"Être un leader de l’agroalimentaire, c’est un atout pour les investisseurs" Yann Pitollet, Nord France Invest

A la future grande région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, Yann Pitollet, directeur de l’agence de développement Nord France Invest, ne voit que des avantages, et notamment celui de la taille : "Je reviens de Chine. Là-bas, avec 6 millions d'habitants, on vous voit comme un pays. Un petit pays, mais déjà plus grand que certains États européens." Entretien.
Yann Pitollet est le directeur de l’agence de développement Nord France Invest.

LA TRIBUNE - Quels sont les avantages de la future grande région en termes d'attractivité ?

YANN PITOLLET - Nous allons profiter d'un effet de masse. En 2014, le Nord-Pas-de-Calais était la première région de France en nombre d'emplois créés ou sauvegardés sur l'année par les investisseurs étrangers. Il y en avait un peu plus de 3. 000. Avec la Picardie, ce chiffre monte à 4 .000. C'est autant qu'en Écosse ou en Flandre, deux territoires reconnus mondialement pour accueillir un grand nombre d'entreprises étrangères.

Je reviens de Chine. Là-bas, avec 6 millions d'habitants, on vous voit comme un pays. Un petit pays, mais déjà plus grand que certains États européens. Ce sont des références qui leur parlent.

Maintenant, en plus d'être la première région ferroviaire de France, avec près de 10 .000 salariés, et la deuxième région automobile avec plus de 200 équipementiers, et près des deux tiers des constructeurs européens à moins de 500 km, nous allons faire partie des leaders européens en tant que transformateur de produits agricoles.

C'est un atout pour attirer les investisseurs de l'agroalimentaire, désireux de se trouver au plus près de leurs ressources. Nous pouvons aussi trouver des points de convergence dans l'industrie du luxe pourquoi pas, avec la dentelle de Calais et la Glass Vallée, située dans la vallée de la Bresle, où se concentrent plus de 75 % de la production mondiale de flacons de luxe.

En quoi sa position géographique joue-t-elle également en sa faveur ?

Le Nord-Pas-de-Calais était situé au cœur du triangle Londres, Paris, Bruxelles. La future grande région du nord de la France aura en plus Roissy à portée de vue. Nous pourrons proposer aux investisseurs à la recherche d'une proximité avec l'Île-de-France de venir s'implanter chez nous. Cela va élargir la palette des offres. Nous aurons un choix plus important de solutions à offrir.

Lille a su construire un écosystème favorable au développement d'une filière numérique reconnue sur le plan international. En quoi la grande région est-elle une chance pour cette filière ?

Le numérique se développe à Lille mais aussi à Valenciennes, à Calais et à Compiègne. Vu de New York, de Bangalore ou de Shenzhen, c'est à peu près au même endroit. L'enjeu clef du numérique est la ressource humaine. Il faut à ses entreprises du personnel qualifié et des jeunes formés à leurs métiers.

Nous avons des écoles et des universités qui savent bien le faire. Mais plus il y a aura de besoins en recrutement dans ce secteur, plus de nouveaux outils de formation se monteront. Et ces outils attireront à leur tour de nouveaux employeurs. On aura alors créé un cercle vertueux.

Il existe dans le Nord-Pas-de-Calais une réelle synergie des services publics dédiés à l'international. La Picardie n'a pas la même approche. Comment pensez-vous que vont évoluer les organisations actuelles ?

Nord France Invest est financé à 85 % par la Région et 15 % par la CCI Nord de France. Une vingtaine de personnes y travaillent. Nous disposons d'un budget de 2,5 millions d'euros. Tous les territoires sont représentés à notre conseil d'administration. La moitié des implantations étrangères réalisées dans le Nord-Pas-de-Calais correspond à des dossiers traités par l'agence.

En Picardie, les dossiers sont suivis par une équipe du conseil régional. L'internationalisation est un levier important du développement économique d'un territoire. Il faudra un système d'accompagnement de cette internationalisation qui fonctionne pour toute la grande région. Il faudra inventer et surtout ne pas faire du copier-coller. C'est le futur exécutif qui décidera de la forme que prendra cet accompagnement.

Et en attendant ?

Nous commençons à répondre ensemble à certaines demandes d'investisseurs et avons confié une étude à Xerfi. Cette étude est destinée à recueillir les informations nécessaires à nos futurs argumentaires. Nous saurons de manière chiffrée quels sont nos atouts par rapport aux autres futures régions françaises et aux concurrents étrangers. Tout sera finalisé en janvier 2016. Nos actions de prospection pourront ainsi continuer le temps que les orientations stratégiques soient mises en œuvre par le nouvel exécutif.

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Commentaires 2
à écrit le 01/11/2015 à 17:33
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"Etre un leader de l'agroalimentaire, c'est un atout pour les investisseurs"...Et pour le consommateur?...C'est la certitude de manger des produits transformés, bourrés de sucre, de graisse, de produits chimiques... L'assurance d'une obésité, d'un di...

à écrit le 01/11/2015 à 11:14
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Agro-alimentaire et investissements.... Sauf que agro-alimentaire devrait en premier signifier... produits de qualité pour une meilleure santé des consommateurs. Ce qui n'est pas le cas. Monsanto est toujours là. Le Parlement européen lui laissant l...

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