A Lyon, les artisans grincent des dents contre la main d’oeuvre low-cost

Artisans du BTP, de l’agroalimentaire, chauffeurs de taxis, fleuristes, coiffeurs… fustigent ce qu’ils dénoncent comme une double concurrence déloyale : auto-entrepreneurs et travailleurs issus du marché européen. L’artisanat, « première entreprise de France », continuera-t-elle à embaucher demain ?
Au premier janvier 2013, l’artisanat comptait 1 028 340 entreprises en France. Elles affichaient un chiffre d'affaires de 300 milliards d'euros et employaient 3,1 millions d’actifs. © Chambres des Métiers et de l’Artisanat.

Ils ont apporté avec eux des mails, des fax, des publicités. La plupart sont en provenance d'entreprises de BTP basées à Varsovie ou de réseaux d'agences d'intérim positionnées sur le marché européen. « La concurrence déloyale venue de l'étranger, ce n'est pas une fausse réalité », affirme Bruno Cabut, artisan boulanger dans le Rhône et président de l'UPA Rhône-Alpes, l'une des trois organisations représentatives du patronat avec le Medef et la CGPME. « Des messages comme celui-ci, nous en recevons tous les jours. Ils ont une incidence directe sur l'emploi local ». Pour preuve, une baisse de 25% de l'embauche des apprentis à la rentrée 2013, alors que la moitié des jeunes formés par cette voie dans la région trouvent traditionnellement un débouché dans l'artisanat.

Des statuts ambigus

L'élu entend faire prendre conscience des facteurs de fragilisation auxquels les artisans - 430 000 actifs en Rhône-Alpes - doivent faire face. En cause : l'alourdissement de la réglementation et des procédures administratives, que le secteur n'aurait plus la capacité d'absorber, les perturbations provoquées par le statut d'auto-entrepreneur, et la concurrence frontale exercée par les autres travailleurs européens. « Dans le bâtiment, il y a toujours eu des étrangers, observe Jean-Louis Lambert, artisan tailleur de pierre en Haute-Savoie. Mais aujourd'hui, on profite du marché européen pour jouer sur l'ambiguïté : s'agit-il de salariés détachés ? D'intérimaires ? De salariés soumis au droit français ? Ces derniers touchent la TVA mais ne contribuent pas au système social français. Et de nombreuses entreprises intermédiaires se positionnent sans qu'on sache ce que les travailleurs perçoivent réellement ».

Quelles perspectives ?

Les nouvelles règles d'autoliquidation de la TVA, qui devraient entrer en vigueur en 2014 (celle-ci serait payable directement par le maître d'œuvre) devraient contribuer à apaiser le jeu. « Il reste toutefois à traiter le marché des particuliers, qui est gigantesque. Or il n'est pour l'instant contrôlé que par la direction du travail », observe Jean-Louis Lambert, qui préconise des contrôles plus ciblés. « La richesse de l'artisanat est d'irriguer en emplois l'ensemble du territoire, analyse Bruno Cabut. Il faut conserver cette économie de proximité pour répondre aux sollicitations du vieillissement de la population. Cela implique de se poser les bonnes questions ».

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