Aigle, symbole de la liberté d'agir

La société qui fabrique les fameuses bottes labellisées « Origine France Garantie », s'appuie sur des engagements forts : le Made in France, d'abord, mais aussi l'innovation. Associés à un pragmatisme serein, ces atouts lui ont permis d'entrer dans l'imaginaire de chacun - et de durer.
Sandrine Conseiller, CEO d'Aigle.
Sandrine Conseiller, CEO d'Aigle. (Crédits : DR)

En prenant ses fonctions de CEO, en juin dernier, Sandrine Conseiller s'est penchée sur l'histoire d'Aigle. Une aventure qui remonte à 1853, lorsque l'américain Hiram Hutchinson lance, en France, près de Montargis, la fabrication de produits issus de la vulcanisation du caoutchouc. Les socques, pour marcher partout, même dans la boue, étaient nées. Elles ont ensuite cédé la place aux fameuses bottes de pluie de notre enfance, aux bottes de chasse, aux bottes de ville. « Cette tradition, faite d'innovation, à partir d'une matière première naturelle, l'hévéas, et de mobilité, est toujours au cœur de notre marque », souligne la nouvelle patronne d'Aigle. Autant d'éléments qui concourent au succès de ses produits. Cette année, la société affichera un chiffre d'affaires de 230 millions d'euros. Elle a produit 600 000 bottes l'an dernier dans son usine d'Ingrandes, près de Châtellerault, compte actuellement 1 450 salariés et est présente, à travers 340 points de vente, dans une vingtaine de pays, en particulier en Asie.

Mais si innovation et mobilité sont effectivement dans l'air du temps, sans oublier l'imaginaire - les bottes en caoutchouc de notre enfance et, avec elles, le plaisir de sauter à pieds joints dans une flaque d'eau, ne sont-elles pas, comme pour Marcel Proust, nos « petites madeleines » ? - le fonctionnel allié à l'émotionnel ne sont pas les seules clés de la réussite de l'entreprise. Elle a d'autres secrets.

Une start-up de 166 ans

A commencer par sa culture. « J'ai coutume de dire que nous sommes une start-up qui a 166 ans », s'amuse Sandrine Conseiller. De fait, la marque a toujours su se réinventer. Elle a élargi sa gamme de produits, en introduisant cirés de pluie, parkas et bottes fourrées. Elle a collaboré avec des créatrices, comme Mathilde Cabanas, des designers de mode, comme Agnès b ou Paul et Joe, d'autres entreprises, comme Swarovski et le Slip Français. Signe de la force de la marque, « beaucoup d'artistes et de créateurs sont attirés par nos produits et ont envie de se les 'approprier' », relève la CEO. Cette ouverture sur les modes et les modes de vie contemporains, à la fois urbains et 'nature', se double d'une volonté farouche d'évoluer et d'un goût inné pour le pragmatisme. Ainsi, « nous avions des difficultés à mettre en place la traçabilité des commandes, alors nous sommes allés chercher à l'extérieur une start-up qui pouvait nous aider », poursuit la pédégère. Ce sera Ikkoé, une jeune pousse qui offre une solution basée sur l'intelligence artificielle pour personnaliser les produits (marquage, décoration...). Intuition et agilité sont donc au programme.

Le Made in France, un acte militant

Autre secret, et autre engagement fort, celui de privilégier le Made in France. D'ailleurs, la marque a obtenu, en 2016, le label « Origine France garantie ». Bien sûr, les pains d'hévéas - « une matière vivante et très sensible », précise Sandrine Conseiller - viennent forcément d'Asie (ce que permet le label), mais tous le reste - les mélanges, puis la vulcanisation et jusqu'aux revêtements intérieurs en textile d'une botte sont réalisés en France, par les quelque 700 salariés de l'usine d'Ingrandes. « C'est un acte militant de notre part, ajoute la dirigeante, qui n'est pas neutre au point de vue économique, mais qui correspond, d'une part, à une volonté des collaborateurs et de la direction, et de l'autre, à un alignement sur nos valeurs, telles que l'ancrage territorial et la fierté de faire rayonner le savoir-faire français ».

De quoi, également, attirer les talents. Des jeunes soucieux d'écologie - et la récolte d'hévéas, faite selon un code de conduite appliqué aux fournisseurs, ne tue pas les arbres. D'économie circulaire - et Aigle travaille aussi avec des polyesters recyclés pour la doublure de ses bottes. D'aventure internationale - et Aigle, avec ses implantations en Europe et en Asie, peut offrir de belles opportunités. Et enfin, d'innovation. A cet égard, la marque travaille, et ce sera le dernier secret, sur de nouvelles matières textiles à base de caoutchouc et de nouvelles techniques. Craignant la copie et la concurrence, Sandrine Conseiller n'en dira pas plus... Pas question, pour la marque qui a réussi à allier ville et nature, à marier fashionistas et chasseurs, de se laisser ravir sa place de leader sur le marché !

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