« Mettre le cap vers l'international est essentiel » Johanna Rolland

[ #SmartCityNantes ] Que sera Nantes dans dix ans ? Pour sa maire, elle sera « une des métropoles françaises les plus dynamiques sur les questions de transition écologique et numérique » et « une métropole européenne qui rayonne ». Autant dire que « la smart city à la nantaise » assume fièrement ses ambitions et s'organise pour réussir.
Johanna Rolland, maire de Nantes et présidente de Nantes Métropole

LA TRIBUNE - Vous parlez d'une smart city à la nantaise, comment la définiriez-vous ?

JOHANNA ROLLAND - À Nantes, on aime mieux parler de « la ville des intelligences », au pluriel. C'est la complémentarité des approches, des regards, des capacités d'investissement qui font ce territoire. Donc, la smart city à la nantaise, c'est une ville, une métropole qui va de l'avant, qui a envie d'inventer, de contribuer à imaginer le monde de demain. C'est à la fois des valeurs - la question de l'égalité dans le rapport au numérique qui est un enjeu important - et une méthode. Elle se traduit aujourd'hui par une organisation et surtout un partage du mode opératoire à travers les acteurs concernés. Nous avons, à Nantes, une volonté collaborative extrêmement forte.

Pourquoi pensez-vous que la construction d'une ville intelligente était l'un des enjeux de votre mandat ?

La smart city, ce n'est pas une fin en soi. C'est une manière de s'adapter aux mutations de la société. Nous sommes dans un monde qui bouge de plus en plus vite. Un des enjeux de ce mandat, c'est d'inventer et de construire le Nantes de demain. D'un point de vue économique, social, ressources humaines et écologiques. Autour des grandes questions de transitions, la smart city a un rôle à jouer. Et c'est aussi l'occasion d'amener dans l'aventure de nouveaux acteurs. Dans la smart city à la nantaise, on travaille avec des acteurs historiques, traditionnels, qui font Nantes depuis de nombreuses années, des acteurs qui ont émergé depuis moins longtemps et ceux qui nous rejoignent. De jeunes startuppeurs parisiens venus s'installer à Nantes me disaient qu'ici, l'échelle et l'interpénétration d'un écosystème qui bouge et qui se connaît faisaient gagner du temps. Donc, sur les enjeux d'une smart city, les questions de la rapidité et de l'adaptabilité sont vraiment essentielles.

Quels sont les grands projets de la smart city nantaise que vous voulez accélérer ?

La première chose, c'est le passage du cap de l'international. C'est absolument essentiel, l'un de nos objectifs est de faire de Nantes une métropole européenne. La présidence d'Eurocities par Nantes nous aide à avoir un regard européen et international. Pour moi, il n'y a pas un modèle de smart city. Chacun doit s'adapter à l'identité de sa ville. Mais aller s'inspirer de villes comme Amsterdam ou Barcelone donne du souffle et un certain nombre d'idées. À l'inverse, je ne crois pas, par exemple, au tout-technologique. Sur le champ économique, c'est bien la capacité d'accompagner les acteurs économiques, et notamment dans l'alliance entre les grandes industries traditionnelles et les petites startups. Le vrai sujet, c'est celui de la numérisation commune, de favoriser le croisement et la capacité à aller à l'international avec cette idée de dire : « Jouons, gagnants-gagnants. »

Quels sont les effets sociaux et économiques de la numérisation amorcée sur la métropole ?

D'abord, l'obtention du label Nantes Tech a servi d'accélérateur. Ce n'est pas une fin en soi, mais il a favorisé la mise en synergie des acteurs. Ici, la démarche est portée par les politiques, les startups, la CCI, l'université, les chercheurs, et c'est ce qui fait la force de la démarche. Maintenant, on est à l'étape suivante. Avec la mise en place d'une équipe dédiée parce qu'il faut construire, il faut un plan d'actions, une efficacité, accompagner l'élaboration de modèles économiques. Nous sommes aujourd'hui dans cette phase d'opérationnalité, avec notamment le rapprochement de startups et grands comptes. Il y a ce que la métropole peut faire seule et ce qu'elle peut provoquer... en mettant les uns et les autres autour de la table. Ça participe au processus d'accélération

Comment les nouvelles technologies peuvent-elles améliorer la vie des Nantais ?

Elles le peuvent si elles sont à destination de chacune et de chacun. La transition numérique peut être soit un risque d'accroître les inégalités avec les conséquences économiques que cela a, soit un outil qui contribue à la lutte contre les inégalités. C'est pourquoi j'insiste sur l'éducation au numérique dans notre projet de smart city à la nantaise. Les nouvelles technologies facilitent la vie, si elles sont les plus simples et les plus transparentes possibles. L'application « Nantes dans ma poche » est très simple, très sobre, sans ostentation... Par contre dans la vie au quotidien, dans le changement des usages et le fait de s'adapter aux évolutions de modes de vie et comportement des habitants, elle est très intéressante.

À quels obstacles devez-vous faire face ?

Au début, à une méconnaissance des enjeux pour un territoire dans certains milieux et des sphères très différentes. Cela bouscule les habitudes dans certains grands groupes, dans les grandes administrations publiques. J'ai fait le choix en début de mandat de nommer un adjoint chargé de l'innovation et du numérique et restructurer l'administration de la métropole en créant une direction à part entière, qui est responsable de ses questions à l'innovation. Elle a pour mission de permettre la mobilisation de toutes nos politiques publiques au service de l'innovation. Vous imaginez bien que dans cette grande maison de 8000 agents, cet énoncé de la modernisation de l'action publique, fidèle à ses valeurs, mais qui doit être le service public de 2015, cela nécessite... de la conviction.

À quelles économies peut-on s'attendre ? En a-t-on réalisé ?

Le calcul économique est extrêmement complexe. Aujourd'hui, ce serait trop approximatif de donner un chiffre sur des économies réalisées. Mais nous sommes en cours d'évaluation.

L'harmonisation de la démarche smart city à l'ensemble des communes de la métropole s'avère-t-elle complexe ?

Plutôt que de le faire de façon théorique, j'ai souhaité l'aborder de façon pragmatique. L'application « Nantes dans ma poche » a été l'occasion de le faire, avec la mise en place d'ateliers prospectifs sur l'innovation au début du mandat. La question était : « À Nantes, la smart city qu'est ce que c'est, que veut-on faire ? », etc. Cela nous a permis d'avancer sur la conception collective. C'est une vraie question. parce que nous sommes la sixième métropole française. Et, l'avenir de ce pays s'invente dans les territoires et en l'occurrence dans les métropoles. Elles ont un rôle important à jouer. Pas seulement celui de locomotive pour leur territoire, mais elles ont aussi une capacité d'entraînement. Soixante-dix pour cent de l'investissement public dans le pays a lieu dans les métropoles, où une partie déterminante du PIB du pays est produit. Cette capacité de réseau est donc essentielle. Notre volonté est d'avancer sur ces sujets au sein des métropoles de l'Ouest, avec Rennes, Angers, Brest, Saint-Nazaire... Cela fait partie de mes préoccupations.

Comment imaginez-vous la métropole nantaise dans dix ans ?

Nantes dans dix ans, ce doit être une métropole européenne qui rayonne à l'international, qui a gardé ses valeurs, qui s'est organisée pour refuser la standardisation des grandes métropoles mondiales et c'est l'endroit où tous les créatifs, tous ceux qui ont une idée, une envie d'entreprendre, d'investir, se diront : « À Nantes, c'est possible de le faire. »

Dans dix ans, on doit être une des métropoles françaises les plus dynamiques de ce pays sur les questions de transition écologique et numérique, et on ne doit pas avoir oublié que le fil de nos valeurs, c'est l'égalité.

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Commentaires 3
à écrit le 26/10/2015 à 14:46
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Vraiment désolé, mais j'ai rien compris à cette entrevue. Beaucoup de vent bien brassé, mais je n'ai toujours pas compris ce que devait être une "smart city", et encore moins une "smart city" à la nantaise. On peut d'ailleurs remplacer ce terme par "...

à écrit le 25/09/2015 à 9:02
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J'ai un 80 mètres carrés à 10 minutes en tram du centre-ville : je paye 3000 euros d'impôts locaux (taxe foncière+habitation). Merci Nantes !

à écrit le 25/09/2015 à 8:20
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Il est tres difficile de bien se loger a Nantes. Beaucoup d'immeubles des années 60, de HLM, aucun charme. On construit au bord des grandes artères et on detruit des biens de caractere. Culture inexistante, sauf grands coups de pub. Les gens sont fie...

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