"Comme Smart City, Paris n'a rien à envier à Londres ! " (Anne Hidalgo)

Avec plus de 5.000 start-up et 80 incubateurs, la capitale devance sa rivale britannique, affirme Anne Hidalgo, maire de Paris depuis le printemps dernier. Elle veut investir 1 milliard d'euros d'ici à 2020 pour faire de la Ville lumière la référence planétaire en termes de cité intelligente, citoyenne et durable.
« Les Parisiens veulent se mêler de tout. Ils ont raison ! » affirme Anne Hidalgo.

La Tribune. La capitale que vous dirigez veut devenir le centre de gravité du Grand Paris connecté mais aussi une référence planétaire de la smart city, conjuguant numérique, environnement, mieux-vivre et pratique citoyenne renforcée. Ces questions sont au coeur du Forum Smart City du Grand Paris que La Tribune organise le 20 novembre prochain à l'Hôtel de Ville. Où en est Paris dans la construction d'une ville « intelligente » ?

Anne Hidalgo. Paris s'est pleinement engagée dans la révolution de la ville intelligente et durable, et depuis longtemps. Nous avons modernisé nos propres réseaux et élaboré de nouvelles infrastructures. Nous avons mis en oeuvre de nombreuses mesures ambitieuses, comme le pilotage centralisé de 200 000 points d'éclairage public, avec un objectif d'économie d'énergie de 30 % d'ici à 2020. Ou encore le développement d'un système intelligent de gestion des feux de circulation s'adaptant au trafic, le déploiement d'un réseau de fibre optique très haut débit municipal, la télé-relève de tous les compteurs d'eau, la création du paiement du stationnement par smartphone, la mise à disposition du Wi-Fi gratuit pour tous, avec plus de 400 points de connexion... Ce n'est que le début ! Paris est pleinement inscrite dans la démarche de ville intelligente et je veux aller encore plus loin.

L'an dernier, nous avons lancé des applications inédites, notamment « Dansmarue », grâce à laquelle les Parisiens peuvent signaler simplement et rapidement tout ce qui ne va pas dans l'espace public. Ils prennent une photo et les services municipaux interviennent. C'est concret. C'est ce que je souhaite.

Je suis également très favorable à l'open data. Nous avons mis à la disposition de tous les Parisiens, sous une licence libre, une partie du patrimoine immatériel de la Ville.

Pour approfondir la démarche, nous incitons nos partenaires à faire de même : depuis avril dernier, chaque prestataire de la Ville a pour obligation de « libérer » les données produites dans le cadre de l'exécution du marché auquel il répond. Je n'oublie pas non plus Vélib' et Autolib', qui ont ouvert la voie à de nouvelles formes de déplacement et encouragent la transition du véhicule personnel vers le véhicule partagé.

Vous associez souvent la ville intelligente au paramètre de durabilité, d'environnement. Avez-vous des exemples concrets ?

Au cours des six dernières années, Paris est devenue un exceptionnel terrain d'expérimentation des technologies innovantes. Nous avons des atouts. Aujourd'hui, Paris est un laboratoire à ciel ouvert. Nous expérimentons pour améliorer l'efficacité énergétique des bâtiments, pour récupérer la chaleur ou pour développer des végétalisations innovantes, pour optimiser le traitement des déchets.

Je souhaite implanter des mobiliers urbains intelligents et ce sera le cas bientôt avec la nouvelle génération d'Abribus. Nous avons également inauguré la première centrale photovoltaïque en milieu urbain dense sur la Halle Pajol (xviiie), testé le chauffage par les eaux usées dans une école (xiie), réalisé la première collecte pneumatique des déchets ménagers dans le nouvel écoquartier Clichy-Batignolles (xviie)... Mon objectif, c'est aujourd'hui de généraliser toutes ces nouvelles pratiques dans tous les projets de construction ou de rénovation.

Parallèlement, nous lançons de nouveaux chantiers, avec la récupération de chaleur issue des data centers pour chauffer l'eau des piscines, la récupération des déchets organiques ou la végétalisation des bâtiments.

L'image est pourtant que Paris est en retard dans la marche vers la ville intelligente et numérique par rapport à sa grande rivale en Europe, Londres...

Paris n'a rien à envier à Londres ! Avec plus de 5 000 start-up et 80 incubateurs, le Grand Paris se place devant Londres pour la création de start-up. 100 000 mètres carrés de pépinières d'entreprises et d'incubateurs ont vu le jour à Paris entre 2001 et 2014. 15 000 emplois ont ainsi été créés. D'autres lieux d'envergure vont renforcer cet élan. En 2016, un incubateur important verra le jour sur le site du boulevard McDonald, et le plus grand incubateur jamais créé ouvrira ses portes à la Halle Freyssinet : un millier de start-up y seront accueillies, sur plus de 30 000 m2. C'est un projet unique au monde !

L'un des paramètres d'une ville intelligente est sa capacité à attirer les jeunes entreprises innovantes et les retenir. Les start-up vivent dans un univers sans frontières qui supporte mal les lourdeurs bureaucratiques. Que faites-vous pour les convaincre de rester en France ?

Les start-up jouent un rôle économique déterminant. Nous avons mené notamment, grâce à mon adjoint Jean-Louis Missika, une politique extrêmement volontariste en faveur des lieux d'incubation. Avec des dispositifs de soutien comme le fonds Paris Innovation Amorçage, qui propose des financements aux entreprises incubées sous la forme de subvention ou d'avance remboursable allant jusqu'à 100 000 euros.

Nous demandons aux incubateurs dépendants de la ville de Paris de réserver au moins 30% des places à des entreprises étrangères, en leur proposant un pack d'implantation clés en main, incluant l'installation, le logement, la gestion en amont des formalités administratives. Nous nous donnons les moyens pour que Paris devienne l'usine à start-up de la planète !

Quels sont vos projets concernant l'environnement (transports, énergies, végétalisation, déchets, émissions de CO2...) ?

Nous avons fixé des objectifs ambitieux. D'ici à 2020, je souhaite réduire de 30 % la facture énergétique de la ville et passer de 10 % à 30 % d'énergies renouvelables et de récupération dans notre consommation énergétique. Par ailleurs, nous devons avoir recours à la végétalisation. Elle permet de lutter contre les îlots de chaleur et d'absorber certaines pollutions. Nous avons imaginé un plan de grande ampleur et lancé les appels à projet : j'entends créer 100 hectares végétalisés, dont 30 seront dédiés à l'agriculture urbaine. Par ailleurs, 20 000 arbres seront plantés, 200 espaces seront végétalisés en pied d'immeubles et 30 ha d'espaces verts seront créés ou ouverts au public.

Avec le déploiement de capteurs environnementaux et la poursuite de notre politique de réduction de la circulation des voitures, nous travaillons également sur l'amélioration de la qualité de l'air et la réduction des nuisances sonores. Il faut aussi développer le transport de marchandises ferroviaires, et bien sûr par la Seine. Nous développerons la collecte et la transformation in situ des déchets organiques. J'affiche un objectif très clair de « zéro déchet ». Tout ceci participe à la ville intelligente, qui doit être une ville durable, responsable et bien sûr solidaire.

Sur quels financements comptez-vous pour concrétiser ces ambitions ?

Un milliard d'euros sera investi d'ici à 2020 pour construire la ville intelligente et durable. Ces moyens importants ont vocation à faire de Paris une référence internationale en matière d'innovation dans les domaines de l'aménagement de son territoire, de la démocratie participative, de l'économie circulaire ou de la transition énergétique.

Le concept de ville intelligente redistribue les cartes entre collectivités territoriales et entreprises privées. Comment définiriez-vous les nouveaux partenariats public-privé à mettre en place ?

Nous nous sommes fixé des objectifs ambitieux en matière de logement, d'environnement, d'économie circulaire, de développement économique. Nous devons donc concevoir des outils donnant aux acteurs, d'où qu'ils viennent et qui souhaitent faire bouger Paris, les moyens de réaliser ces objectifs avec nous.

L'appel à projet urbain innovant « Réinventer Paris », lancé début novembre, est un exemple de ces nouveaux partenariats. Nous avons invité des investisseurs, des architectes, des créateurs, des start-up du monde entier à proposer des innovations urbaines créatives et utiles pour les Parisiens.

Au terme de ce concours unique au monde, les gagnants pourront acquérir ou louer des sites d'exception de la ville. Tout le monde y gagne. C'est une façon intelligente de travailler et de faire naître de nouveaux progrès. Je pense aussi à la tour Triangle qui manifeste une belle coopération entre une grande entreprise et la ville : j'espère que les calculs politiciens de certains n'auront pas raison de ce projet novateur et générateur de plusieurs milliers d'emplois.

Traiter de manière efficace le sujet de la ville intelligente nécessite de passer du travail en silo à un travail d'équipe transversal. Or Paris, comme la plupart des villes françaises, est structurée sur un modèle cloisonné. Pensez-vous que la municipalité arrivera à changer ses méthodes de travail ?

Depuis quatre ans, j'ai mis en place une petite structure agile, réactive, avec pour mission de créer de la transversalité entre les services municipaux et les partenaires de la ville. Elle a déjà accompagné des projets importants comme la première édition du budget participatif ou la consultation des Parisiens sur les 200 lieux à végétaliser. Elle a entrepris un cycle d'ateliers ouverts en lien avec les Parisiens et l'écosystème des entreprises innovantes, pour progresser, réfléchir ensemble, aussi bien sur l'avenir des kiosques à journaux, l'open data ou l'urbanisme collaboratif.

Cette démarche de coconstruction est l'une des pierres angulaires de notre projet de ville intelligente. Cela ne peut se faire que par un dialogue constant avec les acteurs de l'innovation de la ville. Nous consultons les Parisiens sur tous les sujets qui les concernent. Les Parisiens veulent se mêler de tout. Ils ont raison !

Cette irruption de la technologie dans la cité ne risque-t-elle pas d'amoindrir la vie citoyenne ? Quelles précautions comptez-vous prendre ?

Le numérique prolonge et complète le monde physique, la vie quotidienne. Notre pays est confronté à une crise de confiance, économique, morale. Pour y répondre, je souhaite élargir nos dispositifs de participation citoyenne en multipliant les outils proposés : budget participatif, plate-forme de création collective de projets, e-pétition, voilà des pistes. Nous innovons en créant des outils complémentaires, qui enrichiront les dispositifs de participation existants.

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Commentaires 13
à écrit le 15/11/2014 à 11:36
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Elle aura du mal à convaincre tous les jeunes diplômés qui s'installent à LONDRES pour racket fiscal en France !

à écrit le 15/11/2014 à 8:45
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a Londres ils ont un avantage certain ils n'ont pas Hidalgo comme maire. Cet handicap est insurmontable.

à écrit le 14/11/2014 à 21:22
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Perso je trouve ce genre de comparaison au ras des pâquerettes, c'est provincial, c'est enfantin, c'est bête, c'est nul.

à écrit le 14/11/2014 à 19:34
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Déjà Hollande le socialiste qui promettait qu'il n'y aurait plus d'impôt et voilà que la Hidalgo se met à faire dans la comparaison douteuse, Paris à Londres à rigoler, ils sont vraiment tous tombés sur la tête ces socialiste, c'est vrai avec Cahuzac...

à écrit le 14/11/2014 à 17:47
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Bravo des beaux projets - mais à quand une ville avec des transports en commun propres qui ne sentent pas l'urine ? Tout à envier à Londres de ce point de vue là....

le 14/11/2014 à 21:24
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Non sans oublier les pics de pollution à Paris, le nombre croissant de mendiants, SDFs, pick-pockets dans les rues, le métro…. c'est pas du bashing mais il faut voire les choses telles quelles se présentent.

à écrit le 14/11/2014 à 16:45
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promenez vous dans le célèbre quartier de l'opéra et venez y admirer les mini-camps de sans-abri qui s'y multiplient jour après jour.....merci les bobos

à écrit le 14/11/2014 à 16:40
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Le sujet n'est pas seulement d'avoir plein de start up, c'est qu'elles restent en France quand elle grossissent

à écrit le 14/11/2014 à 16:04
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Pourtant à Paris, il y a l'Ile de la City.

à écrit le 14/11/2014 à 14:43
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Plié de rire !!!! En plu ce serait une ancienne inspectrice du travail ??? Elle n'a pas du bosser souvent !! La loi française hyper-protège le salarié, ne permet pas le travail la nuit, le dimanche, plus de 48 heures par semaine, plus de 12 heures d'...

le 14/11/2014 à 16:03
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Et c'est tant mieux cher PAT34

à écrit le 14/11/2014 à 14:41
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Comme aussi Madrid hi hi hi hi

le 14/11/2014 à 19:22
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Rome non plus.

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