Welcome à bord du Web2day

Né dans la foulée de la Cantine numérique il y a neuf ans, ce rendez-vous d'affaires du numérique est devenu une figure emblématique de l'écosystème nantais et un moment incontournable pour startuppeurs et investisseurs, français et d'ailleurs. Plus de 3.500 visiteurs, 260 speakers sont attendus du 7 au 9 juin prochains sous les nefs des anciens chantiers navals, pour tout savoir sur les dernières innovations et tendances Web des startups.
Phare de l'écosystème nantais, le Web2day va aussi être l'occasion d'annoncer la réouverture prochaine de la Cantine numérique, totalement détruite en novembre dernier par un violent incendie.

Lorsqu'en 2007, les fondateurs de l'association Atlantic 2.0 recrutent Adrien Poggetti pour animer la Cantine numérique, ils lui confient trois missions : lancer et animer le lieu, fédérer un réseau autour des entreprises du numérique et monter le Web2day. « Ils avaient déjà le nom », se souvient Adrien Poggetti, chargé de monter un événement annuel pour rassembler les entreprises du numérique nantais. « Voire d'ailleurs... », ajoutent à la feuille de route les fondateurs de la Cantine.

« À l'époque, le contexte des startups n'était pas le même. Les mecs étaient plutôt considérés comme des glandeurs dans un canapé avec leur Mac sur les genoux à qui certains avaient envie de dire d'aller bosser quand aujourd'hui, si à 50 ans, tu n'as pas créé ta start-up, on aurait tendance à te dire que tu as raté ta vie... J'exagère à peine », raconte Adrien, devenu le patron d'un événement où se sont pressés Fleur Pellerin, Axelle Lemaire et des milliers d'autres : de l'étudiant désireux de créer sa jeune pousse aux grands groupes, du startuppeur en phase de levée de fonds à l'investisseur à la recherche d'une perle rare... Un joyeux melting-pot, « à la rentabilité fragile », reconnaît Adrien, mais que l'association réussit à équilibrer d'une année sur l'autre.

Entre une première édition organisée sur un après-midi pour 200 personnes et un événement qui devrait cette année accueillir près de 4 000 personnes, les besoins financiers ont évolué. Ces dernières années, le budget oscillait entre 350.000 et 450.000 euros, financé par la billetterie et les partenaires. « On joue beaucoup pour une asso, alors on essaie de ne pas perdre d'argent. Mais, surtout, on investit pour le territoire », assure Adrien, devenu Délégué général de la Nantes Tech, lors de la labellisation French Tech de la métropole nantaise. Pour le Web2day, ce coup de pouce est loin d'être négligeable.

« La French Tech se charge d'inviter les métropoles françaises sur le festival, délègue une dizaine de personnes pour des prises de parole et nous aide à trouver des speakers nationaux et internationaux. »

De plus en plus de visiteurs étrangers

Cette année, ils seront plus de 200 à monter sur scène, bénévolement, pour animer autant de conférences plus ou moins pointues, réparties en six grands secteurs : les startups et l'entreprenariat ; le marché, la communication et les médias ; le design ; la tech ; le corporate et le retail ; la société et l'humain. Pour la première fois, le site comprendra un espace extérieur pouvant accueillir jusqu'à 300 personnes et où seront retransmises en simultané les conférences organisées dans neuf salles. C'est là aussi que viendront pitcher les startups participant aux cinq concours ouverts pendant les trois jours dont le Global Challenge (voir l'encadré), cofondé par Atlantic 2.0, Quentin Adam, créateur de la start-up Clever Cloud et du camp d'entraînement pour primo entrepreneurs, Maia Mater et Florian Hervéou, actuel pilote de l'opération d'accélération Renard, qui a grandement contribué à la notoriété du Web2day.

À quelques jours du lancement, 2800 billets sont vendus. Les organisateurs espèrent atteindre les 4 000 participants. Lors des dernières éditions, 40 % des visiteurs venaient de l'extérieur de la région des Pays de la Loire. Du Grand Ouest bien sûr, de Paris et des métropoles, et aussi de plus en plus de l'étranger.

Fruit des échanges engagés avec la métropole nantaise, une délégation de 40 Québécois est attendue sur le festival. Mais aussi, plus inattendus, des Ukrainiens, des Sénégalais et des Ivoiriens : après une première visite individuelle, le ministre de l'économie de Côte d'Ivoire revient, accompagné de jeunes créateurs et d'entrepreneurs. Plus étonnant, les Belges sont même allés jusqu'à créer leur propre site Internet, aux couleurs du Web2day, www.meetabelgian.com, pour organiser et mutualiser le déplacement sur place. Le lieu attire. « Et pas seulement parce qu'il fait beau, en juin sous les nefs. C'est le seul endroit qui ne cache pas ses investisseurs. Tu peux les voir sur scène et les retrouver ensuite au bar », justifie Adrien Poggetti. Cette année, le festival devrait accueillir 50 à 70 investisseurs dont douze fonds d'investissement français - Alvin Capital, Vente ch, Proximale, Go Capital, Elaia Partners, BPIfrance... « Ils viennent rencontrer des startups qu'ils ont déjà qualifiées, mais c'est toujours intéressant de gratter... »

Une Cantine repensée

Phare de l'écosystème nantais, le Web2day va aussi être l'occasion d'annoncer la réouverture prochaine de la Cantine numérique, totalement décimée en novembre dernier par un violent incendie. Non plus dans le quartier de la Madeleine, en centre-ville, mais sur un espace de 2.500 m2, partagé avec la startup EP, dans le quartier de la création, sur l'île de Nantes. Pour la circonstance, l'association Atlantic 2.0 et la Cantine numérique ont fusionné pour devenir « la » Cantine. « La perspective du Web2day nous a servi de moteur et a permis de montrer notre capacité de résistance et d'innovation. Au-delà des conséquences immédiates de l'incendie qui ont évidemment impacté un budget associatif annuel de 1,2 million d'euros, l'impact positif de l'événement, c'est d'avoir remobilisé autour de nous et d'administrer en parant au plus pressé. On en a profité pour tout remettre à plat, revoir notre business plan et renégocier avec les collectivités », explique Adrien Poggetti. À toute chose...

Face à un écosystème ayant profondément évolué au cours des dernières années, la Cantine a revu son modèle économique, sa communication, son site Internet, repensé son offre pour les jeunes porteurs de projets, les PME, les ETI, les grands groupes, et les partenaires. Les uns y trouveront des programmes de sensibilisation, les autres de formations thématiques pour favoriser les débouchés vers les entreprises. L'accueil a été organisé pour pouvoir répondre aux nombreuses demandes d'information au quotidien. Et la Cantine, qui rêvait de son propre accélérateur, lancera, à l'occasion du Web2day, Imagination Machine, piloté par le startuppeur américain Rob Spiro (voir l'encadré). « Et là, c'est précisément le type de profil que nous cherchons à faire venir sur le territoire », se réjouit Adrien Poggetti. Un territoire où Nantes Saint-Nazaire a, l'an dernier, accueilli 86 nouvelles startups et entreprises du numérique, de plus en plus positionnées sur les TIC et la R&D.

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ENCADRE 1/2

GLOBAL CHALLENGE : "The best place to be!"

Le moteur de recherche Qwant, le système de paiement Lydia ou encore l'optimiseur de communications téléphoniques Aircall y sont passés. Cette année encore, plus de 150 startups, originaires de douze pays (Turquie, Israël, États-Unis...) se sont inscrites pour venir pitcher sur la scène du Global Challenge. Un concours considéré comme une véritable opportunité pour défendre devant un auditoire professionnel les couleurs, la survie ou le développement de son projet. S'il n'y a pas d'argent à gagner, on estime, en revanche, que depuis la création de ce start-up contest, les 200 startups participantes auraient levé plus de 145 millions d'euros. « Elles gagnent surtout en visibilité et sont invitées à découvrir différents écosystèmes. » Face à la multiplication des demandes et pour plus de clarté, le concours sera cette année divisé en cinq thématiques soutenues chacune par un partenaire : « Smart Home & Buildings » par Le Village by CA, « Content and Services for Millennials » par Orange, « IoT for Electric network » pour Enedis, « Retail » pour Système U (UGie-Iris), « Legaltech » et « Fintech » pour le groupe de conseil et d'expertise comptable BDO. Douze startups seront sélectionnées sur dossier dans chacune de ces catégories.

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ENCADRE 2/2

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Avec IMAGINATION MACHINE, Rob Spiro donne un coup d'accélérateur aux jeunes pousses

C'est ce que l'on pourrait appeler une belle prise pour l'écosystème numérique nantais. Fondateur des start ups Aardvark, rachetée par Google pour 50 millions de dollars, et de Good Eggs aux États-Unis, l'Américain Rob Spiro a décidé de poser ses valises à Nantes. Pour des raisons familiales. Il n'aura pas fallu très longtemps à cet entrepreneur de la Silicon Valley pour s'immerger dans l'écosystème nantais et en détecter les besoins.

« Je me suis demandé comment je pouvais aider ? Beaucoup m'ont fait part du manque de financement au démarrage d'une start-up alors que c'est un moment crucial dans la vie d'une jeune pousse », dit-il.

Sollicité par Julien Hervouët, fondateur d'I-Advize et président de la Cantine numérique, l'homme de challenge accepte de prendre en main l'accélérateur Imagination Machine, lancé officiellement à l'occasion du Web2day. L'objectif est de sélectionner cinq startups deux fois par an ; la première vague le sera en juillet. Elles bénéficieront d'une aide de 40 000 € chacune, financés par une vingtaine d'entrepreneurs locaux (Iadvise, Rosemood, Intuiti...) et d'un accompagnement de trois mois, à partir de septembre prochain.

L'accélérateur devrait entrer au capital de chacune d'entre elles à hauteur de 6% à 7%.

«On attend une centaine de candidatures, de la région nantaise, de France et d'Europe», estime Rob Spiro. « Des startups technologiques issues de l'industrie, de la santé, de la robotique, de l'Internet... que nous aiderons pour le design produit, les process de fabrication, la recherche client... et les financements. On veut des startups imaginatives, qui jouent collectif et durable. Qu'elles cultivent l'esprit nantais à la manière de Jules Verne », indique Rob Spiro.

Lui se charge de leur inoculer le virus de la Silicon Valley. « Prendre des risques, chercher des technologies qui peuvent changer le monde, aller vite et expérimenter. Tout le temps... » C'est déjà parti !

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Commentaire 1
à écrit le 05/06/2017 à 13:31
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C'est rafraichissant de constater qu'il existe en France de telles dynamiques. Pour ceux qui n'ont pas vu venir ou pas compris l’ampleur de la révolution numérique et qui restent accrochés à des modèles archaïques, rien qu'à regarder leurs vidéos et...

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