reGénération veut renouveler la politique à partir d'en bas

Né à Lille en février, le mouvement citoyen reGénération veut mobiliser la population éloignée de la chose publique. Il lance une pétition pour que les élus s'engagent sur ses propositions.
Le mouvement reGénération a récolté 212 propositions concrètes via la plateforme ConsultVox de consultation en ligne.

Deux mois et demi après son lancement, le mouvement reGénération appelant les citoyens des Hauts-de-France à créer ensemble la base d'une rénovation des pratiques politiques a récolté 212 propositions concrètes via la plateforme ConsultVox de consultation en ligne. Hier, Christophe Itier, directeur général de l'association médico-sociale La Sauvegarde et cofondateur de ce mouvement, en rappelait l'ambition lors d'une soirée organisée à Science Po Lille.

« Une grande partie de la population s'est éloignée durablement de la pratique politique. Les derniers députés élus à l'Assemblée Nationale en mars dernier ne l'ont été qu'avec 15 à 20 % des électeurs inscrits. C'est pour répondre à cet état d'urgence politique que ReGénération a organisé un débat citoyen sur le renouveau des pratiques politiques ».

Que la politique ne soit plus un métier à vie

Pierre Mathiot, l'ancien directeur de Sciences-Po Lille a présenté devant une centaine de personnes les principes fondateurs de ce collectif  né à Lille sous l'impulsion de plusieurs personnalités inquiètes des scores du FN et du niveau d'abstention aux dernières élections régionales. Ces personnalités, une trentaine, de diverses sensibilités politiques, sont médecins, universitaires, entrepreneurs, restaurateurs, fonctionnaires et membres d'associations. Ils ne veulent plus d'un monde politique en représentation théâtrale à huit clos.

 « Le gouvernement de la Cité doit être ouvert à tous les citoyens, avance Pierre Mathiot. On l'a oublié avec la professionnalisation de la politique. La politique ne devrait pas être un métier à vie. Etre élu, c'est se mettre au service la Cité puis revenir à son activité d'origine. Pour cela, il faut revoir le statut de l'élu. Des débats lancés sur notre plateforme, nous avons retenu dix propositions et lancé la pétition #Notredémocratie pour que nos élus s'engagent dessus et qu'elles deviennent incontournables dans les programmes présidentiels à venir ».

Pour que le statut de l'élu soit entièrement revu et corrigé

Sur la question des cumuls des mandats, reGénération défend l'idée d'un seul mandat en même temps et pas plus de deux successifs dans le temps. Ceci de manière à pouvoir exercer correctement son mandat en s'y consacrant à temps plein. L'élu doit avoir en plus l'obligation d'exercer le dernier qu'il a conquis. Un maire élu aux élections régionales devra obligatoirement démissionner de son mandat de maire. Un exemple qui fait penser au maire de Lambersart Marc-Philippe Daubresse et à sa démission du conseil régional juste après les élections.

Les élus ne pourront plus salarier avec les enveloppes de frais mises à leur disposition des collaborateurs ayant des liens familiaux avec eux. Ils recevront une rémunération classique reposant sur le versement de cotisations salariales et patronales ouvrant droits à la retraite et au chômage, et entrant dans le calcul de l'impôt sur le revenu.

L'application du statut de salarié protégé à partir de l'entrée en campagne électorale permettra une diversification sociale des candidats. La possibilité de bénéficier des procédures de VAE (Validation des Acquis Professionnels) et des dispositifs de formation prévus par le droit du travail facilitera la reconversion professionnelle à la fin du mandat. ReGénération propose enfin une réduction importante du nombre des élus dans toutes les assemblées territoriales et parlementaires.

« Nous avons veillé à ce que nos propositions soient valides sur le plan juridique et nous pensons que les élus doivent toucher un salaire leur permettant de travailler de manière complètement libérée. Etre à la tête d'une région qui compte 6 millions d'habitants et d'un conseil régional qui emploie plus de 10.000 salariés est une énorme responsabilité. La rémunération des présidents de région doit être à la hauteur de cette responsabilité et de l'emploi du temps chargé qui va avec », ajoute Pierre Mathiot. Une position à contrecourant des critiques faites à Xavier Bertrand quand il s'est augmenté de 4.000 euros pour compenser la fin du cumul de ses mandats après son élection à la présidence des Hauts-de-France.

Une pétition pour convaincre les élus

Reste maintenant à convaincre les élus et en particulier les candidats aux prochaines élections législatives de s'approprier ces propositions. ReGénération compte sur la mobilisation des citoyens et leur donne 30 jours pour signer et faire signer massivement sa pétition lancée dans cet objectif sur sa plateforme.

Mais pourquoi les parlementaires voudraient-ils suivre des recommandations non productives pour eux-mêmes ? A cette question lancée dans la salle, Pierre Mathiot a rappelé qu'après avoir fait débat, la parité a bien réussi à être adoptée. Il a aussi rappelé que les députés et les sénateurs qui cumulent le moins sont les plus jeunes. Il y aurait donc de nouvelles attitudes propices aux changements.

ReGénération ne va pas en rester là. Son collectif prépare déjà un autre débat sur les conditions d'activation quotidienne de la démocratie avec des réflexions sur de nouveaux modes d'élection.

Les Civic Techs seraient-elles l'avenir de la démocratie ? On est tenté de le croire à voir réunis hier soir à l'invitation de reGénération les représentants de Voxe.org, LaPrimaire.org, Drenche, La Transition et Axe Culture. « Depuis que je m'intéresse aux mouvements citoyens, je vois beaucoup de gens qui ont envie d'agir. Une nouvelle dynamique est en train de prendre forme en France », conclut Christophe Itier.

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Commentaires 2
à écrit le 02/05/2016 à 13:37
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De mon coté, je dis que si nous avons un(e) candidat(e) citoyen(ne) choisi lors de laprimaire.org et qui est à la présidentielle, il faut qu'il/elle gagne. Pour réussir cela, il faut un programme avec un consensus général. C'est pourquoi je propose d...

à écrit le 02/05/2016 à 9:15
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Et le quasi-monopole de la fonction publique sur les plages d'élus n'inquiète pas. Il faut ajouter à la liste des proposition l'obligation de démissionner de la fonction publique au moment de l'élection comme en GB et aux USA. On ne peut pas être jug...

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