Fifty Truck veut fluidifier le transport de marchandises

Avec la création de la plateforme Fifty Truck, le spécialiste de la logistique industrielle nazairien Idea Group compte amener de nouveaux services et fonctionnalités dans le secteur du transport, fluidifier les pratiques et faire bouger les mentalités. À l'instar de Blablacar...

Fifty Truck entend révolutionner le transport de marchandises. Discrètement lancée en janvier dernier, la plateforme nantaise veut permettre aux industriels de trouver, en quelques clics, une solution de transport simple, fluide et au prix du marché.  Encore en période de tests, le système autorise, pour l'instant, exclusivement l'expédition de marchandises conditionnées sur palette de 100x120 cm ou 80x120 cm, à destination de la France entière. Intuitive, la plateforme propose d'indiquer le nombre et le poids des palettes à expédier, le type de véhicule choisi, s'il est nécessaire de prévoir un hayon, un chariot élévateur ou une grue, la valeur, si les marchandises sont fragiles ou dangereuses, les lieux de prises en charge et de destination, les dates d'enlèvements et de livraison, et le prix estimé. Dès lors, les transporteurs agréés peuvent prendre en charge la marchandise.

« Nous ne sommes pas un commissionnaire digital. L'idée est de délivrer une technologie qui permette plus d'efficacité, de fluidité et d'optimiser les trajets et les taux de remplissage. Mais, contrairement à d'autres modèles économiques, ici, c'est toujours le transporteur qui établit le prix », rappelle Vincent Roux, ex-dirigeant de l'agence nantaise de communication digitale Intuiti, passé de l'autre côté de la barrière pour piloter le projet Fifty Truck.

Né dans le giron du logisticien Idea Group, c'est l'un des neuf projets initiés par l'ETI nazairienne (1.000 personnes -  C.A 110 millions €) pour accompagner la mutation de l'entreprise vers les logiques de l'industrie 4.0.

Favoriser la culture du changement

L'idée a émergé à la suite de « learning expéditions » en Californie.

« J'y suis retourné une dizaine de fois. Seul, avec mon codir, avec des membres de l'équipe ou des acteurs de l'écosystème régional. À chaque fois, j'ai constaté que tout allait plus vite là-bas. Pourquoi ? Parce qu'on leur donne la force et l'envie d'entreprendre. De penser large et gros ! De savoir accepter et gérer l'échec. Nous ici, on a des universités, des grandes écoles au top niveau de vraies savoir-faire techniques mutualisables. Pourquoi ce qui marche en Californie ne pourrait pas fonctionner en Europe ? Pourquoi un cariste ne pourrait-il pas devenir pilote de drone ? », explique Bruno Hug de la Rauze, Pdg d'IDEA group qui, en 2014, de retour d'un Xième voyage à San Francisco, a engagé l'entreprise dans une mutation profonde autour de l'innovation.

« Il ne s'agissait pas seulement d'être complètement digitalisé, mais aussi d'exploiter les datas, mettre en place des démarches RSE, développer des services pour permettre à nos clients un développement agile, de flexibiliser les process, d'introduire un changement de culture pour favoriser le collaboratif systématique. Ce qui compte, aujourd'hui, ce n'est plus le savoir-faire, mais votre capacité à générer de nouvelles fonctionnalités, discriminantes et rentables », égrène-t-il.

Simplifier et actualiser les process

En interne et en externe, Idea Group va favoriser les initiatives. Ici, avec un centre de recherche, là avec des startups ou par le biais d'un challenge à l'innovation ouvert à tous les salariés de l'entreprise.

Neuf millions euros sont investis dans ces diverses opérations « dont on sait que certaines n'aboutiront jamais. Ça fait partie du jeu », reconnait le patron d'Idea group, qui veut que « tout ce qui peut être algorithmé doit l'être. »

Avec parfois des succès, comme ce prototype de radar déployé sur un Fenwick pour répondre aux enjeux de sécurité qui a été, par exemple, retenu par le fabricant de chariots et introduit en standard dans sa gamme. Fifity Truck est issue de cette émulation. Pour optimiser la chaine des transports. Un secteur perçu comme « traditionnel, corporatiste et archaïque » où les communications par téléphone, fax ou email sont coutumières et répétées.

« Toutes les informations sont là, mais non exploitées, souvent disséminées dans des tableaux Excel ou dans des cahiers... Or, selon la Fédération Nationale des Transports Routiers, entre les allers et les retours, la flotte de véhicules transporte 20 à 25% d'air. Un industriel qui cherche à expédier un produit est contraint de passer 5 à 10 coups de fil. La digitalisation doit permettre de supprimer les intermédiaires et de simplifier les process. », explique Vincent Roux, à l'origine de la plateforme Fifty Truck, dont la conception est inspirée de l'application « Flight Radar » qui cartographie les allers et venues de tous les avions dans le monde.

Associer les transporteurs

À terme, Fifty Truck, qui a confié la mission à trois développeurs, voudrait pouvoir faire de même :  tracer les véhicules, les chargements pour optimiser les trajets, le trafic, et par la même, réduire les émissions de CO2. La start-up a parallèlement noué un partenariat avec l'École Centrale de Nantes. Elle projette d'investir 400.000 € par an pour affiner sa solution, qui doit intégrer les positionnements GPS, les trajets, les agendas, la réglementation des transports, les compétences des chauffeurs et leur temps de travail, la géographie du territoire, les prédictions de trafic et météorologiques, etc.

Une première levée de fonds devrait être lancée au cours du premier semestre 2018. D'ores et déjà, six transporteurs, représentant 600 camions, auraient accepté de se positionner sur la plateforme pour mener des tests. Pour Fifty Truck, dont le modèle économique repose sur une forme d'abonnement - dont les tarifs sont en cours d'élaboration - pour transporteurs et expéditeurs, le point d'équilibre se situe à 10.000 camions. Il existe 36.000 transporteurs dans l'hexagone, dont 80% ont moins de dix salariés.

«Ce qui nous intéresse, c'est les 20% restants. Ceux qui travaillent le hors gabarit et les produits exotiques. En Europe, ce marché représente 30 milliards d'euros, dont cinq en France. L'objectif serait d'en capter 10%. Dès 2018, on devrait générer un million d'euros de fret transporté», explique le fondateur de Fifty Truck dont l'une des particularités, contrairement aux plateformes de ce type existant sur le marché, est de laisser la main aux transporteurs sur la formation des prix.

« Il ne s'agit pas d'uberiser le marché du transport, mais plutôt de lui proposer de nouveaux services et fonctionnalités en associant les chargeurs et transporteurs dans la démarche. Voire en leur ouvrant le capital de Fifty Truck», explique Bruno Hug de la Rauze, conscient de la capacité de nuisance de routiers.

« À cinq ans, soit on aura pris une vraie avance concurrentielle soit on aura fait naitre 10.000 concurrents et l'on n'existera plus... », résume le dirigeant d'Idea Group.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 22/11/2017 à 11:49
Signaler
Bonjour Pourriez nous dire où vous avez trouvé que "selon la la Fédération Nationale des Transports Routiers, entre les allers et les retours, la flotte de véhicules transporte 20 à 25% d'air." selon le SDES (ex SoES) ce sont moins de 18% des trans...

à écrit le 20/11/2017 à 14:24
Signaler
Vu que le transport routier est le chouchou du lobby pétrolier il est évident que ce n'est pas demain la veille que le ferroutage sera remis en état et qu'il faut donc faire avec ces gros machins qui polluent et détruisent nos infrastructures routièr...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.