Lyon expérimente la « ville intelligente » en temps réel

De multiples innovations en matière de mobilité durable et de gestion de l'énergie doivent voir le jour cette année dans la capitale des Gaules. Elles sont soutenues par des structures consacrées au développement, à l'expérimentation et à la duplication de ces initiatives innovantes. De quoi renforcer l'attractivité de la métropole.
Optimod'Lyon / DR

Connaître l'état du trafic une heure à l'avance ou les temps de trajet selon les différents modes de transport possibles, puis être guidé en temps réel pour modifier son choix en cas d'imprévu... ce sera bientôt possible pour les Lyonnais. Ce seront là des premières à l'échelle européenne et mondiale. « Aujourd'hui, on peut seulement connaître le trafic en temps réel sur un mode unique ou des prévisions multimodales calculées sur la base de données théoriques non actualisées en temps réel », rappelle Alain Pittavino, président de Cityway. Cette filiale de Veolia Transdev est partenaire du Grand Lyon, d'IBM et d'Orange Business Services au sein d'Optimod'Lyon, projet de mobilité durable sélectionné par l'Ademe dans le cadre d'un appel à manifestations d'intérêt, dans lequel s'inscrivent ces deux innovations.

Guidage sur smartphone, containers modulaires

Ce n'est là qu'une parmi des dizaines d'autres initiatives innovantes qui doivent voir le jour cette année dans la capitale des Gaules dans le cadre de son programme « Lyon, ville intelligente ». « Nous sommes à une époque charnière pour les villes en général et pour Lyon en particulier », martèle Gérard Collomb, sénateur et maire de Lyon, à un an des prochaines élections municipales.
Les villes, qui concentrent 50% de la population mondiale et bientôt 70%, sont responsables de 80% des émissions de gaz à effet de serre mais produisent aussi l'essentiel du PIB mondial. Si elles contribuent donc grandement à l'aggravation des déséquilibres climatique et énergétique, elles sont aussi les plus à même d'y apporter des solutions. C'est en tout cas le credo des métropoles et des entreprises qui développent des méthodes innovantes de gestion des flux en tous genres qui se concentrent au c?ur des villes : hommes, énergie, eau, déchets, véhicules, etc. La liste des expérimentations qui seront menées en 2013 à Lyon est impressionnante. Les projets s'appliquent essentiellement à la mobilité, à l'énergie et aux services numériques.
Outre le GPS multimodal, Optimod'Lyon contient un volet destiné à optimiser les tournées des opérateurs de fret urbain et un outil de guidage sur smartphone. Citylog vise à décongestionner la distribution urbaine de marchandises grâce à des conteneurs modulaires et à des consignes permettant de livrer les points de vente en dehors des heures de pointe. Géovélo adapte le GPS à la petite reine; un dispositif de covoiturage dynamique permettra bientôt de trouver ipso facto un véhicule à partager; de nouveaux systèmes d'autopartage entre particuliers et entreprises et entre plusieurs entreprises voisines seront testés...Même fourmillement de projets côté énergie et réseaux intelligents. Berceau du déploiement du compteur intelligent d'ERDF, Linky, avec 175000 appareils installés depuis 2011, le Grand Lyon en expérimente diérentes applications, dont le suivi en temps réel de la consommation par les clients et l'intégration des énergies renouvelables provenant des quelque 2600 points de production de la région.
Le nouveau quartier Lyon Confluence a été choisi par le Nedo (homologue japonais de l'Ademe française), qui a investi 60 millions d'euros pour en faire son terrain d'expérimentation européen. Le démonstrateur Smart Community comprendra des bâtiments à énergie positive, dont 32 appartements équipés de tablettes pour piloter leur consommation, des véhicules électriques alimentés en électricité solaire, des compteurs intelligents pour l'électricité mais aussi pour le gaz et l'eau... Ce projet est déve-loppé au sein d'un vaste partenariat public-privé qui réunit Toshiba, tête de pont japonaise, Bouygues Immobilier, Veolia Transdev et Grand Lyon Habitat...

Au service d'un « style de vie à la lyonnaise »

Karine Dognin-Sauze, vice-présidente du Grand Lyon en charge des nouvelles technologies et coordonnatrice du projet de ville intelligente, a effectué une grande partie de sa carrière au sein de l'entreprise américaine Electronic Arts, créatrice du jeu SimCity. Mais, loin d'envisager une ville intelligente désincarnée, elle entend au contraire armer « un style de vie à la lyonnaise » et souligne le caractère (peut-être) non totalement duplicable de l'initiative. « Nous ne sommes pas clients mais cocréateurs des solutions, insiste-t-elle, car la ville intelligente a besoin de vision politique. »Gérard Collomb souhaite pour sa part « rendre la vie heureuse et douce en ville ». Autre signe de l'importance accordée à la composante humaine, le dispositif Watt & Moi, mis en place par Grand Lyon Habitat et ERDF auprès de 1000 locataires équipés de Linky, fait l'objet d'un suivi en sciences humaines et sociales.
Le projet lyonnais actuel s'appuie donc sur un passé riche d'une histoire industrielle remarquable (mécanique, santé, chimie, transport), des pôles de compétitivité de niveau international et un esprit entrepreneurial armé. Mais ce qui est en jeu, c'est l'avenir de l'ag-glomération. Et là, Karine Dognin-Sauze ache son ambition : « Faire de la ville intelligente un levier d'innovation et d'attractivité. » Le projet comprend donc aussi un volet d'accompagnement des acteurs destiné à « créer les conditions de l'innovation ». Plusieurs plates-formes technologiques et instituts d'excellence y sont consacrés, ainsi que des lieux de coworking et des dispositifs d'innovation partenariale.

Un bon marchepied à l'export

La cellule d'expérimentation, destinée à valider un modèle économique, une technologie ou un produit et à en tester l'appropriation par les usagers, peut servir de marchepied à l'export pour certaines solutions. Opticity, coordonnée par le Grand Lyon avec plus de 20 partenaires dont Madrid, Turin ou Göteborg, a ainsi pour vocation de déployer dans d'autres villes européennes le concept d'Optimod'Lyon, don-nant l'accès au secteur privé à des données de mobilité pilotées par le secteur public.
L'ensemble des expérimentations en cours représente un budget de 190 millions d'euros. Avec un tel engagement financier (dont 185 millions d'origine privée et 2,5 millions issus des investissements d'avenir), Lyon espère attirer dans l'agglomération petites et grandes structures désireuses de développer leurs contributions à la ville intelligente dans un environnement favorable et veut aider celles qui les y auront testées à les vendre ailleurs.

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Commentaires 2
à écrit le 09/04/2013 à 15:35
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A chaque fois que le mot "intelligent" a été utilisé dans ce genre de prédiction, cela c'est mal terminé..

à écrit le 09/04/2013 à 13:22
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Dire que le NEDO est l'homologue japonais de l'Ademe française me parait un peu surréaliste. L'ADEME est devenue une agence de propagande et de désinformation dans le domaine de l'énergie qui n'a plus grand chose à voir avec une agence de soutien à ...

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