Une finance responsable pour une ville solidaire

[ CITIES FOR LIFE ] Pour rendre la ville plus inclusive, il faut des fonds. Les dispositifs comme l'ISR (Investissement Socialement Responsable) et la finance solidaire peuvent aider les responsables à développer leurs projets d'aménagement urbain. Quand la finance devient solidaire...
Une partie de la population, souvent urbaine ou périrubaine, est quasiment exclue de la bancarisation pour des raisons diverses (pauvreté, handicap). Une des missions de La Banque Postale, établissement public, est d'accompagner ces personnes explique Rémy Weber, président du directoire.

Souvent décriée pour ses excès, la finance peut aussi montrer un visage positif, comme le prouvent les dispositifs récents d'Investissement Socialement Responsable (ISR) pour les entreprises et de finance solidaire pour les particuliers.

Une partie de la population, souvent urbaine ou périrubaine, est quasiment exclue de la bancarisation pour des raisons diverses (pauvreté, handicap). Une des missions de La Banque Postale, établissement public, est d'accompagner ces personnes comme l'explique Rémy Weber, président du directoire :

« Le 10 du mois, les bureaux de poste voient arriver des bénéficiaires des aides sociales, versées à cette date, qui viennent tirer 10 euros et reviennent parfois le soir déposer les quelques euros non dépensés. L'inclusion bancaire est une mission lourde mais utile. »

La Banque Postale offre par exemple des services de traduction et travaille avec 214 associations au sein de l'initiative contre l'exclusion bancaire. Elle a également noué un partenariat depuis 2013 avec la plateforme de crowdfunding KissKissBankBank.

Les startups sont un autre pôle de cette lutte contre la précarisation bancaire. Collecticity est à la fois une fintech et une civic tech. Pour Julien Quistrebert, son président, « l'épargne citoyenne sert à financer les projets des collectivités locales qui profitent à tous ». Exemple : la plateforme a octroyé un prêt participatif à l'agglomération de Saint-Brieuc.

"C'est une source de financement alternative pour les municipalités qui n'est pas liée au marché des obligations. C'est aussi un moyen de recréer du lien avec les citoyens en faisant preuve de transparence sur les sources de financement", estime Julien Quistrebert.

Transformer l'épargne en finance solidaire

Nicolas Hazard , président et fondateur du Comptoir de l'innovation (Groupe SOS), qui investit, accompagne et promeut l'entrepreneuriat social, veut carrément « changer le monde ». Le jeune financier solidaire, qui a monté un fonds d'investissement de 100 millions d'euros pour soutenir les entreprises innovantes, créatrices d'activités économiquement viables et d'emplois pour tous, explique :

"Nous croyons que la finance, c'est avant tout des moyens et non une fin. L''impact investing' (investissement à impact social), qui a pour but de répondre à des problématiques de logement, d'éducation et de santé, est porté par les nouvelles générations. Les inégalités et la pression sur les ressources naturelles sont en hausse partout dans le monde. Tous les pays sont confrontés à cette double menace."

Autre dispositif, celui de la finance solidaire, représenté à la table ronde par Finansol. Ce collectif rassemble 70 acteurs (associations, entreprises, établissements financiers) qui ont pour objet principal de promouvoir l'utilité sociale et environnementale.

« La France est le deuxième pays d'Europe en termes d'épargne. Comment mobiliser une partie de ces fonds sur des produits transparents qui correspondent aux enjeux de société ? », s'interroge Sophie des Mazery, directrice générale de Finansol.

Le collectif a déjà permis de créer 31.000 emplois et de reloger 4.500 personnes. Des chiffres certes modestes comparés aux besoins, mais qui devraient croître lorsque ce mode de financement récent, qui s'appuie sur l'épargne des particuliers, sera mieux connu.

Les pouvoirs publics, acteurs indispensables

Gianluca Galleto, principal au Global Futures Group, spécialisé dans le conseil autour des smart cities, a longtemps travaillé à la mairie de New York :

"Le succès de la finance responsable est possible s'il existe une réelle volonté politique, affirme-t-il. La municipalité de New York a émis par exemple des Tax-free bonds for a sustainable neighborhood [obligations non taxées pour un voisinage durable, Ndlr] afin de construire des logements aux loyers abordables, la Grosse Pomme étant la ville la plus chère des États-Unis pour se loger."

La ville a également mis en place un programme ambitieux pour réduire la fracture numérique, avec le plus grand réseau de wifi gratuit du monde en reconvertissant les centaines de cabines téléphoniques en bornes wifi, le service étant payé par la publicité. Une initiative publique que soutient Julien Quistrebet (Collecticity) :

"Réduire les inégalités n'est pas le rôle des plateformes numériques mais celui de l'Etat ou des collectivités locales. Exemple : l'Etat participe indirectement à la restauration du patrimoine culturel français en défiscalisant les dons des particuliers."

Sophie des Mazery évoque le mouvement Habitat et Humanisme, qui gère 7.000 logements sociaux et fonctionne avec un tiers de fonds propres, un tiers provenant des collectivités locales et un tiers de prêts bancaires. « Sans cet équilibre, ce serait impossible », estime-t-elle. Mais si l'épargne solidaire a permis de lever 8,5 milliards d'euros, cette somme ne représente que 0,19 % du patrimoine global d'épargne des Français. Le potentiel de cette nouvelle forme de financement responsable est donc conséquent.

Patrick Cappelli,
correspondant de La Tribune à Cities for Life

>> Lire aussi : Dossier complet sur le Forum Smart City du Grand Paris

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 24/11/2016 à 16:34
Signaler
"finance responsable", deux mots opposés.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.