Pourquoi PACA se prend de passion pour la Chine

Une croissance qui frise l'insolence et les 7%, des besoins en termes de solutions environnementales, une recherche de compétences en numérique... Devant un marché aussi prometteur, les entreprises de Provence-Alpes-Côte d'Azur regardent l'Empire du milieu avec les yeux de Chimène.
« L'innovation est un axe de croissance clé en Chine, il l'est aussi en Provence-Alpes-Côte d'Azur », martèle Christian Estrosi, qui veut parier sur les points communs. « La Chine va faire en dix ans ce que d'autres font en trente ans », analyse Javier Gimeno.

Il y a des réputations qui collent à la peau et dont il est difficile de se défaire... Longtemps perçue comme une nation ne sachant - presque - que copier, la Chine a pourtant bien plus à offrir que l'image d'un pays qui ne surferait que sur les compétences des autres. Car elle n'est pas la seconde puissance économique et le premier exportateur mondial rien qu'en étant ainsi structurée. Elle est, au contraire, dans un modèle parfaitement ouvert sur les opportunités à saisir.

Entre PACA et la Chine, des échanges qui s'intensifient

« L'économie est notre boussole qui me guide aujourd'hui en Chine », disait en octobre dernier Christian Estrosi, alors en déplacement officiel. Une mission économique menée tambour battant et surtout extrêmement préparée, calibrée, pensée. Car les enjeux sont réels. Depuis 2015, le pays est devenu le premier fournisseur de Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA) pour ce qui est des articles d'habillement, de sport, de jeux et jouets, de téléphones et d'équipements de communication sans oublier les bagages et les chaussures. En même temps, les ventes à destination de la Chine ont elles aussi progressé, tirées d'une part par l'industrie de l'aéronautique et du spatial - c'est-à-dire par Airbus Helicopters basé à Marignane et par Thales Alenia Space implanté à Cannes - et par tout ce qui relève de la cosmétique et du parfum plus précisément.

Et il y a également des sujets qui concernent autant PACA que certaines provinces chinoises, notamment celle du Guangdong avec laquelle un partenariat a été conclu. C'est le cas pour ce qui est de l'économie maritime - PACA a DCNS, tandis que Canton, Shenzhen et Zhuhai sont des villes portuaires - ou la silver économie. L'union sacrée a donc lieu d'être, d'autant plus que la Chine représente un marché suffisamment large pour contenter tous les appétits.

PACA attire par exemple 6% des investissements chinois en France, ce qui représente 4% des investissements étrangers en région. Et ça pourrait bien continuer ainsi. L'opération séduction menée en octobre dernier par la région avait bien pour but de tenter encore davantage les industriels à choisir d'investir sous le soleil méditerranéen plutôt qu'ailleurs. Visé en premier lieu par cette tentative de charme économique, le n° 3 de la silice, Quechen, dont le projet de s'installer en Europe pourrait bien passer par le site de Piicto à Fos-sur-Mer dans les Bouches-du-Rhône, serait évidemment un appel d'air pour toute une filière et tout le territoire. Car l'investissement programmé de 200 millions d'euros avec une première tranche à 80 millions d'euros, suivie d'une seconde à 35 millions d'euros puis d'une troisième pour le restant, n'est pas négligeable, surtout lorsqu'on veut relancer l'industrie. Elle ne l'est pas davantage en termes d'emplois : 105 dans un premier temps auxquels s'ajoutent 15 personnes affectées à la R & D, pour 150 personnes à terme. Surtout en matière d'image, cette implantation serait significative puisque c'est bien le siège Europe qui s'installerait en terre provençale.

Un marché large et prometteur pour les entreprises régionales

De leur côté, les entreprises régionales ne sont pas en reste. La Chine représente pour beaucoup d'entre elles un marché large et donc prometteur. L'effort - voire l'obligation lorsqu'on est une PME - d'internationalisation prend plus de saveur ici. Surtout que le pays s'ouvre à des problématiques nouvelles pour lui, mais sur lesquelles les entreprises du cru ont déjà des compétences et des expertises. C'est le cas notamment pour tout ce qui concerne les problématiques environnementales, la Chine, face à la pollution qui l'affecte privilégiant désormais les solutions y répondant. C'est ainsi qu'Ecoat, spécialisé dans les peintures polymères et basé à Grasse, a concrétisé un joint-venture avec Pearl River, filiale du conglomérat Vanlead. C'est aussi ce qui a permis à la société niçoise Webelse, qui travaille sur la constitution d'une plateforme axée sur le tourisme écologique, de prendre la mesure du sujet. La signature d'un partenariat de la Région avec le n° 3 du e-commerce, Vip.com, a pour but avoué de promouvoir les spécialités provençales et azuréennes, tels les calissons d'Aix ou les vins produits par les domaines varois comme le Château des Chaberts ou le Château Barbebelle.

« Il y a 2.000 entreprises françaises actives en Chine, dont 1.700 ressortissantes de la chambre de commerce. Elles emploient près de 6.000 personnes [ce qui signifie une grande majorité de PME et TPE, Ndlr] et réalisent 5 millions d'euros de chiffre d'affaires par an. Dans ces 2.000 entreprises, on compte également une centaine de startups de la French Tech », détaille Javier Gimeno, président de CCI France et délégué général Asie-Pacifique à Saint-Gobain.

 Avec l'expertise des grandes écoles étrangères

Surtout, la Chine est « en pleine transformation de son modèle économique, elle quitte celui du XXe siècle et glisse progressivement de l'industrie des volumes, de l'assemblage, de la transformation aux nouvelles technologies. Elle se tourne vers le digital, le e-commerce... » Mais tout cela est fait de façon maîtrisée, voulue et anticipée. Elle reste actrice de ce virage.

Et dans l'histoire, elle compte aussi sur l'expertise des grandes écoles étrangères. C'est dans ce contexte que Kedge BS, l'école de management basée à Marseille et Bordeaux, a pu installer deux instituts franco-chinois, un en management des arts et du design à Shanghai, l'autre en finance, économie et gestion à Suzhou. D'autres écoles n'ont pas cette chance. Pour s'implanter sur le territoire, il faut passer la très lourde sélection que représente l'homologation du gouvernement chinois. EM Lyon par exemple est en plein statu quo pour son projet de business school. « L'innovation est un axe de croissance clé en Chine, il l'est aussi en Provence-Alpes-Côte d'Azur », martèle Christian Estrosi, qui veut parier sur les points communs. « La Chine va faire en dix ans ce que d'autres font en trente ans », analyse Javier Gimeno. L'union sacrée, on vous disait.

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Commentaire 1
à écrit le 27/01/2017 à 13:04
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Sur la croissance de la Chine vous plaisantez j'éspère, on n'en connait ni les tenants ni les aboutissants, si vous vous basez sur cela alors la laissez moi rire !!!!

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