Privatisation de Toulouse-Blagnac : deux investisseurs étrangers renoncent, inquiets des positions du gouvernement français

Dans la course au rachat des parts de l'État dans l'aéroport Toulouse-Blagnac, la ligne d'arrivée est proche mais les candidats moins nombreux. L'Australien Macquarie a renoncé à déposer une offre ferme, de même que l'Espagnol Ferrovial, associé au Français Ardian. En effet, certaines positions du gouvernement au sujet des concessionnaires d'autoroutes ont échaudé ces investisseurs étrangers.
"Investir dans un aéroport est un investissement long et important. Un environnement sujet à de tels soubresauts n'est pas encourageant."

Macquarie n'est plus dans la course. La banque d'investissement australienne, dont une antenne est basée à Paris, a renoncé à déposer une offre ferme pour la privatisation de l'aéroport Toulouse-Blagnac, selon une source proche du dossier. Une information que la direction de l'entreprise refuse de commenter. "Macquarie faisait partie des candidats les plus motivés, mais il y a eu un télescopage de calendrier malvenu", explique cette source. La deadline était fixée au 31 octobre dernier et aucun dossier n'a été déposé.

Ferrovial a suivi le même chemin. Associée pour l'occasion au Français Ardian, l'entreprise basée à Madrid nous a confirmé officiellement qu'aucune offre n'a finalement été déposée.

Des déclarations du gouvernement qui ont semé le trouble

Les récentes déclarations et positions de plusieurs membres du gouvernement ont semble-t-il échaudé ces investisseurs étrangers. En effet, Christian Eckert, secrétaire d'État au Budget, a dénoncé il y a quelques semaines les "profits immoraux" des sociétés concessionnaires d'autoroutes. La ministre de l'Écologie a, quant à elle, proposé de compenser la suppression de l'écotaxe par un prélèvement sur les profits des autoroutes. Ségolène Royal avait également suggéré la gratuité des autoroutes le week-end.

Sachant que Macquarie est actionnaire à 50 % avec Eiffage de l'Autoroute Paris-Rhin-Rhône, les déclarations ne sont pas passées inaperçues.

Autre sujet qui sème le trouble : l'État pourrait ne pas verser la totalité de indemnités dues pour la résiliation du contrat de l'État avec Ecomouv, la société chargée de mettre en place l'écotaxe.

"Tout observateur neutre et rationnel se pose des questions sur cette instabilité juridique. Investir dans un aéroport est un investissement long et important. Un environnement sujet à de tels soubresauts n'est pas encourageant", selon notre source.

Des banques réagissent déjà avec une "prime de risque politique"

Les déclarations du gouvernement ont une autre conséquence : un des candidats à la privatisation de l'aéroport se serait vu accordé un prêt plus cher que prévu par les banques, "un prix qui recouvre une prime de risque politique". Un événement, qui, s'il se transforme en tendance, pourrait se retourner contre l'État. "C'est mathématique, confirme un acteur du dossier, si le candidat doit rembourser son prêt plus cher, il offrira moins pour racheter les parts de l'État."

Un point que devra analyser l'État, qui se prépare à céder, dans les années à venir, ses parts dans les aéroports de Nice et Lyon.

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Commentaires 6
à écrit le 05/11/2014 à 22:58
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La réponse est simple: trop de risques surtout avec les socialistes au pouvoir! A la fin, ils "plument" tout le monde.

à écrit le 05/11/2014 à 17:33
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Le conseil général pourrait faire une SEM avec Ardia; ça créerait de l'emploi ... pour les familles des membres du conseil général

à écrit le 05/11/2014 à 17:33
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Le conseil général pourrait faire une SEM avec Ardia; ça créerait de l'emploi ... pour les familles des membres du conseil général

à écrit le 05/11/2014 à 14:38
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Des investisseurs étrangers qui renoncent, inquiets des positions du gouvernement français, ou alors inquiets de l'aggravation de l'économie française ?

à écrit le 05/11/2014 à 14:33
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Où l'on voit que les propos irréfléchis de tel ou telle ministre coûtent chers au pays...

à écrit le 05/11/2014 à 14:16
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Comme dans tout projet privé, une analyse des risques est réalisée. Le risque politique était déjà pris en considération, aujourd'hui, au vu de l'amateurisme de nos politiques, il ne cesse d'augmenter. L'avantage avec le privé, c'est que le grand p...

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