#Cities4Climate, des villes pour le climat et pour la vie

Le Sommet des Elus Locaux pour le Climat, s'est proposé avec succès d'être un élément de « pression positive » sur les négociations de la COP21. Par Carlos Moreno.
A l'initiative de la Maire de Paris, Anne Hidalgo et de l'ex-Maire de New York et envoyé spécial de l'ONU sur les Villes et le changement climatique, l'initiative « Cities For Climate » a réuni à l'Hôtel de Ville de Paris, des maires de tous les continents, désireux d'apporter leur contribution pour peser dans la réflexion et propositions d'actions dans la COP21, un lieu de concertation entre les états.

A quelques jours de la fin de la COP21, la mobilisation des villes a été un remarquable esprit nouveau qui a soufflé face à ce grand défi qui se joue à Paris par rapport au climat dans cette étape de concertation mondiale. En effet, pour la première fois dans l'histoire des «Conferences des Parties » (COP), des maires du monde entier se sont mobilisés pour écrire une page nouvelle dans l'histoire de ce rendez-vous planétaire.

A l'initiative de la Maire de Paris, Anne Hidalgo et de l'ex-Maire de New York et envoyé spécial de l'ONU sur les Villes et le changement climatique, l'initiative « Cities For Climate » a réuni à l'Hôtel de Ville de Paris, des maires de tous les continents, désireux d'apporter leur contribution pour peser dans la réflexion et propositions d'actions dans la COP21, un lieu de concertation entre les états.

Ce Sommet des Elus Locaux pour le Climat, s'est proposé avec succès d'être un élément de « pression positive ». Pour la première fois pendant une Conférence pour le Climat (COP), les principaux réseaux européens et mondiaux de villes (tels que CGLU, ICLEI, C40, l'AIMF ou le CCRE) se sont rassemblés sous le signe « 1000 maires pour s'engager en faveur du climat » en  proposant des engagements et des actions concrètes sous la forme d'une déclaration commune.

La population mondiale urbanisée génère 60% des émissions

Les villes, nous l'avons déjà évoqué dans ces colonnes, dans un monde fortement urbanisé et toujours en forte croissance, sont un grand contributeur à l'effet de serre et en même temps beaucoup des effets du changement climatique touchent les citadins, partout dans le monde. La population mondiale urbanisée génère deux tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

Au siècle des métropoles, aucune solution sur la planète ne peut être trouvée sans leur adhésion et leur participation active. Anne Hidalgo et Michaël Bloomberg ont explicité la position engageante et dynamique des villes : « Accord contraignant ou pas, il faut agir ».

A travers cette mobilisation sans précédent des villes et des élus locaux, ils sont dans cette COP21 à la table des négociations aux côtés des autres parties prenantes.

Les villes ont des solutions concrètes à apporter et leur démarche est complémentaire de celle des Etats. L'urbanisation de nos vies a créé une échelle dans laquelle l'implémentation des pratiques exemplaires est possible pour  la mise en place des réponses précises au travers des outils participatifs.

Colonne vertébrale du capital confiance

Les Maires par la proximité existante avec leurs administrés sont aujourd'hui la colonne vertébrale du capital confiance des citoyens envers le monde politique. Pour défendre la qualité de vie du citoyen dans leurs villes, objectif majeur de chaque élu dans sa ville, les Maires sont en capacité de traduire en actions une réelle vision systémique reliant qualité de l'air, de l'eau, mobilité, habitat, santé, climat...

Dans leur déclaration finale les Maires  de « Cities for Climate » précisent que :

« Nous ne pouvons pas continuer sur la même trajectoire d'émissions de gaz à effet de serre, qui aurait des conséquences désastreuses pour nos enfants, pour l'environnement et la bio diversité. »

Il est intéressant de lire l'étude comparative réalisée par l'Université de Yale à propos des engagements de réduction de gaz à effet de serre des Etats avec ceux des villes à partir de l'Agenda des Solutions : les acteurs locaux vont plus vite et plus loin que les nationaux.

A titre d'exemple, le bilan en 2014 de 1268 engagements provenant de 1192 villes et régions représentent 2,7 milliards de CO2 pour une population de 1,26 milliards d'habitants, soit 17% de la population mondiale.

Le défi d'une réduction de 3,7 milliards de tonnes de CO2

Pour 2030, l'objectif des Maires réunis à Paris à « Cities for Climate », va encore plus loin car il s'agit d'obtenir  une réduction de 3,7 milliards de tonnes avec l'ambition d'aboutir à l'horizon de 2050 100% d'énergie renouvelable et une réduction de 80% de gaz à effet de serre sur leurs territoires.

Ces 3,7 milliards de réduction représentent 30% de la différence entre les engagements des Etats actuels et le niveau d'émissions recommandé par la communauté scientifique dans le but de limiter le réchauffement de la planète à 2°C.

Certes, face au défi de 50 milliards de CO2, le chemin est encore long et la négociation à Paris de la COP21 est ardue mais comme l'a signalé Mme Christina Figueres, Secrétaire Exécutive de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (UFCCC), « c'est une impulsion exemplaire ».

Il est à remarquer également à propos d'un sujet majeur pour nos vies et nos villes, la résilience.  C'est un sujet fréquemment abordé  dans ces colonnes, la vulnérabilité et la fragilité de nos vies, villes et territoires. Les 1.000 maires ont également acté dans leur déclaration finale leur décision en vue de « produire et mettre à l'œuvre des stratégies participatives de résilience et des plans d'action afin de s'adapter au nombre croissant de catastrophes liées aux changements climatiques d'ici à 2020 ».

Quelle autonomie des villes face aux Etats ?

A l'heure où des engagements financiers forts sont indispensables et dans le même  temps la participation citoyenne et la mobilité des écosystèmes dans les territoires, pour transformer des déclarations solennelles comme celle de la COP21, il devient également stratégique de se poser la question de la gouvernance et de la marge d'autonomie dont doivent disposer les villes et les métropoles face aux Etats. C'est le dernier point qui a été abordé par cette déclaration pour le climat :

"Accéder à la finance verte, disposer d'une plus large autonomie budgétaire et d'une capacité réglementaire afin d'amplifier leur action."

Présent en Afrique en même temps que cette initiative avait lieu à Paris, je dois signaler également l'importante mobilisation que dans cette partie du monde suscitent ces engagements. La récente création de l'initiative « Smart Africa » sera sans doute un élément majeur pour assurer le développement de ce continent Espoir dans une voie d'avenir, alliant villes, nouvelles ressources énergétiques et comportements de vie.

La présence de Bamako, Dakar, Accra, Johannesburg à côté d'autres villes-monde fait partie de cette volonté de transformation, dans un continent où, d'ici 20 ans habitera un terrien sur trois.

Le rôle moteur des maires

La COP22, l'année prochaine aura lieu au Maroc, à Marrakech au mois de novembre du 7 au 18. Cette nouvelle COP sera déterminante car elle sera le point d'étape entre les engagements pris, nous l'espérons tous, par les Etats dans quelques jours et la mise en place du plan d'action, qui sera le seul critère définitif dans sa réussite : le total respect pour que chacun des engagements soit tenu afin de se donner une chance pour la planète, pour l'humanité, pour nos villes et pour la vie sur terre des prochaines générations.

La COP20 en Amérique Latine, à Lima, l'année dernière fut celle des négociations, celle la COP21 à Paris, celle des décisions, la COP22 au Maroc, sera celle de l'action.  Il est significatif qu'elle ait lieu en Afrique, continent fortement marqué par les effets criants du changement climatique. Doublement affecté par la fragilisation de son environnement et de ses ressources, ainsi que par le développement urbain non maîtrisé, qui, avec des grandes concentrations sur tout le continent, abrite des mégalopoles qui démultiplient les effets et les ravages causés par l'activité humaine.

Plus que jamais, la reconnaissance de la place prise par les villes à cette COP21 marque d'une manière indélébile et irréversible, le rôle moteur que les maires, élus et éco-systèmes urbains vont jouer dans les prochaines décennies. Au siècle des villes, notre engagement pour des villes vivantes, humaines et porteuses des intelligences sociales, urbaines et technologiques, voilà notre plus bel engagement pour la vie.

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