Les entreprises à la peine dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie

Selon la Banque de France et la CCI de Région Nord de France, les entreprises de la région ont dû faire face en 2015 à un contexte économique plus difficile que prévu. Notamment dans l'industrie et la construction, leurs chiffres d'affaires, leurs effectifs et leurs ventes à l'export ont encore été à la baisse. Cependant, les chefs d'entreprises sont confiants pour 2016.
Bonne nouvelle quand même, Renault a récemment annoncé l'embauche de 105 personnes en CDI en 2016 sur son site de Douai (Photo: la chaîne de montage de l'usine Georges-Besse où le tout dernier Espace - dans sa version SUV, donc - est assemblé.)

Le directeur régional de la Banque de France, Stéphane Latouche, résume, en couleurs, la situation qu'ont vécu en 2015 les entreprises du Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Du gris dans l'industrie, du rose dans les services marchands, et du noir dans la construction. Cette « peinture » est le reflet des chiffres publiés par 2.200 entreprises implantées sur ce territoire. Ce panel représente 60% des effectifs industriels et 40 % des effectifs des secteurs de la construction et des services.

« Les entreprises de la région ont dû faire face à un contexte économique plus difficile que prévu. Dans l'industrie et la construction, les chiffres d'affaires entre 2015 et 2014 ont globalement baissé, respectivement de 1% et de 3,4 %. Les baisses d'effectifs y ont été de 0,8 % et de 3,1 %. Pour rappel, en 2014 la production industrielle en Nord - Pas-de-Calais s'était stabilisée, alors qu'en Picardie l'activité s'était dégradée tout au long de l'année », résume Stéphane Latouche.

Niveau bas des investissements quelle que soit l'activité

Pas de quoi se réjouir non plus dans les services marchands car si ce secteur a connu une progression de 2,5 % de son chiffre d'affaires et de 1,7 % de ses effectifs, ses investissements ont reculé de 6,3 %. Considéré comme un des leviers pouvant concourir au redressement de la conjoncture, l'investissement reste encore à un bas niveau quelle que soit l'activité des entreprises. Pour contenir la dégradation de sa rentabilité d'exploitation, la construction a réduit ses investissements de 17,9%. Dans l'industrie, ils se sont stabilisés mais à un niveau plutôt bas, +0,6 %, après deux années de replis.

Embellie dans le matériel de transport aérien, ferré et routier

A noter que la situation diffère dans l'industrie selon la filière. La construction de matériels de transport se porte bien, en particulier dans l'automobile, le ferroviaire et l'aéronautique. Le chiffre d'affaires de leurs usines a crû de 5,5% en 2015 par rapport à 2014. Les investissements y ont augmenté de 13,2%. Mais ces progressions n'ont pas profité à l'emploi, les effectifs baissant de 0,7% dans ce secteur. Bonne nouvelle quand même, Renault a récemment annoncé l'embauche de 105 personnes en CDI en 2016 sur son site de Douai.

Situation difficile dans la métallurgie

Dans la métallurgie, en revanche, la situation n'est guère réjouissante. La fermeture du laminoir de Vallourec à Saint-Saulve et le ralentissement d'activité de son aciérie entraine des centaines de suppressions d'emplois à l'horizon 2017. Les deux usines d'Akers, un fabricant de laminoirs, sont au plus mal. A Dunkerque, la raffinerie SRD va fermer.

Lourdes pertes dans l'équipement électrique et électronique

C'est dans le secteur des équipements électriques et électroniques que les pertes d'emplois sont les plus lourdes avec des réductions d'effectifs de - 3,5 % en 2015 par rapport à 2014. Dans l'industrie, seul l'agroalimentaire a augmenté son nombre de salariés, de + 2,6 %. Mais dans le même temps, il réduisait ses investissements de 27,9 %.

Alors, à quoi donc le CICE a-t-il servi ?

Au vu de ces chiffres peu reluisants, on peut se demander à quoi a servi le Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE). A cette question, Stéphane Latouche répond que « la dégradation de la profitabilité a annulé les effets positifs du CICE en particulier dans les entreprises du secteur de la construction ».

Et la situation ne devrait pas vraiment s'améliorer en 2016. A en croire les intentions des chefs d'entreprises relevées dans l'enquête de la CCI de Région Nord de France, les dirigeants locaux n'envisagent qu'une progression modeste de leur chiffre d'affaires, trop faible pour permettre une véritable amélioration de leur situation financière.

Seulement 19% des dirigeants interrogés prêts à investir

Philippe Vasseur, président de la CCI Nord de France, veut sentir des perspectives d'amélioration dans l'enquête de conjoncture effectuée par ses services. Mais on y voit que les soldes d'opinion sur la trésorerie et la rentabilité demeurent proches de zéro. Seulement 19 % des dirigeants interrogés envisagent d'investir, et 79 % d'entre eux tablent sur une stabilité de leurs effectifs.

« Les quelques lueurs d'espoir que nous pouvons avoir sur l'emploi viennent des ETI qui se disent prêtes à augmenter leurs effectifs. Alors qu'on a l'habitude en France de les présenter comme les plus dynamiques des entreprises, les PME n'envisagent pas de recruter ».

Difficulté à s'adapter aux nouveaux modes de consommation

Plus de la moitié des entreprises considèrent que le lien avec les clients change avec les nouveaux modes de consommation. Les rapports évoluent aussi avec les fournisseurs du fait de la volatilité des coûts des matières premières. La digitalisation impacte leur activité. Face à ses changements, seulement 38 % des entreprises se disent en capacité de réagir. Ce qui conforte Philippe Vasseur dans le rôle d'accompagnement que les CCI ont à jouer pour les aider à s'adapter au monde qui change.

Fusion de toutes les CCI, sauf celles de Picardie ?

A la fin de cette année 2016, les CCI du Nord - Pas-de-Calais vont toutes fusionner en une seule chambre à l'occasion des élections. Cette fusion concernera-t-elle celles de Picardie ? La question n'est pas encore d'actualité.

« Nous avons ici l'habitude de travailler de manière étroite avec le conseil régional. Ce n'est pas le cas en Picardie. Il y a des situations à ajuster avant d'envisager les fusions », confie Philippe Vasseur.

Du moment que les entreprises y trouvent leur compte ...

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Commentaires 2
à écrit le 03/03/2016 à 16:46
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je viens de relever tout comme "bernardo zorro" "la dégradation de la profitabilité " Voila pourquoi il ne faudra pas venir vous planquer à la campagne dans ma cave.

à écrit le 02/03/2016 à 9:18
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"la dégradation de la profitabilité " Quand nos décideurs économiques parlent comme nos décideurs politiques.

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