Smart City made in USA

Aux portes de l'élection présidentielle américaine, qu'en est-il des villes, dans le pays qui a vu naître l'expression Smart Cities ? Par Pr Carlos Moreno, spécialiste de la ville intelligent.

L'histoire a retenu qu'elle est née d'un échange entre Bill Clinton et l'ex-président de Cisco, John Chambers, sur les villes et la technologie. Boyd Cohen, chercheur américain, explique la transformation de ce concept totalement technologique, vers la Smart City 2.0, prise en charge par les villes, comme élément de planification systémique et maintenant une vision 3.0 citoyenne, qui vient se ressourcer dans la ville participative.

Mais quel a été son parcours aux États-Uns ? Il a fallu attendre pratiquement la fin du mandat du Président Obama pour voir apparaître une initiative, bénéficiant d'une approche globale, transversale et citoyenne. Ce n'est que le 28 septembre 2016 qu'il a annoncé le programme « White House Smart Initiatives », en vue d'encourager les initiatives urbaines dans des domaines transverses, tels le climat, le transport, la sécurité, les services. Les sommes annoncées sont modestes, même si elles s'ajoutent à d'autres actions, telles que le « Code for America » ou encore l'« Open Government Initiative ».

Cet ensemble contraste avec la réalité des villes américaines : l'approfondissement des inégalités, la fragilité de la protection sociale, les graves problématiques du logement pour les classes défavorisées, la persistance de problématiques raciales et de violences, avec, en toile de fond idéologique, le rêve individuel américain de pouvoir faire fortune.

Tout cela joue contre l'approche d'une ville qui mobilise son écosystème et ses forces vives autour d'un programme de développement. L'initiative privée de l'entrepreneur à succès Tony Hsieh à Las Vegas, avec le « Downtown Project », la gentrification de San Francisco par l'enrichissement des cadres de la nouvelle technologie, les projets de villes « personnelles » - à la Facebook avec la Zee Town ou Z-Town (pour Zuckerberg) -, la puissance intellectuelle du MIT à Boston et d'autres grands centres de recherche, contrastent avec la détresse de millions d'Américains, marginalisés, et qui ne pourront jamais accéder au rêve américain. Bien sûr, de belles initiatives urbaines ont vu le jour - à Detroit, avec le Chicago Open Source ou le Smart ColombUS -, mais elles restent modestes à l'échelle des États-Unis.

L'American Dream continue à incarner un rêve individuel

Même si Trump perd, ses voix acquises sont déjà trop, car c'est la négation de l'autre, de la collectivité et de ce qui façonne nos vies dans nos villes, le brassage, la diversité et la mixité. C'est le vote de la haine de l'étranger, de l'exclusion sociale, de l'abaissement de soi à la recherche du profit à n'importe quel prix.

Signe de ces temps, les voitures autonomes, sont nées aux États-Unis avec Google, Uber et autres compagnies technologiques, car c'est encore « moi et moi et moi », même sans chauffeur. Les navettes autonomes à usage collectif ont vu le jour en Europe, et particulièrement en France.

Plus qu'un clin d'oeil, c'est un signe des temps...

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