Villes, espaces publics et démocratie au XXIe siècle

Un an après les attentats de Paris, mais aussi ceux de Beyrouth, Bamako, Lagos, Jakarta, Tel-Aviv, Istanbul, Ouagadougou, le danger se profile comme une nouvelle donne dans l'espace public.
D'un endroit à l'autre de la planète, face à cette nouvelle donne, de l'état d'urgence aux lois sur l'utilisation des cyber-espaces en passant par les nouvelles précautions ou contraintes dans des lieux collectifs ou les transports publics, l'utilisation des espaces du XXIe siècle nous interroge.

Les attentats terroristes qui partout sur la planète s'attaquent à la vie dans la ville, dans les espaces publics, communs, ou partagés, portent une nouvelle menace sur notre manière de regarder, sentir, vivre, les espaces urbains.

D'un endroit à l'autre de la planète, face à cette nouvelle donne, de l'état d'urgence aux lois sur l'utilisation des cyber-espaces en passant par les nouvelles précautions ou contraintes dans des lieux collectifs ou les transports publics, l'utilisation des espaces du XXIe siècle nous interroge.

Entre le mal et la peur, un an après les attentats de Paris, mais aussi ceux de Beyrouth, Bamako, Lagos, Jakarta, Tel-Aviv, Istanbul, Ouagadougou, et ailleurs, le danger se profile comme une nouvelle donne dans un espace public, dans lequel le lien de confiance reste le fil naturel, qui relie les hommes et les femmes, qui partagent les mêmes espaces de la Cité.

Au delà de ces faits, la localisation urbaine des habitants et la nature de leurs interactions avec leur environnement d'existence sont devenus un enjeu majeur pour les Maires, les citoyens et tous les acteurs de la vie sociale, économique, culturelle et urbaine. Avec la progression de la qualité de vie, se joue la perception du bien fondé et la pérennité de l'action d'une équipe municipale.
Le processus de développement d'une ville se traduit aussi par les liens qui se nouent entre les espaces urbains, les citoyens, leur habitat et leur mode de vie quotidien.

L'espace public urbain est le socle de la vie démocratique dans nos vies. Il n'a pas fallu attendre le XXIème siècle pour constater que c'est dans son sein que se joue le développement ou le coup d'arrêt de toute capacité à créer, encourager et enraciner la participation des habitants qui partagent un territoire.

C'est un lieu où par essence, les habitants de la ville, peuvent librement interpréter, traduire, contester, adhérer, transformer le regard qu'ils portent face au pouvoir politique, social, culturel, religieux, économique...etc. Dissocier l'espace urbain des infrastructures de voirie et ne pas confondre espace public et cyber espace, à l'heure de l'ubiquité, devient aujourd'hui essentiel. La citoyenneté comme acte d'adhésion à une communauté de vie qui partage des valeurs, des repères, des acquis, des droits et de devoirs, a comme lieu d'expression, de nos jours, l'espace public urbain.

Des penseurs du monde numérique font valoir que « que les citoyens sont partis vivre dans les réseaux sociaux ». La réalité est que les hommes et les femmes dans la vie réelle, celle de chaque jour et chaque nuit, habitent dans un territoire, dans un espace géographique socio - économique très précis, qui est la ville, et avant d'être des utilisateurs du web et des réseaux sociaux, ils sont avant tout des citadins, dans un monde majoritairement urbanisé.
La force portée par le maillage massif des réseaux sociaux, leur puissance infinie exprimée par l'instantanéité avec leur capacité à influencer les comportements humains est certes unique et c'est le marqueur du XXIème siècle. C'est aussi une nouvelle donne pour l'humanité car ils contribuent à changer en profondeur les modes de vie. Ces mutations s'expriment dans le quotidien de nos vies urbaines dans le public, le privé, et aussi dans notre intimité.

Mais aussi puissantes soient-elles, ces mutations ne deviennent une réalité que dans la vie que nous menons dans la ville, dans nos quartiers, nos lieux de travail, nos lieux de loisir... Partout où nous sommes « In Real Life », là où nous portons nos espoirs et nos désespoirs, nos illusions et nos désenchantements. C'est dans le partage de nos vies, dans les espaces publics comme lieux d'expression de la vie collective, que la vie citadine et citoyenne se déroule. C'est dans ces lieux urbains que nos métamorphoses ont lieu. La ville s'incarne sous nos yeux, au travers des espaces publics urbains. Dans ces lieux sensibles, essentiels, porteurs de valeurs se manifeste aussi la qualité de la vie urbaine. Avec elle, des leviers s'offrent à tous pour développer la vie démocratique, notre implication dans la vie de la cité, l'espérance de construire un espoir partagé, la fierté de notre ville, de notre territoire.

Avec 47 millions de touristes par an, Paris est la ville la ville la plus visitée au monde. Ceci donne aux autorités locales une responsabilité majeure pour que ce pouvoir d'attraction, n'obère pas la fierté de la vie parisienne mais au contraire renforce sa composante citoyenne et participative.
Barcelone à ce titre, en est un contre exemple. En effet, la nouvelle maire Ada Colau, vient d'annoncer pour la première fois dans une ville-monde, un plan pour aller vers la « décroissance touristique ». La perte d'une certaine identité urbaine, voilà un sujet qui a été l'un des enjeux de la récente élection municipale.

La citoyenneté ainsi exprimée, prend une autre tournure, qui touche notre véritable nature, au delà des papiers administratifs, des formalités juridiques, de l'appartenance même à une nation. Oui, construire l'identité urbaine, dans nos villes cosmopolites, est un combat essentiel.

Dominique Wolton, le rappelle « Appartenir à l'Espace Public est se dessiner et s'affirmer. Le mot public apparaît au 14e siècle, du latin publicus ; ce qui concerne « tout le monde ». Public renvoie à « rendre public », à publier. Cela suppose un élargissement de l'espace commun et l'attribution d'une valeur normative à ce qui est accessible à tous ».

La vie urbaine et les mutations profondes qu'elle implique, nous amène à réfléchir et à nous questionner : comment comprendre et approfondir le partage de ces espaces au cœur de la vie de nos cités ?

« Descendre dans la rue », telle est l'expression courante qui consacre l'adhésion ou la désaffection des citoyens à un projet politique, social, à approuver ou réprouver une certaine situation. Par son effet de massification, elle devient l'ultime juge et décide du devenir de ce qui est l'objet de la mobilisation.

Bien que dernier recours, la pérennité politique, au XXIème siècle, à l'heure de l'hybridation urbaine, ne se joue plus, sur cette « descente dans la rue », mais à contrario, dans son appropriation. C'est le profond changement qui s'est opéré en moins de 20 ans et qui a dessiné une autre forme d'intervention des citoyens dans la vie politique, sociale, et urbaine.

La vitalité démocratique, elle se joue aujourd'hui dans la rue, les places, les jardins, les parcs, les squares, les berges, les boulevards, les murs, les aires de jeux, les lieux de culture, les kiosques à musique...etc, chaque jour et chaque nuit, comme manifestation majeure et permanente de l'espace urbain public, qui transcende le « commun », pour devenir l'espace de transformation pour tous. L'espace public n'est plus comme au siècle de lumières, l'espace intermédiaire entre la Société Civile et l'Etat. Il est porteur lui même de vie, de démocratie, de convivialité, d'affection, de chaleur humaine, mais il peut être aussi vecteur d'exclusion, de violence, d'incivilité, voire de haine.

Le pouls de nos vies citadines bat dans les espaces publics. Ils sont un indicateur clé de notre santé citoyenne. Une Ville - Agora - Forum - Zócalo, donne à la Cité toute la place qui est la sienne. A ses origines, la Cité, en latin, (Polis en grec), désigne « une communauté de citoyens entièrement indépendante, souveraine, cimentée par des cultes et régie par des lois ».

Plus que jamais les espaces publics et l'exercice de la démocratie sont un défi majeur pour nos vies dans nos villes.

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Commentaires 2
à écrit le 27/01/2016 à 16:44
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Quand on met sur le même plan Paris, Beyrouth, Bamako, Lagos, Jakarta, Tel-Aviv, Istanbul, Ouagadougou, on voit immédiatement à quel niveau est tombée la France...quoique des fois on se demande dans certains quartiers si on est pas ailleurs qu'en Fra...

à écrit le 27/01/2016 à 11:27
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On nous parle d'espace public et de démocratie au moment où l'on veut nous la supprimer, pour mieux construire une Union Européenne en suivant un "dogme" préétablie! Manière de nous faire croire que le problème est ailleurs!

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