GovFaces, le Facebook qui va faire de vos députés européens vos amis

Govfaces est un réseau social lancé ce lundi par une entreprise basée en Suisse. Il permettra aux citoyens de communiquer directement avec les députés européens.
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, Govfaces n'est pas une initiative de l'UE, mais d'une entreprise privée. (Photo : Reuters)

Ne vous y trompez pas : GovFaces n'est pas une initiative de la Commission européenne. Ce réseau social, lancé lundi, a été créé par une start-up qui a profité de l'imminence des élections européennes pour lancer son concept : la communication directe entre les citoyens et les parlementaires européens.

Une start-up internationale

La jeune entreprise est tout sauf proche des institutions européennes. Menée par un PDG américain, Jon Mark Walls, elle est basée à Genève, en Suisse , "pour garantir notre neutralité et notre indépendance", explique celui-ci. Son interface est encore écrite dans un français quelque peu maladroit ("atteindre, communiquer et être entendu" pour "reach out, communicate and be understood"). "La traduction est toujours en cours", précise le PDG. Et pour cause : le but de l'entreprise, à terme, est d'étendre son modèle à tous les pays du monde.

Les élections européennes comme tremplin

Le site a été lancé le 3 mars 2014 afin de tester la plateforme lors des élections européennes, avant d'étendre le modèle à d'autres parlements et gouvernements. Sur Govfaces, on peut communiquer avec les députés européens, noter les élus ou encore voter pour classer les sujets politiques du moment par ordre d'importance, un peu comme sur le réseau social américain Reddit. Mais trois jours après le lancement, seuls onze eurodéputés (dont une française, Nathalie Griesbeck, élue dans l'est) et Maros Sefcovic, commissaire européen chargé des relations inter-institutionnelles, ont activé leur profil. "Un grand nombre d'entre eux devraient rejoindre la plateforme dans les jours à venir", affirme Alexis Bourgeois, co-fondateur, "nous sommes en contact avec une soixantaine d'entre eux et la commissaire Neelie Kroes a approuvé le projet".

Govfaces Rachida

Parmi les 757 députés qui ne participent pas pour le moment figure Marielle de Sarnez, vice-présidente du MoDem de François Bayrou. Jean-Guilhem Tovar lui a déjà posé deux questions, dont une sur l'appartenance de l'Angleterre à l'Union européenne (UE) :

Madame, quelle est votre position concernant la présence du Royaume-Uni dans l'Union? (...)

L'internaute a adressé sa question à plusieurs députés. Sofian, un autre usager du service, a également multiplié les apostrophes aux parlementaires au sujet de la politique de l'UE vis-à-vis d'Israël :

Pourquoi l'UE applique-t-elle des sanctions dures à l'égard du régime iranien mais ne condamne pas le gouvernement d'extrême droite israélien qui ne respecte pas le droit international ?

Spams, insultes ou trolls ne seront pas modérés

Le risque est évident : spams, "trolls" et autres insultes pourraient se multiplier.  Mais il n'y aura pas de modérateurs sur GovFaces. "Nous ne souhaitons pas prendre cette responsabilité", explique le PDG, "nous risquerions d'être accusés de partialité". Les messages négatifs seront donc mis en lumière par les internautes eux-mêmes, sur le modèle de la participation collaborative de Wikipédia. "C'est comme un gouvernement qui promeut la liberté d'expression. On doit accepter que toutes les opinions s'expriment", poursuit Jon Mark Walls. Au risque de voir des messages comme celui-ci, envoyé par "Moment Terror" à l'attention de Le Pen, père et fille :

Pourquoi laissez-vous faire une compromission du FN avec des allochtones extra européens sur vos listes électorales ?

Un business model en trois volets

Le PDG a beau déclarer qu'il "rêve de rehausser la qualité du dialogue politique dans le monde", la start-up, lancée après trois ans d'études de marché, est avant tout un business. Son financement se divise en trois volets : tout d'abord, la mise en place d'une version améliorée du site, payante, sur le modèle de LinkedIn, qui donnera accès à des agrégats d'informations sur les internautes et les grandes tendances. Cependant, insiste Jon Mark Walls, "les données fournies seront uniquement publiques. Les informations privées des utilisateurs ne seront pas partagées". Govfaces pourrait également être financée par du "sponsored content" : les utilisateurs pourront payer pour attirer l'attention des autres internautes sur un sujet en particulier. "Plus l'attention est portée autour d'une conversation, d'un sujet, plus il y a de chance qu'un politicien, une personnalité de haut-niveau réponde", explique Alexis Bourgeois. Enfin, à plus long terme, l'entreprise envisage de se lancer dans le "crowdfunding". En revanche, pas question d'accepter des subsides publics : "nous devons rester indépendants", affirme Jon Mark Walls.

Quelle valeur ajoutée face à Twitter ou Facebook ?

La pari est ambitieux, mais est-il à la hauteur du service rendu ? La valeur ajoutée de GovFaces par rapport à des réseaux sociaux comme Twitter ou Facebook reste à démontrer. Selon le PDG, "elle tient en un mot : interaction".  Arthur Nicolle-Lambert, communiquant, nuance l'attractivité de la plateforme : "GovFaces s'adresse à une minorité déjà politisée, qui aura la démarche de s'y inscrire, contrairement à Facebook, qui touche tout le monde". Or pour être rentable, le nouveau réseau social devra susciter l'intérêt d'un maximum de citoyens.

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Commentaire 1
à écrit le 10/03/2014 à 17:54
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GOVFACES devrait effectuer un screening des candidats (au moins des têtes de liste) aux élections européennes - vu les nombreuses accusations de favoritisme et népotisme parues dans la presse.se JGG

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