« Aix-Marseille peut devenir un hub phénoménal en vingt ans ! »

Selon Christian de Saint-Etienne, économiste, auteur du rapport "Aix-Marseille-Provence 2030", la métropole a besoin de 14 milliards d'investissements structurants, pour la mobilité des personnes jusqu'au transport de conteneurs, pour devenir la tête de pont de l'Europe pour les flux d'Afrique et d'Asie.
Selon Christian Saint-Étienne, il faut mettre en place une grande « agence nationale [des] investissements structurants regroupant l’État, les régions et les métropoles. »

« La métropole Aix-Marseille-Provence peut devenir un hub phénoménal en vingt ans si l'on s'en donne les moyens. »

Christian Saint-Étienne, qui croit à l'avènement d'une troisième révolution industrielle « i-conomique », guidée par l'innovation et Internet, en est persuadé. L'économiste vient d'ailleurs de rendre un rapport dans ce sens à la Chambre de commerce et d'industrie Marseille Provence.

« Il n'est absolument pas ridicule d'imaginer que cette métropole devienne le hub de la Méditerranée et la tête stratégique de l'Europe sur la Méditerranée. Cette vision est vitale. Si les Provençaux n'ont pas cette ambition, ils ne feront jamais les investissements structurants nécessaires. Les collectivités, à la suite de l'État depuis trente ans, ne privilégient plus les investissements structurants. Les investissements structurants, c'est à peine 30% des investissements publics aujourd'hui, alors qu'ils devraient être à 50%. Vu les opportunités en Méditerranée, nos concurrents feront ces investissements et nous passeront devant. »

La croissance bénéficie de la métropolisation

Le potentiel de la métropole ? Le maritime, transport et logistique, avec ses 54.000 emplois directs, mais aussi l'aéronautique, le numérique, la santé, le tourisme. Le contexte ? Il joue en faveur d'Aix Marseille.

« Les flux logistiques mondiaux sont en train de se réorganiser, le canal de Suez vient de doubler, et l'Afrique a un taux de croissance trois fois plus élevé que celui de l'Europe. Au croisement, il y a Marseille. La métropole doit savoir gérer cette nouvelle donne, explique Christian Saint-Étienne. L'effet « métropolisation » existe. Toutes les données statistiques le montrent, la métropolisation a un effet bénéfique sur la croissance. Mais cet effet peut être totalement anéanti par une mauvaise gouvernance, une gouvernance faible ou sans vision. C'est le choix qu'Aix Marseille Provence va devoir faire dans les prochaines semaines. Si les élus choisissent une métropole réduite aux acquêts uniquement préoccupée de redistribuer les finances aux communes, cela ne servira à rien, c'est perdu d'avance. S'ils comprennent l'enjeu économique et son rôle moteur dans les investissements structurants et envisagent de se doter d'une capacité de financement très supérieure à ce que la loi prévoit pour l'instant, 150 millions d'euros seulement, elle sera moteur de ce "hub" et va entraîner les autres. »

Christian Saint-Étienne propose de porter à 1,4 milliard par an, de 2020 à 2030, la capacité de financement de la métropole. Mais même avec 14 milliards en dix ans, elle ne pourra rien seule :

« Le port de Marseille est le meilleur exemple. Il est le premier atout de la métropole et il n'a pas besoin de gros investissements. En revanche, la priorité est la création des liaisons routière et ferroviaire entre Fos-sur-Mer et Salon-de-Provence. Il faut pouvoir transporter les conteneurs du port aux axes routiers et fluviaux, au Rhône, à la vallée du Rhône. Rotterdam, Anvers et Hambourg approchent de la saturation et tout le monde cherche une alternative en Méditerranée, avec un axe Bruxelles-Lyon. Il est possible de tripler le trafic de conteneurs de Marseille si cette liaison est faite. Ce ne sont pas les communes qui vont la réaliser ; ce n'est pas même la métropole seule. En revanche, dès qu'il est élu, le président d'Aix Marseille doit aller voir son homologue lyonnais. Gérard Collomb va bénéficier tout autant que Jean-Claude Gaudin de cette nouvelle liaison. Les deux métropoles ensemble, c'est une force de frappe pour convaincre l'État de rentrer dans un investissement structurant de cette ampleur. »

La gare d'Aix au centre du « RER du Sud-Est »

Christian Saint-Étienne pousse son idée « d'une agence nationale de ces investissements structurants regroupant l'État, les régions et les métropoles. Le sujet, c'est de mettre tout le monde autour de la table et de retrouver une vision. L'idée d'une grande voie de fret Le Havre-Paris-Lyon-Marseille ne peut se faire qu'à ce niveau-là, aucune des métropoles ne peut la mettre en place seule. Je pense qu'avec un accord stratégique entre Lyon et Marseille, on pourrait arriver à bouger l'État. »

D'autres investissements tout aussi importants et structurants pourraient également se faire, mais avec la seule métropole. L'exemple, c'est la gare TGV d'Aix. Elle est aux Milles, sur le plateau de l'Arbois, pile au centre de la métropole Aix-Marseille, pile au centre de ce que Christian Saint-Étienne appelle le

« RER du Sud-Est », c'est-à-dire la ligne TGV Lyon-Aix-Marseille-Toulon-Nice :

« C'est là qu'il faut implanter les startups, qu'il faut lancer un programme d'un million de mètres carrés de tertiaire, qu'il faut mettre 1 des 14 milliards d'investissements de la période 2020-2030. Cette gare TGV doit être le noeud central du Grand Sud-Est. »

Le principal investissement pour lui reste quand même celui à faire sur les mobilités. Plus de 6 milliards d'euros.

« La métropole souffre de l'absence d'une autorité régulatrice des transports et 96% des déplacements entre les bassins d'activité et d'habitation se font en voiture. Marseille-Aubagne, Marseille-Étang de Berre et Marseille-Aix, tout cela est congestionné, saturé et bloque le développement économique. En plus, la métropole s'urbanise à la vitesse de l'Île-de-France et les transports ne bougent toujours pas. Les investissements sont insuffisants, il est impossible de se garer à la gare TGV des Milles, celle de Marseille-Saint-Charles est trop dure à gérer, et l'aéroport de Marignane est à peine accessible en transports en commun. »

Et pour compliquer le tout, il y a actuellement huit autorités organisatrices de transport sur le territoire et qui ont des moyens totalement insuffisants. D'où la nécessité de mettre sur pied un projet stratégique sur la mobilité : là où le Grand Lyon dépense 680 euros par habitant pour les transports, le Grand Marseille, toutes autorités confondues, atteint seulement 380 euros !

« Je ne sais pas si Jean-Claude Gaudin aura la présidence de cette métropole, continue Christian Saint-Étienne, mais je sais qu'il va falloir une vraie vision de long terme et une volonté réformatrice. À côté de l'exécutif de cette métropole, il serait bien de mettre en place un conseil stratégique d'une quinzaine de membres avec l'État, les grands acteurs de l'équipement, le port, etc., pour mettre en place ce plan stratégique, et qu'ils impriment cette vision. »

Le diagnostic est sur la table et, pour Christian Saint-Étienne, il faut désormais produire un « schéma directeur d'investissements structurants à réaliser en dix ans ».

Et il ajoute : « Entre la mise en place de la métropole et le résultat des élections régionales, on va être fixé dans les six mois sur l'avenir d'Aix-Marseille. »

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Commentaires 9
à écrit le 04/10/2015 à 22:00
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Christian Saint Étienne tente-t-il un Come back ?? Qui peut encore accorder une quelconque attention à cet enragé du "french bashing" ??? Ses outrances l'ont complètement discrédité. Il est même difficile d'imaginer ce qu'il peut bien enseigner...

à écrit le 04/10/2015 à 21:03
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Il faudrait peut-être envisager une relation fluviale avec Rotterdam par le Rhin ou la Moselle.

à écrit le 04/10/2015 à 9:46
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Et on remarquera aussi que son plan repose sur 14 milliards d'argent qui sort de la poche du contribuable. S'il n'était pas dans la mouvance politique, quel grand capitaine d'entreprise il serait :-) :-)

à écrit le 04/10/2015 à 8:10
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Du jus de cerveau déconnecté du réel. L'état est ruiné, les régions pareil, les investisseurs privés ne veulent pas prendre de risques dans un pays socialiste dirigé par le clan des taxeurs moralisateurs profiteurs alors oui, ces discours sont du ven...

à écrit le 03/10/2015 à 13:22
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C'est une blague ? Avec toute l'insécurité qu'il y a là bas ? Sans parler du reste...

à écrit le 03/10/2015 à 12:04
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Encore un "économiste" à deux balles :-) Imaginez un peu une entreprise qui va vous dire qu'elle commencera (peut-être) à faire des profits dans 20 ans !!! Vous n'allez même pas faire rire votre banquier ou les investisseurs boursiers :-)

à écrit le 03/10/2015 à 11:31
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la campagne electorale commence Les iddees et les promesses arrivent, mais c est vrais qu il faut avoir des visions et des progees d avenir, le probleme c est ses vieux tenorts de la politique qu il faudrais mettre a la retraite???

le 04/10/2015 à 1:35
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Oui on ne saurait mieux dire, ces dinosaures de la politique n'ont aucune vision stratégique et encore moins de long terme, reste que ce constat poser par Christian Saint-Etienne est très intéressant. Dont acte.

à écrit le 03/10/2015 à 10:41
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Le problème n’est pas tant l’argent mais plutôt toutes les associations de riverains, les syndicats du port de Marseille et ceux pour qui le changement c’est pour les autres.

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