"C'est un outil pédagogique ludique et innovant dont l'objectif est d'aider les cadres et dirigeants à intégrer l'égalité professionnelle dans leur entreprise", explique François Calvez, directeur du pôle TICE du Cnam Pays de la Loire , à l'origine du serious game SecretCAM, qui vient de boucler l'épisode 3 consacré à l'égalité des hommes et des femmes dans l'entreprise.  Comme pour les précédents épisodes, le concept reprend le thème du voyeur d'Hitchcock dans "Fenêtre sur cour".

Grâce à un superpouvoir, le joueur-salarié peut entendre et voir tout ce que disent et font ses collègues. Ses attitudes, ses comportements, ses choix ont une incidence sur le déroulement de l'histoire. "Le jeu met en exergue des réactions non prescrites par la norme sociale pour faire émerger les vraies problématiques", s'enthousiasme l'auteur du jeu. S'il n'a pas proprement dit une vocation de formation et n'apporte aucune solution, le serious game veut montrer les stéréotypes, mettre le doigt sur les problématiques sociales et faire bouger les lignes. Pour optimiser le jeu, les créateurs ont donc imaginé une "valise pédagogique" destinée aux formateurs de formateurs dans les cabinets conseils et à l'Education Nationale pour démultiplier l'offre, et mieux contrôler le déploiement et la diffusion. Le projet a été soutenu par une vingtaine de partenaires publiques et privés dont la cantine numérique Atlantic 2.0.

Des écarts de salaires de 28% dans la région

"C'est un processus de conscientisation collective. La parité sexuelle est une des clés de la réussite des entreprises ", estime  Henri Michel Comet, Préfet de la région des Pays de la Loire, venu assister au lancement du serious game. Car, si le taux d'emplois féminins est ici, en pays de la Loire (34%) plus fort qu'au niveau national (29%) et le plus fort de France, les rémunérations sont ici, aussi comme ailleurs, plus faibles pour la gente féminine.

"Comme en France, l'égalité entre les femmes et les hommes progresse dans les Pays de la Loire. Mais la convergence  des situations est lente. L'écart de rémunération entre les sexes en est l'un des principaux marqueurs", observe l'Insee, qui en 2010 constatait un salaire annuel net moyen des femmes salariées du privé et semi-public inférieur de 28,4 % à celui des hommes. Et 32 % des nantaises travaillent à temps partiel contre 12 % des nantais.

 Johanna Roland, Maire de Nantes et présidente de Nantes Métropole, venue pour le lancement de la délégation Pays de la Loire de l'association Femmes Chefs d'entreprise déplore :

"Pour la seule ville de Nantes, l'écart de salaire  entre les hommes et les femmes dans le secteur privé atteint  24%. Il est inconcevable que dans un monde en mouvement ce type d'inégalité puisse continuer. A une époque pas si éloignée, il n'y avait pas une seule femme à la direction générale de la ville de Nantes et de Nantes Métropole. Il est important d'avoir dans toutes les filières et toutes les postes une réelle mixité."

Car, "Malgré un haut niveau de formation et une meilleure réussite scolaire -55% des inscrits de l'enseignement supérieur sont des femmes-, les  jeunes femmes s'insèrent avec plus de difficultés sur le marché du travail", indique l'Insee des Pays de la Loire.

Création d'un conseil nantais de l'égalité femmes/hommes

Dans les Pays de la Loire, qui concentrent une dizaine de branches professionnelles, un appel à projet régional vient d'être lancé pour mobiliser les entreprises dans les secteurs agricoles et du transport pour démultiplier les bonnes pratiques. Après le lancement en novembre dernier d'un plan comprenant soixante-douze actions en faveur de l'égalité des sexes allant de la petite enfance aux  stéréotypes et autres clichés et l'annonce récente de la création d'un conseil nantais de l'égalité femmes/hommes à la rentrée 2015, Nantes Métropole signera prochainement la charte européenne pour l'égalité des hommes et des femmes.

"C'est bien, ajoute la Présidente de Nantes Métropole, mais sur les 170 collectivités ayant signées cette charte européenne, seules vingt vont mettre en œuvre un plan d'actions concret..."