing) : "Nous sommes la seule entreprise au monde à faire du "bout-à-bout". Notre métier est de transférer l'information au bon moment à la bonne personne. En face d'un client, nous comprenons l'ensemble de son flux informationnel." Parmi les clients toulousains, HP France compte Airbus Group et Orange.

Depuis son arrivée, Gérald Karsenti a engagé une réforme en profondeur de l'entreprise, rajeunissant la pyramide des âges tout en évitant un plan social. Fervent défenseur de la diversité homme / femmes au travail (il est pour la suppression de la journée de la femme), il place l'humain au cœur de son management, mais c'est avant tout un businessman : "Tous les matins, je regarde les prises de commandes. Nous avons plusieurs dizaines de millions d'euros d'avance sur notre business plan", affirme-t-il sans donner plus de précisions. Exigeant avec lui-même et avec son entourage, le chef d'entreprise prône l'innovation de rupture pour tirer son épingle du jeu dans une société "qui se transforme" et où la politique "ne va pas assez vite". Reçu à l'Élysée, sa voix est écoutée quand il parle d'innovation et de numérique.

Former les leaders demain

Il se définit lui-même comme "quelqu'un d'assez simple, optimiste mais réaliste". Gérald Karsenti a en effet les pieds sur terre et la tête bien accrochée. Le chef d'entreprise ne dort que 5 heures par nuit et "il aime la vitesse". "En France, on aime passer du temps à analyser, à faire des réunions, à réfléchir. Moi, je pense qu'il vaut mieux se tromper 20 % du temps et avancer, plutôt que de vouloir avoir raison tout le temps et ne rien faire." À la tête d'une filiale de 6.000  salariés (dont une centaine à Toulouse), Gérald Karsenti est conscient de sa responsabilité :

"Pour être un leader, il faut savoir mettre ses problèmes de coté et être à 100 % dans son travail. Il faut être super motivé et affuté physiquement et mentalement. C'est compliqué d'être un leader. Mais c'est passionnant. La passion est ce qui fait que l'on réussit ou que l'on échoue."

Professeur de leadership à HEC Paris, le PDG du groupe informatique est convaincu que la capacité à guider des hommes n'est pas innée et qu'elle s'apprend. Il affirme également que les leaders de demain sont en rupture avec les méthodes actuelles :

"Demain, une entreprise sera jugée sur son bilan RSE autant, voire davantage, que sur ses résultats financiers. Les leaders de ma génération sont trop cartésiens, leur finalité est toujours le profit. Une nouvelle génération de leaders doit accompagner les mutations des entreprises."

Fervent défenseur de la cause des femmes en entreprise, ce patron constate que la loi qui impose un quota de femmes dans les conseils d'administration "est l'arbre qui cache la forêt. Le pouvoir n'est pas dans les conseils d'administration mais dans les comités de direction." Deux des cinq divisions de l'entreprise "dont la plus importante" sont dirigées par des femmes.

"Je mène ces actions aussi pour des raisons de business. Il est prouvé que les entreprises qui appliquent la diversité sont plus performantes."

Respecté par ses salariés, Gérald Karsenti a instauré au sein d'HP France une GPEC (Gestion prévisionnelle de l'emploi et des compétences) pour rajeunir la moyenne d'âge des salariés et stimuler leur motivation tout en évitant un plan social. "J'ai été soutenu par 70 % des syndicats", se félicite le PDG.

"The Machine"...

Toutes les innovations ne se valent pas aux yeux du chef d'entreprise qui distingue les innovations de rupture et les innovations "d'apparat". Pour lui, Bill Gates a changé le monde en installant l'informatique dans chaque foyer. HP n'est pas en reste : Gérald Karsenti a évoqué ce matin à Toulouse la création de The Machine, un projet de data center super-puissant de la taille d'un frigidaire, présenté il y a quelques jours lors de la conférence HP Discover à Las Vegas :

"Nous créons une machine 10 fois plus puissante que la machine existante la plus puissante. Notre machine réalisera 90 % d'économies d'énergies", explique  le patron d'HP France. La nouvelle architecture doit répondre aux nouveaux défis posés par le big data, l'internet des données et l'évolution des usages. HP va également investir 1 Md$ dans le projet Helion, un portefeuille de produits et de services cloud open source.

Une carrière politique ?

Quand on demande à ce spécialiste quel est le niveau de leadership de François Hollande, il sourit et pose un joker. Gérald Karsenti a été reçu à l'Élysée en février dernier pour parler innovation et numérique :

"François Hollande est à l'écoute, reconnaît-il. Il y a une prise de conscience des acteurs politiques sur la transformation de la société. Mais la situation actuelle de la France est déconnectée des problématiques droite / gauche. Il ne faut pas réformer, il faut transformer. La France a besoin d'un coup de pied", estime l'adepte de la vitesse.

Gérald Karsenti l'affirme, il ne veut "pas faire de politique" mais se qualifie de "citoyen exigeant" qui "aime la France".

Et ce citoyen, qui ne "transige pas sur l'essentiel tout en acceptant la contradiction", a révélé aujourd'hui devant le public de la Matinale le secret de sa performance : "j'ai 25 ans dans ma tête !" L'entreprise, elle, fêtera ses 50 ans de présence en France la semaine prochaine.

>>> Son interview vidéo dans l'émission La Tribune des décideurs.

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