Le pôle EMC2 a dix ans

Devenu en dix ans une référence dans le domaine des technologies avancées de production en France, le pôle de compétitivité EMC2 se rêve en écosystème de référence mondial. Le business modèle de la prochaine décennie passe par l'élargissement territorial, la vente de technologies et l'internationalisation de la "Jules Verne Manufacturing Valley".
participation du pôle EMC2 et de la Jules Verne manufacturing valley au salon des matériaux composites JEC 2014.

De la préservation de l'emploi à la conquête de parts de marché, il n'y a qu'un pas que le pôle de compétitivité EMC2 s'apprête à franchir.

Nicolas Orance, Président du pôle EMC2 qui comptabilise cinquante-cinq projets capables d'assoir les bases du business modèle de la Jules Verne Manufacturing Valley, explique :

"Si en dix ans, l'enracinement et la dynamique du pôle EMC2 ont permis de créer ou de préserver 5000 à 10000 emplois sur le territoire régional, il s'agit maintenant d'aller prendre des marchés en commercialisant les technologies issues des recherches collaboratives abouties au cours de trois à cinq dernières années"

Voulu pour rendre visible "l'écosystème expert du savoir-produire en France", ce label, une sorte de marque ombrelle créée il y a près d'un  an par EMC2, englobe l'IRT Jules Vernes (2012), le groupement des technocampus Composites (2009) et Océan (2015), tournés vers la recherche et le développement, une future usine-école, des évènements internationaux, etc. Multidisciplinaire, la filière touche à la fois à l'aéronautique, à la naval, aux transports ferroviaires, à l'automobile, aux Energies Marines renouvelables... autour des nouvelles technologies de productions avancées et des matériaux composites. Le pôle a ainsi identifié douze technologies d'excellence (composites thermoplastiques, polymères,  techniques avancés de soudage...) et douze technologies en émergence impliquant des savoir-faire de haut niveau à développer et qui participent à la feuille de route du pôle, implanté dans l'environnement industriel de l'actuelle zone aéroportuaire Nantes Atlantique.

Nicolas Orance, réélu le mois dernier à la tête du pôle, observe :

"Alors qu'en 2005, on ne parlait même pas de pôle, on a réussi à réunir de grands groupes industriels, des ETI, des PME, non habitués à travailler ensemble, à collaborer. Les projets de recherche ont aussi permis de détecter des pépites, de faire se rencontrer les tissus de la recherche académique et de l'industrie ".

L'une des difficultés aura été de faire avancer tout le monde à la même vitesse, sans que l'un se tire la couverture.

"On a tenu à jouer l'équilibre. Mais il a fallu,  par exemple, montrer que les technologies déployées pour l'A380 pouvaient présenter un intérêt pour les concepteurs de la navale."

D'où la création cette année du technocampus Océan, plutôt tourné vers l'univers de la mer dont l'inauguration devrait avoir lieu en juin, six ans après le  technocampus Composite créé en 2009 autour des nouveaux matériaux.

"L'usine du futur existe depuis dix ans"

En dix ans, avec un noyau d'une dizaine de personnes, EMC2 a ainsi réussi à capter trois cent adhérents dont 70% de PME et a mené 325 projets de R&D pour 1,6 milliard d'euros , dont 435 millions d'euros financés par des soutiens publics (Etat, région des Pays de la Loire, Nantes Métropole). Soit, une cinquantaine de projets collaboratifs par an. Pour la seule année 2014,  cent cinquante projets ont été en émergence, cinquante, dont dix issus de PME, ont été labellisés pour un montant d'investissement de 278 millions€ et vingt financés.  "Hier comme aujourd'hui, sans le concours appuyé des collectivités locales jamais nous n'aurions pu en arriver là",  souligne Nicolas Orance, au regard du chemin parcouru, et qui constate une très forte accélération des adhésions et des projets au cours des trois à cinq dernières années. "Si bien que nous devrions atteindre les quatre cents projets d'ici 2017. En somme, on peut dire, qu'ici, l'usine du futur existe depuis dix ans", estime le président du pôle EMC2, dont l'une des fiertés est de s'être ancré dans le paysage industriel et technologique français, européen et international.

Penser le manufacturing autrement

Des liens de coopérations ont été progressivement tissés avec les universités de Berkeley aux Etats-unis, avec trois centres de recherche japonais de la région industrielle de Nagoya pour les composites de nouvelles générations,  avec les instituts allemands de la Fraunhofer Gesellschaft ou les hollandais sur le thermoplastique.... "Rien ne sert d'être numéro un si d'autres avant vous à l'autre bout du monde sont déjà avancés sur le sujet."  C'est d'ailleurs l'une des ambitions de la première édition de la« Manufacturing Thinking » organisée à Nantes, les 22 et 23 juin voulue pour être un nouveau et incontournable rendez-vous international des industriels pour penser le "manufacturing autrement".

"Il est aujourd'hui nécessaire  d'activer les débats sur la place de la production dans notre société, tant dans ses dimensions économique que sociétale", affirme Laurent Manach, directeur du pôle EMC2, qui outre un renforcement à l'international va entreprendre une extension territoriale en Bretagne et dans la région Centre, où à Rennes et à Orléans, des postes vont être créer pour nouer des partenariats ou diffuser les projets d'EMC2.

Une école aux nouvelles technologies de production

Pour répondre à la crise des vocations, EMC2 a reçu le soutien du ministère du travail pour monter une Académie Jules Verne  du manufacturing, qui interviendra sur l'ensemble des niveaux de qualification (de l'opérateur au docteur) sur les quatre principaux marchés du pole (aéronautique, naval, transport terrestre et Energie). Créé sur 8000 m², ce campus de nouvelle génération, en partie financé par les investissements d'avenir pourrait accueillir un millier d'étudiants issus d'une dizaine d'établissements de la région. Une sorte de fertilisation croisée qui veut favoriser les ponts entre l'enseignement technique, les écoles d'ingénieurs, etc. Un moyen aussi de s'approprier des matériels et technologies coûteux dont les établissements d'enseignements ne sont pas équipés.

"Le troisième enjeu est bel et bien de développer du business. De valoriser les technologies pour produire plus vite et moins cher. Il faut maintenant vendre des technos et prendre des marchés pour les gens qui ont misé sur ces projets là", indique Nicolas Orance. "Etre agile et force de proposition pour anticiper une éventuelle diminution de moyens dans le contexte que l'on connait. On veut fonctionner comme dans la vraie vie."

Car l'ambition des dix prochaines années, c'est bien de devenir la prochaine Silicon Valley.

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