Matériel électrique : Métalpes en redressement judiciaire après deux ans d'agonie

Spécialisée dans la fabrication de canalisations électriques, l'entreprise de 52 salariés avait été cédée par Schneider-Electric au groupe GMD. Elle vient d'être placée en redressement. Des proches du dossier dénoncent une affaire mal gérée par la holding.
L'usine du groupe isérois GMD est située à 50 km de Grenoble © Métalpes

« Un beau gâchis », « un sabordage planifié », une « non-assistance à entreprise en danger » ! L'ancien secrétaire du CE, Jean-Philippe Cabezas délégué CGT de l'usine Métalpes, à 50 km à l'ouest de Grenoble, n'avait pas de mots assez forts pour qualifier ce qu'il ressentait à l'annonce de la décision jeudi 27 juin par le Tribunal de commerce de Grenoble de placer en redressement judiciaire cette entreprise spécialisée dans la fabrication de canalisations électriques, avec une période d'observation de six mois. La procédure sera officiellement actée mardi 2 juillet et une prochaine audience du tribunal aura lieu le 28 août prochain.
Le lyonnais Me Bruno Sapin a été nommé administrateur judiciaire, aux côtés de Me Christophe Roumezi, mandataire judiciaire. Cette décision de la justice consulaire était prévisible et elle laisse un goût amer aux 52 derniers salariés de l'entreprise. Car si en principe cette procédure de redressement protège l'entreprise, il semble bien, selon des personnes proches du dossier, « qu'il y avait un souhait de se débarrasser d'une patate chaude. La direction de Métalpes aurait pu contraindre Schneider à respecter ses engagements, mais la holding, le groupe GMD, a préféré privilégier ses relations commerciales avec son principal client », commente un observateur qui connaît le dossier en détail.

Contrat de fournitures pendant cinq ans

Comment en est-on arrivé là ? L'histoire est celle d'une délocalisation ratée. Métalpes (Normabarre à l'époque) créée il y a près de 50 ans devient filiale de Schneider en 1988. En 2007, le groupe de matériels électriques décide de transférer l'activité en Hongrie mais, en attendant que l'usine y sorte de terre et afin de pérenniser l'activité, le groupe cède Métalpes, son fonds de commerce et ses salariés à un groupe isérois, GMD (Groupe Mécanique Découpage, 4 500 personnes et 670 millions d'euros de chiffres d'affaires en 2011).
Schneider Electric et GMD sont très liés : les commandes passées par le premier au second représentent plus du tiers du chiffre d'affaires du groupe isérois. Au moment du rachat, GMD avait fait insérer dans le contrat la poursuite de la fourniture par Métalpes de ses produits pendant cinq ans, ce qui assurait un carnet de commandes plein la première année puis dégressif les quatre années suivantes. En cas de non-respect de ce contrat, Schneider s'engageait d'ailleurs à verser des indemnités compensatrices à son sous-traitant.

Schneider coupe les commandes, Métalpes s'asphyxie

Les premières années l'usine s'en sort bien, décroche un contrat avec Areva TD. Son chiffre d'affaires reste à peu près stable de 2009 à 2011, passant de 20 à 18 millions. Mais en 2011, tout bascule. Schneider rachète cette branche d'Areva, et coupe les commandes à Métalpes. Asphyxié, Métalpes ne parvient pas à sortir la tête de l'eau. De 20 millions d'euros en 2009, son chiffre d'affaires chute à moins de 12 millions avec un résultat net qui plonge dans le rouge.
En janvier dernier, un plan de sauvegarde de l'emploi avait été mis en ?uvre pour 38 salariés. Mais cela n'a pas suffi. La direction de Métalpes n'ayant pas lancé pas de recours contre Schneider pour l'obliger à respecter ses engagements, le tribunal de commerce a été contraint de rendre une décision « couperet » pour les 52 salariés restant. Ceux-ci n'ont qu'une question : pourquoi GMD n'a-t-il pas lancé un recours contre Schneider pour non-respect de ses engagements ?
 

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.