Interview de Manuel Flam, directeur général du Groupe SNI et président du directoire de Grand Paris Habitat

Dans le cadre du Forum économique du Grand Paris organisé par la Tribune et le Journal du Grand Paris le 4 juillet dernier, le groupe SNI est intervenu sur les grands projets d'aménagement au pied du Grand Paris Express. Entretien avec Manuel Flam, directeur général du groupe SNI et président du directoire de Grand Paris Habitat.

Succinctement, pouvez-vous rappeler ce que fait le groupe SNI et expliquer son rôle au sein du Grand Paris ? Structure Grand Paris Habitat ?

Filiale immobilière d'intérêt général de la Caisse des Dépôts, le groupe SNI est le premier bailleur de France avec près de 346 000 logements gérés - dont 188 000 logements sociaux - sur l'ensemble du territoire. Au total, plus d'un million de personnes sont logées par le Groupe. Nous intervenons aujourd'hui sur l'ensemble de l'offre de logements : très sociaux, sociaux, intermédiaires et libres, foyers et résidences pour jeunes travailleurs ou étudiants, accession à la propriété...

Sur le seul territoire du Grand Paris, le groupe SNI détient un patrimoine cumulé de 160 000 logements, avec l'objectif de construire 35 000 logements sociaux et intermédiaires à l'horizon 2020.

Quel est le statut de Grand Paris Habitat au sein de la SNI ?

Le groupe SNI a créé Grand Paris Habitat en janvier 2015 pour répondre aux enjeux d'un territoire stratégique.  C'est un Groupement d'Intérêt Economique (GIE) de moyens, qui rassemble les compétences de développement, de maîtrise d'ouvrage et de renouvellement urbain du groupe SNI sur le territoire francilien. Plus d'une centaine de collaborateurs travaillent aujourd'hui au sein de GPH. Il incarne le bras armé du groupe SNI sur le territoire du Grand Paris. Compte tenu de ses objectifs de production, il a vocation à devenir l'acteur de référence du Grand Paris du logement.

Quelle est la situation structurelle, demande/offre de logements sur la capitale ?

La demande de logement sur le territoire du Grand Paris est bien plus importante que l'offre. A titre d'exemple, il y a encore plus de 640 000 demandes de logement social en Ile-de-France pour seulement 82 418 attributions par an, soit un logement attribué pour huit demandes. Ce fort déséquilibre entre l'offre et la demande justifie l'augmentation massive de la production de logements sociaux et intermédiaires sur le territoire du Grand Paris : c'est tout l'ambition du groupe SNI.

Comment le réseau du Grand Paris Express va-t-il impacter la SNI et en quoi est-ce une opportunité pour les bailleurs ?

Le Grand Paris Express joue clairement le rôle d'un catalyseur pour les marchés de périphérie. Il rend attractifs des sites qui restaient à la marge et qui prennent, avec le développement des nouveaux transports et des grands projets urbains, une couleur nouvelle. Il faut espérer que cela joue aussi en faveur d'une meilleure répartition de l'offre de logements, notamment du logement social, aujourd'hui très inégalement réparti sur le territoire francilien. Dans ce contexte, en tant qu'investisseur immobilier institutionnel, nous allons nous positionner pour acheter du foncier ou directement des logements dans ces territoires qui deviennent porteurs grâce à l'arrivée des nouvelles infrastructures de transport. Je pense en particulier au nord-est parisien, par exemple tout l'Arc de l'innovation qui va être radicalement transformé à l'arrivée du métro automatique.

Pouvez-vous rappeler le nombre de gares construites dans le cadre du GP ?

Soixante-huit nouvelles gares seront construites dans le cadre du Grand Paris Express. Cela représente environ 5000 logements à construire aux abords immédiats des gares c'est-à-dire dans un périmètre de 50 mètres, et l'on estime entre 250 000 et 400 000 le nombre de logements neufs qui seront construits dans un rayon de 800 mètres autour de ces gares à l'horizon 2040.

Quels investissements cela représentera ?

Pour le groupe SNI, à  l'horizon 2020, cela représentera déjà  5 milliards d'euros d'investissement pour construire 35 000 logements sociaux et intermédiaires.

Quelle sera la part de logements étudiants et pour jeunes travailleurs ? Et en quoi est-ce un enjeu ?

Avec 2 millions de jeunes (18-29 ans) et 600 000 étudiants, le Grand Paris est l'une des métropoles les plus jeunes d'Europe (devant Londres qui a 1,5 millions de jeunes) et la 3ème métropole la plus attractive du monde pour les étudiants.

Pourtant les jeunes ont du mal à se loger. A titre d'exemple, l'offre de logements en résidence étudiantes représente en moyenne 12 places pour 100 étudiants (moins de 8 places pour ce qui concerne l'offre sociale). C'est pourquoi nous avons créé, au sein du groupe SNI, une marque dédiée au développement et à la gestion de résidences étudiantes : STUDEFI.

Nous essayons par ailleurs de construire au maximum des foyers de jeunes travailleurs, comme par exemple à Bondy, de manière à accueillir les jeunes actifs qui n'arrivent pas à se loger.

Quels engagements avez-vous pris dans le cadre de la convention passée avec la Société du Grand Paris ?

Nous nous sommes engagés à reloger dans notre patrimoine toutes les personnes qui sont déplacées dans le cadre de la construction du Grand Paris Express. En contrepartie de quoi la Société du Grand Paris nous offre ce que l'on pourrait appeler un « droit de premier regard » sur les fonciers des sites de gares du Grand Paris.

Nous avons également passé d'autres partenariats, comme par exemple avec l'AP-HP pour exploiter les délaissés hospitaliers rendus disponibles dans le cadre de la restructuration de la carte hospitalière ou encore avec  la préfecture d'Ile-de-France pour disposer d'agréments et des subventions associées dans les plus brefs délais.

L'élection de 2017 et la perspective parfois évoquée d'une annulation du projet de Grand Paris vous inquiète-t-elle ?

Absolument pas. Le Grand Paris est un projet d'envergure nationale qui va marquer la première moitié du XXIème siècle. Voulu et impulsé par le Président Sarkozy, il a été pérennisé dès juin 2012 par le président de la République François Hollande et par son Premier ministre de l'époque Jean-Marc Ayrault, et encore approfondi par l'actuel Premier ministre Manuel Valls. Aujourd'hui, le Grand Paris est un projet politique qui fait l'objet d'un consensus républicain et qui dépassera donc les éventuelles alternances.

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