Gérard Collomb : "Le modèle jacobin est aujourd'hui périmé"

A l'occasion de la tenue du congrès HLM à Lyon, du 23 au 25 septembre, le maire de Lyon, Gérard Collomb, revient pour la Tribune sur la politique du logement menée dans son agglomération, ainsi que sur la place de la métropole lyonnaise dans le paysage urbanistique français.
Pour Gérard Collomb, maire de Lyon : "Si la France veut être compétitive par rapport aux autres pays européens, elle doit absolument s'appuyer sur une quinzaine de grandes métropoles."

La Tribune- La métropole lyonnaise fait partie des zones où le marché du logement est le plus tendu en France comment lutter contre la hausse des prix ?

Gérard Collomb- Le problème de Lyon, qui est également sa principale chance, est qu'elle est une ville très attractive. Ainsi nous évaluons que pour répondre à la demande d'ici à 2030, nous devrons construire 150.000 nouveaux logements dans l'agglomération. Donc il nous faut construire à un rythme élevé, autour de 9.000 logements par an dans l'agglomération, la moitié en accession à la propriété et la moitié en logement social pour des niveaux de revenus différents.

Comment concrètement assurer cette offre ?

En essayant de développer toutes les gammes de produits, c'est-à-dire à la fois du locatif social, très social, intermédiaire, de l'accession sociale à la propriété et de l'accession libre.

D'ailleurs, si l'on jette un œil sur l'agglomération lyonnaise, on s'aperçoit que contrairement à ce qu'il peut se passer en Ile-de-France, toutes ces gammes de logement y sont aujourd'hui présentes. Tous les niveaux de loyers sont donc proposés. Et concernant l'accession à la propriété, on peut trouver à Lyon des logements au prix de 2.700 euros le mètre carré - ce qui comparé à l'agglomération parisienne est extraordinaire - jusqu'à 5.500 euros, voire pour des biens extraordinaires 6.000 euros du mètre carré.

Pour maîtriser les prix de la sorte, avez-vous noué des partenariats avec les acteurs du logement ?

Effectivement, nous sommes dans un processus très collaboratif entre tous les acteurs du logement, qu'ils soient privés ou publics. Nous produisons par exemple beaucoup de logements sociaux grâce à des accords avec les promoteurs immobiliers : près de 50% de la production de logements sociaux se font ainsi grâce à des opérations de ventes en l'état futur d'achèvement (Vefa) pilotés par ces acteurs privés. Cette politique qui a comme autre avantage de pouvoir éclater totalement la production de logement social dans l'espace.

Grâce à cette coordination entre acteurs, nous introduisons aussi un peu de régulation économique. Ainsi lorsqu'une crise touche les promoteurs, nous agissons sur la part de logements sociaux dans les opérations pour leur permettre de sortir des programmes. Sans cesse, nous régulons la construction comme cela.

De même, lorsque les ventes aux investisseurs particuliers ont chuté, ce qui a contraint nos objectifs de construction, nous avons lancé un plan d'aides aux accédants à la propriété pour compenser la baisse des ventes investisseurs.

Comment gérez-vous votre politique foncière ?

Nous mettons beaucoup d'argent pour maitriser notre foncier : environ 40 millions d'euros par an. Ce qui nous a permis de développer 32 zones d'aménagement concerté, 28 publiques et 5 en partenariat avec des aménageurs privés. Nous avons aussi lancé cinq projets urbain partenarial (PUP)* de manière à faire participer les promoteurs dans des opérations de plus petite envergure.

Craignez-vous une baisse du soutien de l'Etat aux collectivités locales ?

Concernant la construction, après une période d'inquiétude, nous avons accueilli favorablement l'annonce de Manuel Valls d'un nouveau plan pour le logement susceptible de redonner un ballon d'oxygène à ce secteur.

Mais nous savons que parallèlement 12 milliards d'euros d'économies sur les collectivités locales sont prévues. Évidemment, cela va avoir un impact négatif.
Pour autant, nous souhaitons que ces 12 milliards soient consacrés à la diminution de la dette publique, aux baisses de charges des entreprises, et non à des mesures qui seraient prises au jour le jour.

Concrètement, la communauté urbaine de Lyon a investi 450 millions d'euros par an au cours des six dernières années. Avec la baisse des dotations, elle n'investira que 250 millions d'euros par an.
 Si cet effort drastique permet de faire baisser la dette, s'il permet de restaurer les marges des entreprises et de rétablir leur compétitivité, alors nous acceptons cet effort.

Comment voyez-vous le développement de la Métropole de Lyon à l'avenir, comment s'intègrera-t-elle dans le paysage urbain français ?

Nous sommes en train de finaliser la fusion des compétences du conseil général du Rhône et de la communauté urbaine lyonnaise. L'idée est que le département, plus rural, et qui produit moins de richesse que la métropole, puisse continuer à se développer grâce à une contribution financière. Pour trouver un accord équilibré, 700.000 données ont été analysés, un travail de titan !

Ce que nous avons fait pourra être dupliqué. Je crois que notre modèle est imitable et pourrait permettre à d'autres métropoles de se développer. C'est nécessaire. Si la France veut être compétitive par rapport aux autres pays européens, elle doit absolument s'appuyer sur une quinzaine de grandes métropoles. Ce serait une force extraordinaire.

Lyon serait le moteur d'un modèle à l'allemande, où 8 grandes métropoles tirent le pays vers le haut ?

Si le modèle français restera différent du modèle allemand, une chose est sûre : le modèle français jacobin, où tout dépendait de Paris, est aujourd'hui périmé. Désormais, nous devons privilégier un double modèle basé d'un côté sur une collaboration étroite entre l'Etat et les collectivités locales, et de l'autre entre le secteur public et le secteur privé.

* Le PUP repose sur une initiative privée pour réaliser une opération privée qui peut avoir un enjeu et un intérêt pour la commune.

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Commentaires 6
à écrit le 29/01/2015 à 19:57
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ah quel communicant. A part ça du vent. Et plus c'est gros plus ça passe. Elle est pas belle la vie ?

à écrit le 25/09/2014 à 11:16
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Si c'est un Jacobin qui le dit...alors

à écrit le 24/09/2014 à 16:21
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Quelle démagogie... Encore une grenouille qui veut se faire plus grosse que le boeuf.

à écrit le 24/09/2014 à 12:59
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Voilà vraiment un maire socialiste qui fait confiance aux milieu économique, il est pragmatique, il fait avancer sa région Que les socialistes s inspire de son travail et abandonne leur idéologie du 19ème siecle

le 24/09/2014 à 15:11
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voir de plus prêt ses réalisations et vous serez beaucoup moins enthousiaste si les aménagements sont vivables dans la vraie vie !

le 28/01/2015 à 23:36
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maire parfait ! Aménagements magnifiques. Fier d'être lyonnais grâce à lui.

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