SNCM : le projet du nouveau directoire reste flou

Transdev reprend la main sur la SNCM. Olivier Diehl a remplacé à la présidence du directoire Marc Dufour, qui était pourtant porteur d'un plan de continuité pour la compagnie maritime marseillaise en difficulté. Le 24 juin prochain, l'assemblée générale entérinera l'entrée en fonction de l'actuel secrétaire général de Transdev : Jérôme Nanty, en lieu et place de l'autre partisan du plan long terme, Gérard Couturier.

Marc Dufour, l'un des deux hommes du duo exécutif porteur d'un scénario de continuité pour la SNCM, a vécu son dernier conseil de surveillance mercredi, n'ayant pas été reconduit suite à l'abstention de l'État lors du conseil de surveillance du 12 mai. Une éviction qui a entraîné dans la foulée le retrait du groupe norvégien Siem Industries, la seule offre de reprise qui était jusqu'alors connue … Il a été remplacé par le candidat de Transdev Olivier Diehl.

Transdev, l'actionnaire majoritaire (66 %) de la compagnie maritime marseillaise, qui peine à trouver un cap face aux revirements incessants de ses actionnaires, avait adressé lundi 26 mai un courrier aux membres du conseil de surveillance de la SNCM pour les informer qu'il présenterait Olivier Diehl, un professionnel du secteur du transport et de la logistique (Danzas, DHL, Ducros et GeoPost, Barnes Distribution Europe). Il sera secondé par un autre homme de Veolia, l'actuel directeur financier de la SNCM, Marc François, tandis que le DRH Thierry Le Carpentier, proche de Marc Dufour à qui il avait été proposé d'être reconduit en tant que membre du directoire, a finalement refusé.

 

Nouvelle équipe

Quant au sort réservé aux autres proches de Marc Dufour, le directeur de la communication Pierre Jaumain et le directeur des exploitations Franck Sammut, ils devraient être fixés très rapidement dès lundi 2 juin. Reste le projet de la nouvelle équipe. Si Marc Dufour incarnait la continuité pour l'entreprise, moyennant un changement complet d'exploitation avec des navires mixtes Ropax neufs et rapides, la feuille de route du nouveau directoire reste ambiguë. Ce qui commence à susciter des remous chez les salariés, que la destitution de Marc Dufour avait laissé étrangement sans réactions, comme anesthésiés. La grève reste une arme à manier avec précaution compte tenu de la situation économique très difficile (- 30 % du niveau de réservations par rapport à l'exercice précédent) de la compagnie tout en faisant le jeu des partisans du dépôt de bilan. 

 

Jeu de dupes 

Inquiets de l'alignement des représentants de l'État sur la position de l'actionnaire majoritaire, les syndicats CFE-CGC, représentés au sein du Conseil de surveillance par Maurice Perrin (pour les actionnaires salariés) et par Pierre Maupoint de Vandeul (pour les cadres et les officiers), ont adressé un énième courrier le 22 mai au secrétaire d'État aux Transports à la Mer et à la Pêche, demandant clarification sur un certain nombre de points suite aux différentes révélations de ces jours, à commencer par "l'organisation par Transdev de démarches concrètes en préparation d'un démantèlement de la SNCM."

Estimant être au coeur d'un jeu de dupes, ils exigent une position ferme sur le périmètre d'activité de la future SNCM, soit, au départ de Marseille, Toulon et Nice vers la Corse et le Maghreb, et sur les moyens : une flotte à huit navires, dont quatre devaient être commandés avant fin juin. Enfin, ils veulent connaître la marge de manœuvre de l'État dans la perspective où le futur dirigeant accélérerait les choses en déposant le bilan avant cessation de paiement dans le cadre d'une procédure collective de sauvegarde.

 

Grève dure

Les syndicats maritimes CGT (marins, dockers, port, douanes, réparation navale) doivent faire état, un peu avant le conseil de surveillance, de leurs actions à venir. Si la SNCM emploie 1 500 personnes, elle représenterait 1 000 emplois de plus en sous-traitance répartis au sein d'une petite centaine d'entreprises. Après avoir agité la menace, le syndicat des marins de la SNCM a pour sa part confirmé une grève "dure" pour le 24 juin, date de l'assemblée générale des actionnaires. Les syndicats réagissent notamment aux révélations du Marin le 22 mai qui indiquent des tractations en coulisses en vue d'une cession de la flotte actuelle - en lieu et place du plan long terme et de financement de nouveaux navires qui leur a été maintes fois confirmé ces derniers mois.

Selon Le Marin, Transdev arrêterait dès la fin de la saison d'été les lignes au départ de Toulon et Nice vers la Corse. Deux candidats seraient déjà intéressés dont Baja Ferries, holding américaine basée au Mexique et dirigée par Daniel Berrebi, un professionnel du shipping qui exploite en Amérique latine des ferries et qui aurait pour projet de se positionner sur ce marché en Méditerranée. L'homme d'affaires, qui se trouve également à la tête du groupe de services maritimes Unishipping, avait déjà repris en 2011 le Monte Cinto de la SNCM. Tout en écartant "l'achat dans l'immédiat de nouveaux bateaux", Daniel Berrebi affirme être intéressé par la totalité de l'activité.

 

Cahier des charges changé
Troublant car Le Marin avait aussi révélé que Jean-Marc Janaillac, le P-d.g. de Transdev, était toujours en contact avec Magellan, une société à qui avait été initialement confiée (par Marc Dufour) la mission de travailler sur le financement de nouveaux navires dans le cadre du schéma dit "déconsolidant". Or, cette société, dans laquelle on trouve Pierre Sallenave, un ancien du cabinet Fillon, serait toujours active mais, sous une autre raison juridique, et dont la mission aurait switché sur la vente des actifs, mandat toutefois dévolu au même homme Pierre Sallenave.

 

Promesses illusoires 

Dans un article paru dans le Parisien, Jérôme Nanty, secrétaire général de Transdev, qui prendra ses fonctions de président du conseil de surveillance de la SNCM lors de l'assemblée générale du 24 juin en lieu et place de Gérard Couturier, réfute tout démantèlement "La préoccupation de Transdev, en tant qu'actionnaire de la SNCM, est de lui assurer un avenir, en particulier là où nous avons une délégation de service public, au départ de Marseille. Il n'est donc pas question d'y toucher une seule seconde." Quant à l'investissement dans de nouveaux bateaux : "les promesses illusoires, fondées sur une vision fausse de la situation de la SNCM, devront céder la place à une analyse rigoureuse de ses difficultés opérationnelles et juridiques. C'est l'intérêt vital de l'entreprise, des acteurs territoriaux et surtout des salariés." En l'occurrence, les salariés peuvent craindre car un démantèlement signifiera bien plus de casse sociale que ce qui avait été négocié jusqu'à présent (515 suppressions de poste d'ici à 2016). 

 

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Commentaires 3
à écrit le 21/07/2014 à 15:27
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aus usa ca serait vite reglé,on vire tout le monde ,on repart a zero ,avec de nouveaux contrats ... oui mais c est la france et la cgt qui ruine toites les entreprises ..!!

à écrit le 30/05/2014 à 12:55
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qui a mis cette entreprise au bord du dépôt de bilan ?merci aux dirigeants incapables merci aux syndicats irresponsables merci a l état d avoir englouti des millions d euros des contribuables .et disons le arrêtons le massacre !

à écrit le 30/05/2014 à 12:41
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merci aux syndicats....les concurrents se régalent a croire qu ils ont touches une ristourne

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