Nantes-Saint-Nazaire, le 4e grand port maritime français, relève la tête

Après cinq années consécutives de baisse, et un an après la mise en œuvre de son plan stratégique 2015-2020, Nantes-Saint-Nazaire Port renoue avec les bénéfices. Les investissements réalisés et la diversification des activités payent.
Le 5 janvier 2017, sur le quai des Charbonniers, vue du chantier de la construction (lancée le 1er juin 2016) du prototype Floatgen, la première éolienne flottante française, un projet qui ouvre la voie à l'exploitation en eaux profondes. Equipée d’une fondation flottante conçue par le spécialiste français Ideol et construite par Bouygues Travaux Publics, elle sera installée au large du Croisic, sur le site d’essais SEM-REV de l’Ecole Centrale de Nantes.

« Grâce aux investissements réalisés, aux diversifications engagées et au retour des énergies fossiles, on se prépare à jouer la partition des 30 millions de tonnes dans les trois ans qui viennent ! », lâche Francis Bertolotti. Habituellement plutôt réservé dans ses commentaires, le président du conseil de surveillance du Grand port maritime de Nantes-Saint-Nazaire veut transmettre un message d'optimisme. Et pour cause: après cinq années consécutives de baisse, le port renoue avec le positif. Une modeste croissance de 0,3% qui permet, néanmoins, de se démarquer des autres places portuaires françaises où, à l'exception de Dunkerque, les trafics seraient stables ou en baisse.

« Plus qu'une croissance, c'est une convalescence. On reste dans un système fragile. Les charges de fonctionnement ont été maîtrisées, on a travaillé sur la prévisibilité des recettes. Clairement, on a serré les boulons », tempère Jean-Pierre Chalus, président du directoire du Grand port maritime de Nantes-Saint-Nazaire.

Recul de 10% mais toujours 4e (Marseille 1er, Le Havre 2e, Dunkerque 3e)

Au regard du classement des sept grands ports maritime français, Nantes-Saint-Nazaire Port conserve sa quatrième place derrière Marseille, Le Havre et Dunkerque. « Sans les mouvements sociaux nationaux liés à la loi travail au cours desquels de nombreuses escales de navires ont été annulées, la progression aurait été plus marquée », remarque Jean-Pierre Chalus. Avec 2.396 unités, le nombre de navires entrés dans le port affiche un recul de près de 10%. Malgré cela, le trafic annuel s'établit à 25,4 millions de tonnes (+0,3%).

Sauvé par le retour du gaz naturel liquéfié (GNL)

Sauvé en grande partie par le retour du gaz naturel liquéfié (GNL) dont les volumes ont augmenté de 100%, et franchit à nouveau la barre des 2 millions de tonnes. Du jamais-vu depuis 2012. Le complexe industriel méthanier de Montoir (44) a, notamment, bénéficié du rééquilibrage des prix du GNL entre l'Europe et l'Asie, lié à un redémarrage progressif des centrales nucléaires du Japon et à une demande chinoise en baisse. « Il ne faut pas oublier que la question du GNL a divisé les trafics par cinq », rappelle le président du directoire.

Un port tributaire à 70% des énergies fossiles (gaz, charbon, pétrole)

« Nous sommes un port énergétique, tributaire à 70% des énergies fossiles (gaz, charbon, pétrole) soumis aux aléas mondiaux sur lesquels nous avons des marges de manœuvre assez limitées », rappelle Francis Bertolotti.

C'est tout l'enjeu de cette place portuaire où l'année 2016 marque la mise en œuvre opérationnelle du plan stratégique adopté en octobre 2015 pour contrer les aléas liés à l'énergie. Trois axes ont été retenus pour dynamiser ce port d'Etat, régional, énergétique et généraliste, confronté cette « double dichotomie » parfois difficile à tenir. D'où la volonté de développer des filières, la performance de l'outil industriel et une politique de développement durable. Tout en veillant à sa vocation marchande, le port s'attache à son rôle d'aménageur territorial.

Accompagner l'émergence d'une filière éolienne

Sur l'année, 30 millions d'euros ont ainsi été investis: 10 pour maintenir en état le patrimoine maritime, et 20 pour achever le développement du terminal à conteneurs dont le ticket global s'élève à 45 millions d'euros. Et 40 millions d'euros devraient encore être investis dans le courant de l'année 2017. Etendu sur plusieurs années, l'effort requis pour accompagner l'émergence d'une filière éolienne atteint, à lui seul, 50 millions d'euros.

« Beaucoup de ports en parlent. Ici, c'est fait. Des activités qui ne sont, dans l'immédiat, pas génératrices de recettes, mais le seront demain. Déjà, une dynamique d'emplois est en cours», assure Jean-Pierre Chalus au regard d'une requalification de l'espace portuaire entrepris pour accompagner la venue des usines Alstom, devenues G.E (General Electric). Des investissements réalisés dans une logique de service. De fait, plus loin, à Saint-Nazaire, le bassin de Penhoët accueille le chantier de construction du prototype d'éolienne flottante, conçue par Bouygues Travaux Publics, Centrale Nantes et la start-up Ideol, réunis dans le cadre du projet Floatgen, qui devrait émerger sur le site d'expérimentation en mer Sem-Rev, au Croisic, pour l'automne 2017.

Fin 2017, le port accueillera des porte-conteneurs deux fois plus grands

« C'est un schéma industriel nouveau qui nous permet de nous positionner dans la chaine de valeur. On évolue en douceur », dit-il. Tout en devenant un port « relais » éligible face aux géants de la catégorie, Nantes-Saint-Nazaire poursuit l'extension des quais dont l'achèvement prévu à l'automne 2017 permettra alors d'accueillir des porte-conteneurs de 330 mètres de long, d'une capacité de 6.000 à 8.000 conteneurs contre 2.000 à 3.000 actuellement. Sur un marché mondial caractérisé par une demande atone, ce trafic s'est stabilisé cette année autour de 183.000 conteneurs.

L'Asie, première destination pour l'énergie, l'industrie et l'agroalimentaire

Avec la Chine où les dirigeants portuaires ont créé une représentation permanente à Qingdao, l'Asie est devenue la première destination du port de Nantes-Saint-Nazaire dans les secteurs de l'énergie, de l'industrie et de l'agroalimentaire. La reconfiguration et l'extension du terminal roulier menée en cours d'année ont incité le fabricant de poids-lourds Scania à recentrer des expéditions pour le marché nord-africain sur le site de Montoir-de-Bretagne au lieu de Barcelone, qui imposait un transport routier de plusieurs heures. Pour accroître sa compétitivité et participer à l'effort collectif, Nantes-Saint-Nazaire Port a décidé de ne pas augmenter ses droits de ports en 2017.

Si le point mort des 30 millions de tonnes demeure un sujet fondamental pour l'équilibre du port, ce dernier a aussi la nécessité d'innover et de travailler sur les questions de transitions énergétiques.

« Nous sommes face à changement de modèle où, au-delà du chiffre d'affaires traditionnel généré par les droits de port et de marchandises et la location d'espaces, nous devons trouver un équilibre avec des activités moins rentables », esquisse Jean-Pierre Chalus.

Un vrai sujet de débat pour les acteurs du prochain "comité des investissements" institué par le gouvernement avec la commission Leroy dans le cadre de la loi pour la Croissance bleue. Chacun aura son mot à dire pour choisir les investissements à réaliser pour transformer un site utilisé par des activités diverses et variées en un véritable outil visible et partagé.

Par Frédéric Thual,
correspondant de La Tribune pour les Pays de la Loire

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Commentaire 1
à écrit le 30/01/2017 à 20:00
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Espérons un accompagnement de la région pour des ferroutages vers lyon (excellente ligne de chemin de fer peu utilisée) vers Bordeaux, et un peu de cabotage jusqu'à Angers avec des chalands à fond plat.

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