Quinze entrepreneurs des Pays de la Loire sur les bancs de l'école... de Bpifrance

Avec le concours de Bpifrance, le Conseil régional des Pays de la Loire a lancé la première école d'entrepreneurs pour accélérer la mutation de PME en ETI. Quinze entreprises du territoire ont intégré le dispositif « Pays de la Loire accélérateur » pour une période de deux ans.
A l'issue de la conférence de presse pour la première promotion de "Pays de la Loire accélérateur", les dirigeantes et dirigeants des quinze entreprises à fort potentiel de croissance sélectionnées se retrouvent avec Bruno Retailleau (4e en partant de la droite) ex-président de la région entouré de notamment Nicolas Dufourcq, BPI France, Jean-François Gendron, président de la CCI régionale, Paul Jeanneteau, président de la commission entreprises, développement international.

« C'est une brique supplémentaire dans le dispositif d'accompagnement proposé aux PME et aux ETI par Bpifrance », explique Jean-Marc Ducimetière, directeur régional de Bpifrance Pays de la Loire où a été lancé le premier accélérateur régional. Financé à hauteur de 1 million d'euros, ce programme est pris en charge à hauteur de 40% par les entreprises participantes, 40% par la collectivité ligérienne et 20% par la banque publique.

« Il s'agit, cette fois, de lever les freins à la croissance chez des entreprises performantes ou potentiellement performantes. Beaucoup ont, par exemple, investi dans la stratégie ou l'optimisation industrielle sans avoir revu l'organisation de leur gouvernance. C'est souvent le point le plus en retard dans la transformation des entreprises. Tout comme l'est la digitalisation, la mise en œuvre du Lean Management ou les stratégies de développement à l'international », constate-t-il.

Un tiers des PME de la promotion sont devenues des ETI

Initié au plan national par Bpifrance, ce dispositif d'accélération a permis à un tiers des 60 PME de la première promotion de devenir des ETI à l'issue de cette période d'accompagnement de deux ans. Les autres auraient connu une croissance moyenne de leur chiffre d'affaires de 22%, avec une croissance de l'export de 29% et une augmentation des effectifs de 20%. De plus, 62% d'entre-elles auraient restructuré leur gouvernance et 85% auraient conquis de nouveaux marchés à l'étranger. Une dynamique que Bpifrance veut faire redescendre dans les régions. Après les Pays de la Loire, Bpifrance a renouvelé l'expérience en Auvergne-Rhône Alpes et en Nouvelle Aquitaine.

« L'objectif est que nos PME françaises parviennent à grossir aussi vite que chez nos voisins européens », observait Bruno Retailleau, l'ex-président de la région des Pays de la Loire, où quinze entreprises (industrie, services, BTP, commerce et distribution) ont été sélectionnées parmi une soixantaine de candidates identifiées par Bpifrance, la Région et la Chambre de commerce et d'industrie. Parmi lesquelles l'éditeur informatique Agena3000, le fabricant de charpente en lamellé-collé Belliard, le réseau d'agences de services à la personne Générale de Services, le sarthois Posson Packaging, l'équipementier automobile SPPP, le spécialiste des nouvelles technologies ZeKat ou encore le nantais Thierry Immobilier, etc.

Objectif : doubler le chiffre d'affaires en trois à cinq ans

Réparties de façon plutôt harmonieuses sur le territoire ligérien, ces entreprises réalisent un chiffre d'affaires de 7 à 65 millions d'euros et emploient (hors groupe) de 47 à 270 personnes. « D'une entreprise à l'autre, les problématiques s'avèrent donc très différentes », reconnaît Jean-Marc Ducimetière. Même si aucune sanction ne sera prise à l'encontre de ceux qui déboursent 10.000 € pour frais d'inscription et financent 50% du coût des modules de formation, une présence assidue et une implication du dirigeant ou d'un membre de son comité de direction sont vivement conseillées... notamment lors des sessions collectives et de conseils. L'ambition est que « chaque entreprise double son chiffre d'affaires à trois ou cinq ans. »

Pour cela, le programme, établi sur deux ans, se veut « sur mesure » conjuguant une offre individuelle de conseils et une dynamique d'émulation collective. Après un premier tour de chauffe d'une journée, consacré au « leadership », le 19 septembre dernier, chaque entreprise va bénéficier d'un audit « maison », baptisé "Diagnostic 360°", pour déterminer ses failles ou ses faiblesses. Comme lors d'un contrôle technique, les experts de Bpifrance vont ausculter une dizaine de points allant du positionnement, à l'organisation RH, l'international, la croissance externe, le développement commercial, la transformation digitale... pour au final élaborer un parcours de formation en présentiel qui favorisera la prise de recul nécessaire et l'animation d'une communauté ouvrant l'accès à de nombreux experts.

Une caution d'image auprès des banquiers

« Après dix ans au CJD (Centre des jeunes dirigeants), je cherchais un lieu d'échanges avec d'autres chefs d'entreprises, indique Benoît Thierry, coassocié du groupe familial nantais Thierry immobilier, intervenant dans la gestion locative, la location et la vente de biens, le syndic de copropriété, et immobilier d'entreprise à Nantes, Saint-Nazaire, Rezé et prochainement Guérande.

« Chez nous, il ne s'agit pas de nous développer à l'international, mais plutôt d'accompagner notre croissance sur le territoire, et de savoir comment professionnaliser notre croissance externe sur les départements voisins du Morbihan ou de l'Ille-et-Vilaine. Mais nous ne sommes pas un réseau d'agences, plutôt un acteur de l'immobilier multi spécialistes de proximité. Depuis trois à quatre ans, nous avons investi 400.000 euros pour digitaliser l'entreprise, avons engagé un programme de RSE, sommes passés de 110 à 125 personnes... De par notre métier, notre croissance ne passera de 10% à 30% par an et de 125 à 200 personnes en deux ans. Nous voulons, maintenant, améliorer notre organisation et notre gouvernance. Je compte beaucoup sur le diagnostic 360° pour nous aider à cerner les angles d'attaque de notre stratégie de développement », indique Thierry Benoit, dont le groupe s'est progressivement restructuré autour de trois associés depuis les années 2000.

Pour lui, l'investissement dans cet accélérateur demeure un risque raisonné. « J'aurais pu passer un MBA, ça m'aurait coûté beaucoup plus cher !  Et je n'aurais, pour le moins, pas eu accès ce réseau d'experts. Qui plus est, ce dispositif constitue aussi une sorte de caution d'image auprès des banques si l'on sollicite des financements », admet-il.

Organiser sa succession et professionnaliser sa croissance externe

Pour la société sarthoise Posson Packaging (130 personnes), dirigée par Sylvie Cassenave Peré depuis 22 ans, il s'agit de « voir mieux et plus loin ». Autrement dit de préparer sa succession et de modéliser un processus de croissance externe, récemment engagé, avec la reprise du sous-traitant, PLV 37 ; une structure d'une trentaine de personnes, spécialisée dans l'ennoblissement du packaging. Une activité complémentaire à celle de Posson Packaging, positionnée sur les grandes séries.

« Depuis vingt ans, l'entreprise a fortement développé son outil de production et son savoir-faire en termes de normes environnementales, de qualité et de prévention des risques. Nous investissons en moyenne 3 millions d'euros par an pour moderniser l'outil productif et sortons de la mise en œuvre d'un plan de Lean management accompagné par Bpifrance. Intégrer l'accélérateur nous a semblé un bon moyen de nous ouvrir à d'autres cultures d'entreprises et d'avoir le regard d'autres dirigeants sur nos problématiques de succession et de croissance externe », explique Sylvie Cassenave Peré, entourée de son fils, Nicolas Faussier, actuel directeur général de l'entreprise, appelé à reprendre les rênes de l'entreprise quand le moment sera venu.

Avant de s'effacer en douceur, la dirigeante de Posson Packaging entend aussi professionnaliser sa démarche d'acquisition d'entreprises. « Pour l'instant, on les mène par opportunisme et de façon empirique. J'espère que l'acquisition de nouvelles méthodes nous aidera à mieux cerner le marché. Le regard d'expert devrait aussi nous amener à faire évoluer notre organisation, à élargir et consolider notre offre, pour aussi être identifié par les cessionnaires. Ceux qui, faute de repreneurs, mettent la clé sous la porte. Ce sera aussi moyen d'éviter que des métiers et des savoir-faire disparaissent du territoire », dit-elle.

___

Par Frédéric Thual,
correspondant des Pays de la Loire pour La Tribune

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.