Pourquoi Vente-privee investit dans la billetterie avec Weezevent

L'entreprise de Jacques-Antoine Granjon prend une participation dans la startup lauréate du prix Deloitte Fast50 avec une croissance de 43.202 % en cinq ans ! Secteur porteur, l’achat de billets en ligne intéresse aussi Vivendi et Fimalac (Webedia). L'Américain Eventbrite accélère aussi son internationalisation.
Delphine Cuny
Jacques-Antoine Granjon renforce son activité de divertissement en ajoutant un service de billetterie en ligne.

« Le Théâtre de Paris n'est pas une danseuse » affirmait Jacques-Antoine Granjon au moment du rachat. Deux ans plus tard, et après le rachat de la Michodière en avril dernier, le fondateur de Vente-privee prouve que le divertissement devient clairement une diversification sérieuse, en prenant une participation au capital de Weezevent: cette startup ayant conçu une solution de billetterie en ligne et d'inscription self-service, a été lauréate du prestigieux prix Fast50 au niveau national et du palmarès européen Technology Fast500de Deloitte en novembre dernier, avec un taux de croissance exceptionnel de son chiffre d'affaires de 43.202% en cinq ans !

« Cette entité vient compléter notre activité dans le secteur du divertissement en proposant aux exploitants de salles et aux producteurs d'événements de tout genre, un écosystème billetterie complet leur permettant d'organiser, de promouvoir et de distribuer leurs produits.» explique Thomas Kouck, le directeur général de vente-privee Entertainment, dans un communiqué.

Cette branche, qui inclut aussi la nouvelle activité de productions d'événements tels que la comédie musicale « Dirty Dancing » actuellement à l'affiche au Palais des sports, aurait dégagé un chiffre d'affaires de 70 millions d'euros, selon Les Echos (sur un total de 1,6 milliard d'euros de ventes consommateurs TTC pour le groupe en 2013, derniers chiffres publics).

Internationalisation avec Vente-privee

Le poids lourd de la vente événementielle devient le nouvel actionnaire de référence de Weezevent, remplaçant le fonds A Plus finance, auprès duquel la startup avait levé un million d'euros en 2012. La valorisation n'a pas été communiquée. Fondée en 2008, la jeune entreprise dijonnaise a "vendu" à ce jour plus de 11 millions de billets, d'inscriptions ou de cotisations pour des événements via son logiciel en ligne à la demande (Saas). Elle a aussi reçu le Grand Prix de l'Innovation de la Mairie de Paris. Ce portail BtoB, qui travaille avec 40.000 organisateurs d'événements, se rémunère sur chaque billet vendu en prenant une commission peu élevée, de 2,5% TTC du prix du ticket (0,99 euro minimum), frais bancaires compris.

« Avec vente-privee, nous choisissons un partenaire qui garantit à Weezevent, la pérennité de son ADN et qui permettra de poursuivre nos objectifs : offrir le système de billetterie le plus innovant au meilleur prix et se développer à l'international, tout en participant à un projet global ambitieux » expliquent Pierre-Henri Deballon et Sébastien Tonglet, les co-fondateurs de Weezevent.

La startup, qui indique avoir été « sollicitée par une dizaine d'acteurs » dans un billet de blog, restera indépendante et s'engage à ne pas utiliser les bases de données des organisateurs. Elle compte doubler ses effectifs cette année (20 personnes actuellement) et ouvrir des bureaux à l'étranger, après celui de Montréal. Elle pourra s'appuyer sur Vente-privee qui emploie 2.100 dans huit pays européens et compte 23 millions de membres en Europe, après une tentative infructueuse aux Etats-Unis.

Vivendi, Lagardère et Fimalac dans l'e-ticket aussi

La billetterie en ligne a bousculé les acteurs traditionnels de la vente de ticket et intéresse de nombreux acteurs français du divertissement dans une optique d'intégration verticale. Vivendi réalise plus de 45 millions d'euros dans la vente en ligne de tickets au grand public avec sa filiale Digitick, pionnière de l'e-ticket et du m-ticket, rachetée en 2010, et SeeTickets au Royaume-Uni. En janvier 2013, Lagardère avait acquis Billetreduc pour une douzaine de millions d'euros. De son côté, Fimalac, la société de Marc Ladreit de Lacharrière qui a racheté Webedia (PurePeople, Allociné, Jeuxvideo.com), exploite des salles et produit des spectacles (Gilbert Coullier, Auguri), a pris 50% du capital de Kyro, filiale de France Billet (groupe Fnac), qui a racheté Datasport, spécialiste de la billetterie sportive.

En décembre 2012, l'Autorité de la concurrence avait sanctionné pour entente la Fnac, France Billet et Ticketnet (LiveNation) à une amende totale de 9,3 millions d'euros pour avoir « accordé leurs violons » par mails en 2007-2008 sur le montant des commissions de certains concerts, comme ceux de Shakira, Beyoncé, Michel Polnareff, ou Christophe Maé. Le gendarme de la concurrence avait condamné leur stratégie d'éviction visant à empêcher l'arrivée d'un nouvel entrant, en l'occurrence Digitick.

Eventbrite valorisée 1 milliard de dollars

Un autre français se fait remarquer dans ce secteur en plein essor de la billetterie en ligne, Renaud Visage, le cofondateur et directeur technique de la startup américaine Eventbrite qui est entrée dans le club des jeunes pousses à fort potentiel valorisées plus de 1 milliard de dollars lors de sa levée de fonds de 60 millions de dollars en mars dernier. Son modèle est proche de celui de Weezevent : Eventbrite, qui revendique plus de 1 milliard de tickets vendus, prend une commission fixe de 0,75 euro et 2,5% du prix de chaque billet payant. Un concurrent sérieux pour Weezevent dans son internationalisation.

Delphine Cuny

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