Logistique : le digital réorganise les flux

De quoi DEMAIN sera-t-il fait ? Bpifrance s'est lancé le défi de mener une réflexion sur les sujets d'innovation qui révolutionneront notre quotidien dans les années à venir, du point de vue de notre transport, notre alimentation, notre santé, notre façon de commercer et de travailler. Pour cela, Bpifrance anime une démarche collective en mode projet, pilotée par les collaborateurs Bpifrance et associant les acteurs des écosystèmes concernés. L’un des sujets stratégiques récemment traité est la logistique et les flux du futur, une mutation due à la digitalisation qui a permis l’essor du ecommerce et engendré de nouveaux défis RSE. L’Aslog explique comment les entreprises du secteur s’adaptent à cette nouvelle donne.
(Crédits : DR)

Depuis quelques années, le digital se trouve au cœur des transformations de la Supply Chain. C'est pourquoi l'Aslog, association qui fédère plus de 400 entreprises du secteur, a consacré un de ses cinq Labs au digital et à ses répercussions sur les professionnels de la chaîne logistique. La vague de la vente « direct to consumer » illustré par les succès des géants du ecommerce comme Amazon ou CDiscount affecte toutes les entreprises, petites et grandes. En 2017, les Français ont généré 80 milliards d'Euros de ventes sur internet. En 24 heures, le Chinois Alibaba a vendu pour 25 milliards de produits ! Une illustration du tsunami du ecommerce mondial.

Si on en croit l'étude de l'Aslog de mai dernier intitulée « Panorama de la digitalisation 2019/2020 » qui s'inscrit dans le cadre de son accompagnement proposé aux PME/ETI, les entreprises interrogées, qui représentent 1 million de salariés et 100 Md€ de chiffre d'affaires, sont conscientes de cette évolution mais loin d'être prêtes : si 90 % explorent ou mettent en place une stratégie « direct to customer », seules 2 % s'estiment transformées et digitalisées. Pourtant, plus de 60 % se disent impactées par cette révolution digitale. Parmi celles-ci, 40 % ont déjà adopté une approche omnicanal (utilisation de tous les canaux de distribution en même temps) plutôt que multicanale (ajouter un canal l'un après l'autre, par exemple la vente en ligne en parallèle des magasins physiques). Le choix de l'omnicanal permet d'optimiser la supply chain et donc d'améliorer l'expérience client, mais c'est aussi le plus compliqué à mettre en œuvre. « La transformation des flux logistique est soumise à deux tendances : le ecommerce et les enjeux RSE. Les outils digitaux ont soutenu le développement du ecommerce, mais ils permettent aussi aux entreprises de s'adapter à ces deux grands défis » explique William Zanotti, CEO de DigiLence et administrateur de l'Aslog.

Parmi les 15 thématiques étudiées, le chantier prioritaire, c'est la data. Ingrédient de base, cette donnée doit circuler entre les partenaires de la chaîne (fournisseurs, transporteurs, entreposeurs, clients). Vient ensuite le End2end planning (synchronisation des flux), la traçabilité de ces données, le RPA (Robotic Process Automation, des programmes qui effectuent les tâches répétitives à la place des opérateurs) et la gestion de la relation client.

IA, API et blockchain

Qui dit data dit IA (intelligence artificielle). Un ensemble de techniques qui commence juste à gagner cet univers de la logistique avec 12 % des entreprises qui déclarent posséder des capacités d'IA opérationnelles. « Le domaine de prédilection de l'IA, c'est l'anticipation des flux. Mais il faut posséder de la data fiable, qu'elle soit interne ou issue d'autres sources » précise William Zanotti. Les API (interfaces de programmation), qui facilitent les échanges de données avec les fournisseurs, séduisent 46 % des sociétés qui ont répondu à l'étude de l'Aslog, et près de la moitié des répondants réfléchissent à un projet blockchain (système de certification décentralisé).

L'autre grand sujet du développement du e-commerce, ce sont les enjeux RSE. « Quand vous faites du direct to customer, le bilan carbone est mauvais, surtout pour les livraisons en urgence » alerte le CEO de DigiLence. La préoccupation est double : environnementale, mais aussi sociétale. Le consommateur veut désormais savoir quelle est l'origine des produits, des matières premières, quel bilan carbone est dû au transport, etc. Une problématique traitée par le projet Evolue (Engagement VOlontaire pour une Logistique Urbaine Efficiente) de l'Aslog car « la ville n'est pas organisée pour cette explosion du ecommerce » rappelle William Zanotti.

L'intralogistique (management du flux physique des produits et des flux d'information dans un centre de distribution, un entrepôt ou un centre d'expédition) se transforme elle aussi. Ce qui change la donne pour les entreprises qui doivent s'appuyer sur des intermédiaires capables de gérer ces flux en augmentation croissante. La digitalisation de la supply chain n'est plus une option, et elle peut devenir une opportunité : plus de la moitié des entreprises interrogées par l'Aslog estiment qu'elle va leur permettre de développer de nouveaux business et d'attirer de nouveaux clients, et 71 % qu'elle sera un élément clé pour conquérir de nouveaux marchés. Une évolution mise en lumière par l'Aslog et William Zanotti lors du dernier événement Bpifrance Inno Génération : « il existe 16 000 PME ETI du secteur que nous évangélisons sur ce sujet du digital. Dans un monde VUCA (Volatility, Uncertainty, Complexity and Ambiguity), elles sont un peu perdues face à la transformation de leur univers et l'abondance des technologies » conclut l'administrateur de l'Aslog chargé des PME/ETI, dont la commission travaille actuellement sur un autodiagnostic en 20 questions pour ces petites et moyennes entreprises.

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