Paris se voit en championne de la résilience

La capitale a malheureusement eu récemment l’occasion de tester sa capacité à surmonter des crises violentes. Mais, pour s’y préparer dans la durée, Paris rejoint un réseau de villes qui partagent la même préoccupation.
Dominique Pialot
Simulation de la crue centennale

Paris affirme chaque jour un peu plus sur la scène internationale ses atouts face aux défis du XXIe siècle. Après avoir profité de la COP21 pour fédérer des maires du monde entier dans la lutte contre le changement climatique, après avoir organisé un « hacking » réunissant à l'Hôtel de Ville 1.000 startups françaises et étrangères, après avoir déposé sa candidature à la présidence du "C40", un réseau regroupant les 83 plus grandes villes du monde et particulièrement actif sur le sujet du climat, Anne Hidalgo a officialisé mardi son ralliement à l'initiative 100 Resilient Cities (100 RC). Cette initiative de la Fondation Rockefeller rassemble des villes cherchant à améliorer leur capacité à surmonter les crises chroniques ou ponctuelles.

« Comme le berceau de nombreuses révolutions - dans les arts, la politique, la philosophie ou encore l'urbanisme -, il était important que Paris soit également à l'avant- garde de la prochaine révolution - la révolution de la résilience », a déclaré la maire de Paris.

Cette annonce s'inscrit dans la ligne des engagements pris lors de la COP21, de consacrer au moins 10% du budget de la Ville aux efforts de résilience.

"Fluctuat nec mergitur": la résilience de la capitale française, sa capacité à se relever d'attaques en tous genres, est inscrite jusque dans sa devise-même. Mais dans le contexte actuel d'urbanisation, de globalisation et de changement climatique, les villes du XXIe siècle sont confrontées à une multiplication de menaces chroniques ou aigües où les canicules et autres inondations le disputent à la pollution, aux épidémies, à la pauvreté, et, depuis peu, au terrorisme.

Un "Monsieur résilience" chargé d'élaborer un plan

Depuis 2013, l'initiative 100 RC les accompagne pour les y préparer au mieux. Elle regroupe aujourd'hui 67 villes, et atteindra en principe l'objectif de 100 membres dans l'année. Son président, Michael Berkowitz, était présent ce mardi aux côtés d'Anne Hidalgo pour annoncer la nomination d'un « haut responsable de la résilience » (financé pendant deux ans par la fondation Rockfeller) et le lancement de travaux devant aboutir à un « plan résilience »  présenté à l'automne.

« Paris fait partie d'un groupe innovant de villes, qui ouvre la voie à la résilience »,   a précisé Michael Berkowitz.

Sébastien Maire, ancien directeur de cabinet de Dominique Voynet à la mairie de Montreuil et nouveau « Monsieur résilience » de la ville de Paris, a connu le baptême du feu dès son arrivée en novembre, à la veille des attentats, à quelques jours de la COP21 et quelques semaines des simulations de la crue centennale... Comme ses alter ego dans les autres villes du réseau, il a notamment pour objectif de faire tomber les barrières au niveau local et de favoriser des partenariats, alliances et mécanismes de financement pour répondre aux vulnérabilités de tous les habitants de Paris et de la Métropole, en mettant un accent particulier sur les populations à faibles revenus ou vulnérables.

Plus que des solutions techniques, ce sont les aspects organisationnels, ainsi que la lutte contre les inégalités sociales, qui apparaissent comme les piliers d'une bonne résilience.

La cohésion sociale, clé de voûte de toutes les résiliences

« La cohésion sociale et la capacité de la société à faire bloc est la meilleure façon de résister à des chocs, quelle que soit leur nature », souligne Sébastien Maire.

Son emplacement, l'état de ses réseaux d'eau et d'énergie, son action sociale ancienne, l'implication de ses habitants dans la vie de la cité... en comparaison de bien d'autres villes du réseau 100 RC, font de Paris est une ville robuste. Et elle a déjà initié de nombreuses actions visant à la renforcer face aux menaces chroniques comme aux chocs brutaux.

Malgré ses atouts, Paris a des fragilités

Des points de fragilité apparaissent néanmoins. Crues, vagues de chaleur, sécurisation de l'approvisionnement en eau et en énergie, logement, inégalités sociales sont autant de sujets qui, du point de vue des experts comme dans le ressenti des Parisiens, méritent de s'y arrêter.

La ville lance donc, sous l'égide de Sébastien Maire, auprès de ses parties prenantes (institutionnels, acteurs économiques et académiques, sphère associative...) une consultation destinée à identifier les points les plus urgents. Des tables rondes rassemblant des représentants de la Ville, de l'Agence parisienne du climat, d'entreprises (SNCF, RATP, Veolia, entre autres), des pompiers, etc., ont commencé à plancher, dès mardi, dans le cadre des premiers Ateliers de la résilience.

Par ailleurs, les travaux doivent permettre, en cas de dégradation suite à une crise de quelque nature que ce soit, de ne pas reconstruire à l'identique, mais en apportant les modifications qui permettront de rendre l'infrastructure endommagée plus résistante à une prochaine menace. On pourrait ainsi imaginer que le parcours du RER C (qui serait parmi les premiers touchés en cas de crue) soit transformé en une promenade sur les quais.

Sans attendre ces événements qui les menacent, Paris et la Métropole pourront également utiliser le futur « Plan résilience » pour mieux flécher les milliards d'euros prévus afin de mettre en œuvre les engagements de la COP21.

Paris appelée à jouer un rôle de premier plan dans le réseau

Célia Blauel, maire adjointe chargée de l'environnement, du développement durable, de l'eau, de la politique des canaux et du plan climat énergie territorial, se réjouit de la force du réseau et du partage d'expérience et de bonnes pratiques. Outre les rendez-vous téléphoniques mensuels avec les "Monsieur résilience" européens, et les réunions annuelles de visu des 67 (et bientôt 100) villes membres, Sébastien Maire prévoit de travailler sur la problématique des migrants avec Athènes, et sur les risques d'inondation et de montée des eaux avec New York, La Nouvelle-Orléans ou encore Rotterdam.

Et Michael Berkowitz n'a pas manqué de vanter l'opportunité pour Paris d'exporter dans le monde entier ses solutions anti-changement climatique ou ses recettes d'intégration des populations pauvres et vulnérables, en regroupant ces initiatives sous l'ombrelle unique de la résilience.

Dominique Pialot

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Commentaires 3
à écrit le 08/04/2016 à 3:04
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Attendons la prochaine crue centennale et nous pourrons constater encore une fois l'innanite d'une pareille pretention. La solution est d'alleger la cite, pas le contraire. Les conflits d'interets, voila le paradoxe.

à écrit le 07/04/2016 à 11:55
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Quel culot les Rockefeller, a l'instar d'autres banques internationales responsables de l'endettement des états et donc de l'inégalité sociale qui se cesse de s'accentuer en France, quel est leur but ? Remplacer une ligne de RER par une promenade ! C...

à écrit le 06/04/2016 à 14:41
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Une immigration massive , 17 millions d'habitants entassés dans 60 Km2 , pas étonnant que les infrastructures soient défaillantes et que l'île de France manque de logements. Nos élus devraient réfléchir à ce qui se passait dans les années 60, une p...

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