Harmoniser ses grandes disparités, un enjeu pour le « Grand Nord »

La future grande région du Nord rassemble un territoire à forte densité de population concentrée dans de grosses agglomérations, et un autre marqué par un habitat périurbain. Pour réussir, elle a besoin d’un réseau de transports adapté à l’essor d’activités locales comme l’agriculture, l’agroalimentaire, l’automobile et le ferroviaire.
La future région qui rassemblera le Nord-Pas-de-Calais et la Picardie sera la seule à jouxter l'Île-de-France tout en ayant une frontière terrestre internationale et une façade maritime avec un grand port autonome.
La future région qui rassemblera le Nord-Pas-de-Calais et la Picardie sera la seule à jouxter l'Île-de-France tout en ayant une frontière terrestre internationale et une façade maritime avec un grand port autonome. (Crédits : Reuters)

La future région qui rassemblera le Nord-Pas-de-Calais et la Picardie sera la seule à jouxter l'Île-de-France tout en ayant une frontière terrestre internationale et une façade maritime avec un grand port autonome. Elle se trouvera au cœur d'un bassin de 100 millions d'habitants.

Cette situation géographique va accroître sa visibilité et renforcer son positionnement au carrefour de l'Europe du Nord. Mais dans le même temps, elle la placera sous l'influence du Grand Paris, du Grand Londres, des conurbations du Benelux et de la Ruhr. Aux entreprises et aux élus de transformer cette position en atout stratégique.

Les transports régionaux, une question cruciale

Pour Frédéric Motte, président du Medef Nord-Pas-de-Calais, c'est un des principaux enjeux que doit réussir à relever cette grande région.

« Elle se trouve à une place intéressante pour fabriquer les produits, proposer les services et offrir les espaces dont ont besoin ses voisins. Surtout ceux dont les grosses agglomérations commencent à être saturées. »

Mais ce n'est pas gagné d'avance car le danger pour les Nordistes et les Picards serait de voir leur territoire se transformer en une simple zone de transit. « Une bonne position n'exclut pas le risque d'être une zone d'ombre », comme il est écrit dans l'Atlas de la Nouvelle Région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, réalisé conjointement par les deux conseils régionaux.

Pour l'éviter, les Ceser (Conseil économique, social et environnemental régional) des deux régions ont insisté, lors d'un colloque qui les a réunis en juillet, sur la nécessité de relier ses territoires par des voies de communication qui facilitent la mobilité des personnes et des marchandises.

Aujourd'hui, les lignes ferroviaires du Nord-Pas-de-Calais constituent une étoile unifiant un réseau de villes très dense et centré sur la métropole lilloise dans un territoire à forte densité de population. Le réseau picard est, lui, plutôt centrifuge, avec plus de 85 % du trafic tourné vers Paris. La Picardie est marquée par un habitat périurbain réparti autour de villes moyennes. De nombreux territoires éloignés des zones d'activités sont encore mal desservis. Pour Valérie Létard, présidente de la fédération du Nord de l'UDI, en campagne aux côtés de Xavier Bertrand, candidat LR-UDI aux élections régionales, le réseau « manque de raccordement aux grandes lignes et de cadencement aux TER. Il faut répondre aux besoins de transport domicile-travail. N'oublions pas que plus de 4 millions de personnes habitent en dehors des grosses métropoles ».

Mais les transports représentant déjà le principal poste budgétaire des deux régions, il sera difficile pour les futurs élus de l'accroître. D'autant plus que la dette actuelle de la Région Nord-Pas-de-Calais dépasse les 2 milliards d'euros, et celle de la Picardie les 560 millions d'euros.

Pour Rudy Elegeest, maire DVG de Mons-en-Barœul aux côtés du candidat PS Pierre de Saintignon, il faut quand même continuer à investir. Et de citer le projet du Réseau express Grand Lille (REGL) destiné à désengorger les axes autoroutiers entre Lille et l'ancien bassin minier autour d'Hénin-Beaumont, l'extension du port de Calais, la mise en place d'une liaison rapide entre Amiens et Lille, le projet ferroviaire Roissy-Picardie et bien sûr celui du Canal Seine Nord Europe.

Tête de liste EELV au côté de Sandrine Rousseau, Emmanuel Cau préfère optimiser les infrastructures existantes plutôt que de se lancer dans de gros projets comme le REGL, bien trop lourd à financer. Mais il veut bien approuver le projet du canal Seine-Nord Europe s'il a un réel impact sur le transfert modal des marchandises vers le transport par voie d'eau, tout en rappelant que la proportion du fluvial n'a pas augmenté après l'implantation de la plateforme multimodale de Dourges.

D'autres, comme Jacques Vincent, président du Medef Picardie, voient dans ce canal l'opportunité d'un réel développement économique dans la mesure où des ports à conteneurs seront installés sur son parcours. Et ce sera plus facile à aménager avec une seule entité au lieu de deux.

Agro-ressources et industries innovantes

Première région agricole dans la production de sucres et de pommes de terre, le Nord-Pas-de-Calais-Picardie dispose avec la présence d'industries agroalimentaires puissantes de solides atouts en matière d'agro-économie. Selon René Anger, conseiller spécial du président du conseil régional de Picardie, c'est d'ailleurs l'une des filières où les deux régions ont le plus de complémentarité.

« On a sur un même territoire des fermes, des usines, des laboratoires et des pôles de compétitivité. C'est très porteur pour développer les ressources alimentaires de demain et se distinguer dans la chimie du végétal ».

Faire partie d'une plus grande entité régionale devrait aussi profiter à la construction automobile et ferroviaire locale, secteur sur lequel elle est la plus dynamique de France.

« La nouvelle région donne une taille critique à ces filières qui vont pouvoir mutualiser davantage d'acteurs à travers les pôles de compétitivité et les pôles d'excellence. Ceci permettra d'entraîner davantage de PME vers le monde de la recherche et faire émerger davantage d'ETI », avance Frédéric Motte, pour lequel les prochaines élections et la fusion sont de toute manière une bonne occasion de revoir les pratiques en matière de formation, gestion de projets et fiscalité.

Il y aura sans aucun doute des changements. Surtout si Marine Le Pen, actuellement en tête des sondages, est élue.

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